En Afrique, tous les problèmes et toutes les crises (élections truquées, modifications des constitutions pour un 3 ème mandat, tueries et destructions massives à relents communautaires, vieillesse et maintien durable au pouvoir,…), tous ces problèmes ne sont courants qu’en Afrique noire francophone : Gabon, Congo Brazzaville, Centrafrique, Togo, Guinée, Madagascar, Côte d’Ivoire, RD Congo, Burkina Faso, Tchad,…
Dans les pays lusophones, à l’exception de la Guinée Bissau qui est entourée de pays francophones, les élections se passent globalement dans le calme et dans la civilité.
Le Cap Vert est d’ailleurs le meilleur exemple de réussite démocratique en Afrique de l’ouest et un des meilleurs du continent. Ces pays lusophones sont tous effectivement sortis du carcan néocolonial. Jamais le Portugal (ancien colonisateur) ne s’immisce dans le processus électoral par un soutien à une des parties. C’est le même constat dans les pays anglophones.
Sur le continent, les principaux îlots de réussite démocratique sont les pays anglophones comme le Botswana, la Namibie, l’île Maurice, la Tanzanie, le Malawi, la Zambie, le Ghana et l’Afrique du Sud : presque pas de coups d’État, pas de violences tribales, pas de destructions massives d’édifices publis et privés.
Jamais l’Angleterre ne fait immixtion dans le processus électoral de ces pays : ni directement ni par l’entremise de ses firmes. Dans ces pays, jamais les présidents au pouvoir et les principaux opposants ne prennent le chemin de Londres ou de Lisbonne pour être dans la grâce de l’ancien colonisateur. JAMAIS !
Par contre, en Afrique noire francophone, chaque Chef d’État et chaque grand opposant a son homme dans l’administration et dans la classe politique française. Chacun va y chercher soutien et protection !
Depuis les indépendances, la route de Paris est pour nos dirigeants et nos politiques, comme la route du marigot au village. À des moments donnés, il y a même eu des embouteillages des Chefs d’État africains à l’Elysée.
À l’exception de Sékou Touré, de Sylvanus Olympio, de Mathieu Kérékou, de Lansana Conté et de quelques rares, tous ceux qui ont dirigé dans les anciennes colonies françaises de l’Afrique noire ont eu des pistons à Paris.
Tous ceux qui sont actuellement au pouvoir doivent leurs fauteuils en partie, soit directement au gouvernement français, soit par l’entremise de certaines personnalités influentes, soit par le soutien total de grandes entreprises françaises comme ELF, TOTAL, BOLLORÉ,…
Voilà pourquoi l’Afrique noire francophone a du mal à réussir là où les autres Africains réussissent dans la convivialité et avec élégance.
La deuxième raison de l’échec de la démocratie en Afrique noire francophone, est le fait (pour les dirigeants et les intellectuels africains) de vouloir toujours copier bêtement les modèles français et d’attendre de la France, la solution à nos problèmes.
La plupart de nos textes fondamentaux de loi sont les copies des textes français, sans tenir compte de leur applicabilité sur les réalités de nos pays. Quelques exemples :
* L’organisation des élections présidentielles en cas de vacances de pouvoir dans un délai de 40 jours, de 3 mois ou dans le meilleur des cas, de 6 mois.
Aucun de nos pays n’est capable de le faire au bout de ce délai ! Les limites budgétaires et les contraintes d’organisation ne le permettent guère. Malgré tout, on le met dans nos textes par imitation de l’autre. C’est vraiment bête !
* La durée du mandat présidentiel
Lorsque la France institue la durée de 7 ans, renouvelable une fois, des législateurs africains se conforment à cette durée. Lorsqu’en France, le débat politique oblige à ramener cette durée à 5 ans, renouvelable une fois, des législateurs africains votent des Lois pour encore ramener à 5 ans. C’est cette idiotie qui nous suit.
Nous imitons aveuglément un pays qui a fini de mettre les fondamentaux matériels et immatériels du développement. Ce pays est à la phase de régulation perpétuelle de la vie par des réformes. Il a fini de construire et de faire ce qui manque en Afrique : les infrastructures routières, agricoles, de transport, les grands hôpitaux et les écoles, la maîtrise de la technologie,… Alors que l’Afrique noire est à peine au début de la réalisation des fondamentaux matériels de son développement : manque souvent cruel d’infrastructures de base, d’équipements, de formation, de l’unité de la nation,… Lorsque vous êtes à cette phase, ne copiez pas celui qui est votre devancier d’un mode de production, au moins.
L’Afrique est en retard, au moins, d’un mode de production par rapport aux nations développées qu’elle imite naïvement. Nous devons nous inspirer de leurs parcours et de leurs expertises pour tracer notre parcours et bâtir un modèle compatible à nos réalités. Pas faire du « copier-coller ».
L’institutionnalisation des postes et des procédures copiés sur le modèle français ou conseillés par ses experts sont une autre forme d’aliénation à laquelle s’accommodent nos élites :
* Médiateur de la République ;
* Chef de file de l’opposition ;
* Parrainage des candidatures par des signatures…
Des postes aussi inutiles que budgétivores !
Le troisième mandat, discrètement cautionné au Congo Brazzaville avec Sassou N’guess, au Burkina Faso avec Blaise Compaoré, au Togo avec la famille Eyadema, au Tchad avec Idris Deby, au Gabon avec la famille Bongo et même en Guinée avec Lansana Conté (malgré la désapprobation affichée de la communauté internationale), ces pratiques ont déjà fait tâche d’huile.
Est-ce qu’on parle de troisième mandat chez nos voisins anglophones et lusophones ?
Toutes les imbécilités de la réflexion politique sont en Afrique francophone, avec leurs cortèges de tueries, de destructions et de fissures sociales. Nous sommes la risée du continent. Les cas de la Guinée et de la côte d’Ivoire sont la suite des cas précédents dont certains ont été initiés par la France (d’après Idriss Deby ITNO, le Maréchal fraîchement autoproclamé du Tchad).
Comme vous voyez, en matière de démocratie, toute la honte de l’Afrique se situe surtout dans les anciennes colonies françaises au sud du Sahara.
Que faire ?
1) Briser la Françafrique monétaire, parrainée par Ouattara et consorts.
2) Briser la Françafrique politique avec le démantèlement des bases militaires françaises. (L’Angleterre et le Portugal ont-ils des bases militaires dans leurs anciennes colonies ?)
3) Impliquer les élites africaines (particulièrement les universitaires) toutes tendances linguistiques confondues, dans la réflexion sur un modèle de démocratie compatible aux réalités d’une Afrique qui se veut moderne et émergente.
L’Afrique ne peut pas former des millions de cadres pour continuer à copier durant toute leur existence. L’Union Africaine devra s’y employer à l’échelle du continent ou à l’échelle des organisations sous régionales.
La durée du mandat présidentiel au-delà de 5 ans et la limite d’âge à 65 ans par exemple, pourraient aider à limiter les dommages dans nos pays et à rajeunir la fonction de Président de la République. La moyenne d’âge des Chefs d’État est plus élevée en Afrique que sur les autres continents. Les chefs d’État africains les plus âgés sont parmi les francophones.
La démocratie ne fait que tuer et détruire dans cette Afrique francophone.
Pour la paix, la concorde et le développement, nous devons changer le modèle qui nous est imposé et voir autrement.
Que DIEU aide l’Afrique en changeant la mentalité de ses dirigeants et de ses élites.
Ibrahima Jair KEITA pour JMI
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