Pierre Alhassane Onipogui, Consultant libre juriste de formation, a accordé, une interview exclusive à notre rédaction, cette semaine, au cours de laquelle, il s’est largement exprimé face à la situation socio-politique du pays et par rapport à une éventuelle modification de la constitution, qui pourrait aboutir à un referendum.

Justinmorel.info : Quelle est votre analyse sur la situation socio-politique ?

Pierre Alhassane Onipogui : L’analyse de la situation socio-politique de la Guinée est très complexe?
Premièrement, nous sommes partis d’une crise sociale déclenchée par le syndicat de l’enseignement qui, jusqu’à nos jours ne semble pas être résolue dans sa
globalité. Le pire serait que les prémisses de la crise politique soient alimentées par la crise sociale dont la résolution n’est pas encore effective.

Deuxièment, la situation économique semble s’améliorer, car les agrégats en font foi (la croissance, la maitrise de l’inflation, la productivité du secteur minier et agricole…); mais aussi, les investissements dans les infrastructures sociales renforcent la dynamique de notre jeune économie. Par contre, la répartition de la richesse bien qu’orientée vers les maillons nationaux et internationaux (filets sociaux productifs, programmes d’appui aux collectivités villageoises, les
MUFFA…..), n’arrive pas à couvrir la majeure partie de la population, le tout couronné par un chômage structurel.

Justinmorel.info : Quel est votre avis par rapport à une éventuelle modification de la constitution qui va aboutir à un référendum?

Pierre Alhassane Onipogui : C’est une question pertinente dont les réponses résident dans nos textes législatifs, mais également en dehors des textes législatifs car, vous n’êtes pas sans savoir qu’une République, ce ne sont pas que des
devoirs, il y’a également des droits. L’Etat a le devoir d’agir et de respecter le cadre constitutionnel établi, mais également peut avoir le droit d’opérer des « corrections »
constitutionnelles, si une brèche de la constitution le lui permet.

Par exemple :l’article 1 de la constitution stipule que le principe de la
souveraineté de l’Etat est : GOUVERNEMENT DU PEUPLE, PAR LE PEUPLE ET POUR LE PEUPLE. Donc, toute modification de la constitution dépendra du peuple.

Le noyau dur qui polarise le débat sur le 3e mandat repose sur l’article 27 : »Le Président de la République est élu au suffrage universel direct. La durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois.  En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non ». Donc en se basant sur le principe de souveraineté de l’Etat, je pense que la réponse à l’article 27, peut surgir. Les dispositions de la constitution en ses articles 2, 51, 152 élucident
également la question soulevée.

Justinmorel.info : En somme, quel est votre regard critique sur l’échiquier guinéen ?

Pierre Alhassane Onipogui: L’échiquier politique de la Guinée depuis pratiquement 34 ans, a été pris en otage par des acteurs politiques qui, à ma lecture, ont déposé les jalons nécessaires pour une alternance. L’alternance dont il s’agit, doit être globale. Il faut l’émergence d’une nouvelle classe politique, avec des idées fortes et une vision plus large du processus de développement économique et social du pays,  pour permettre au pays à l’instar des autres nations d’émerger.

En tout état de cause, referendum, changement constitutionnel, 4e république, ne doivent plus être les préoccupations, mais plutôt le choix de la continuité ou le choix de l’alternance globale au profit d’une génération nouvelle, qui a accès aux nouvelles technologies de l’infirmation et la communication, qui a un sens plus large de la notion de la répartition de la richesse et qui s’inscrit dans une logique de montrer la résilience avec les habitudes qui ont plongé les finances publiques dans l’anarchie.

 

Propos recueillis par Oumar KEITA pour JMI

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