Sans vouloir être excessif, c’est une question qui mérite plus que jamais d’être posée en Guinée. Pour la simple raison que pour de simples manifestations, de simples journées villes mortes, des jeunes sont tués sur l’axe Leprince, dans la banlieue de Conakry. Il ne passe pas une semaine désormais, sans qu’un jeune ne tombe sous les balles de la police, de la gendarmerie ou d’autres…

Aucune enquête, aucune incarcération, aucun coupable, dossiers classés sans suite. Pire, la télévision d’État et les officiels disculpent à chaque fois les assassins qui vivent tranquillement avec leurs familles avec du sang sur les mains.

Les cas d’assassinat des deux jeunes la semaine dernière, lors des villes mortes de l’opposition républicaine et le cas du jeune tué ce mardi 23 octobre 2019, sont révélateurs, avec des similitudes troublantes : tous abattus de sang-froid alors qu’ils n’avaient rien à voir, d’après des témoignages recoupés, dans un quelconque mouvement de protestation. Ils ont tous été atteints par des balles avec volonté délibérée de tuer.

Impact de balles

Mamadou Samba Diallo, la victime de ce mardi, âgé de seulement 18 ans, plombier de profession revenait du boulot. Arrivé à Cosa, des policiers stationnés là, qui faisait face à quelques manifestants, ont ouvert le feu à bout portant en rafale, dans le but manifeste de tuer. La balle qui a atteint le jeune Samba au bassin l’a perforé. Il a rendu l’âme avant d’arriver à la clinique, où il avait été transporté.

Sur un taxi garé non loin de là, on peut apercevoir un impact de balle ayant perforé la vitre de la portière arrière du véhicule et qui n’aurait laissé aucune chance éventuellement à un quelconque occupant.

Le journaliste reporter d’image de l’Agence France Presse (AFP) qui s’est transporté sur place, dans le cadre de son boulot de reporter ne s’imaginait pas une seconde que la victime était son neveu!

Le feu est ouvert à volonté

L’essentiel des citoyens tués n’ont généralement rien à voir avec les mouvements politiques, et  cela se répète quasiment  toutes les semaines depuis que les manifs post communales ont débuté.

Le mode opératoire a changé de manière drastique, désormais les tueurs ne font plus de tirs de sommation dans le maintien d’ordre, le feu est ouvert à volonté et à bout portant de manière systématique.

Cela nous amène à nous interroger si cette façon de procéder au maintien d’ordre n’émanerait pas d’une directive qui provient de la hiérarchie, ou si ce sont des actes délibérés et isolés, qui sont l’œuvre de gendarmes ou policiers zélés et partisans acquis à la cause du pouvoir ?

Pour la paix dans ce pays, le ministère de la justice qui a été incapable de trouver un coupable aux auteurs de près d’une centaine d’assassinats et de plusieurs autres en forfaits en rapport avec des mouvements politiques, doit nous aider à comprendre cette situation inacceptable, où des gamins ou citoyens innocents sont tués dans nos rues comme des moutons de pâturage…

Les services de police et de gendarmerie ont régulièrement démenti d’être à l’origine de de ces crimes. Hier par exemple, le Contrôleur Général Boubacar Kassé, concernant le projectile qui a atteint la voitue du leader de l’opposition Cellou Diallo, a d’un revers de main, refuté toute accusation, en déclarant : »Les forces de sécurité condamnent et rejettent les accusations portées à leur endroit par voie de presse suite à la violence causée sur le véhicule du chef de file de l’opposition et demandent l’ouverture d’une enquête à cet effet.(…) Etant entendu en règle de droit que la preuve de l’accusation incombe à l’accusateur, les services de sécurité demandent impérativement à l’opposition républicaine l’ouverture d’une enquête indépendante de son choix et de faire procéder à l’expertise des faits ».

Qui alors donne l’ordre de tirer ou de tuer ?

Momo SOUMAH pour JMI

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