La maladie aura finalement eu raison de l’artiste « touche à tout » Kèmo Kouyaté. Vu les souffrances endurées, son décès le 19 juillet semble être, à mes yeux, une délivrance. On ne souhaite guère la mort à son prochain, mais dans certaines circonstances, elle soulage le malade soumis à d’insoutenables épreuves.
Le sort en a ainsi décidé, Kèmo Kouyaté s’en est donc allé ce mercredi 19 juillet, au royaume du silence. Musicien hors pair, pour qui, aucun instrument n’avait de secret, il émerveillait par son talent et sa dextérité.
C’est au sein de l’orchestre national Balla et ses Baladins que Kèmo Kouyaté s’est révélé au public, à la guitare medium aux côtés du virtuose Sékou Diabaté Docteur. Le titre Sara 70 est un best-seller, où l’on mesure le formidable doigté du regretté Kèmo.
Avec le développement technologique, qui a favorisé une notable mutation dans la production musicale, Kèmo Kouyaté s’est rapidement adapté à ces changements. En quête permanente de la maîtrise des instruments à cordes, il fut le tout premier Guinéen à jouer de la cithare. J’ai encore en mémoire son duo avec le grand chantre Salif Keïta, sur le petit écran de la télévision nationale, dans les années soixante-dix.
Guidé par cette propension à la perfection, Kèmo passe allègrement de la guitare à la kora ou à la cithare. Et poursuit son aventure musicale aux claviers. Avec ces instruments, il réalise des prouesses inimaginables. A lui seul, il anime toute une soirée en programmant et combinant plusieurs instruments sur son clavier, où est en fait intégré un ordinateur.
La dernière image que je retiens de lui est celle du mariage de François le fils de JMJ, le 16 février 2015 à Koloma. Avec son clavier, le défunt accompagnait la diva Aïcha Koné. Quel régal et quel spectacle. Mélomane à souhait, j’étais aux anges ce jour-là.
Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu le Tout-Puissant et Miséricordieux de m’avoir offert cette opportunité, puisque ce fut la toute dernière prestation de Kèmo Kouyaté en ma présence. Bien après, il tomba malade pour ne plus se relever.
Sa disparition laisse un grand vide dans le monde musical guinéen et africain. Kèmo Kouyaté de par son talent appartient à l’univers culturel africain et mondial. Il avai accompagné beaucoup d’artistes africains et internationaux.
Avec sa mort, se pose la problématique de la relève de nos instrumentistes. Qu’il s’agisse des cuivres comme Momo Wandel, Kèlètigui Traoré, ou des guitares comme Sékou Diabaté Docteur, ou des chanteurs comme Aboubacar Demba Camara, Diély Fodé et bien d’autres, aucune structure n’existe pour assurer un renouvellement sans heurt des générations.
A ce propos, il semble que le défunt souhaitait vivement créer une école de musique pour y transmettre son savoir. C’est donc un projet à reprendre pour honorer sa mémoire et immortaliser son œuvre.
Thierno Saïdou DIAKITE pour JMI
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