Il y a juste un an, au restaurant Mille Pattes de Kaloum, à la faveur d’une prestation de Maître Barry avec son groupe African Groove, j’avais organisé un concours pour demander à l’assistance que représentait la date du 24 mars 2020.
Après trente minutes d’attente, personne n’ayant trouvé la réponse, j’offris les deux cent mille francs à Maître Barry, qui n’est plus de ce monde. Il s’agissait tout simplement de dire que le musicien Manu Dibango avait été arraché à notre affection le 24 mars 2020 des suites de Covid.
Ce 24 mars 2023 marque donc l’an trois de la disparition de Manu Dibango, un monstre sacré de la world musique.
Camerounais d’origine, Parisien d’adoption, Manu Dibango a été l’un des premiers à réussir la fusion entre la musique traditionnelle africaine et le jazz. Sensible aux multiples sollicitations de la musique, il refusait les étiquettes qu’on lui accolait : celle de Noir américain en France, d’Européen en Afrique, et d’Africain aux Etats-Unis. Il se réclamait simplement de la «race des musiciens».
De père et de mère protestants, le jeune Manu Dibango a vécu dès son plus jeune âge entouré de chant et de musique: «Ma mère dirigeait la chorale des femmes et le pasteur nous commentait l’Ancien et le Nouveau Testament traduits en douala. C’est là que j’ai été touché par le virus magique de la musique», avait-il raconté dans Le Courrier de l’Unesco, en 1991.
En réponse au site christianisme aujourd’hui, qui l’interrogeait sur sa foi, Manu Dibango expliquait en 2013 : «J’ai baigné dans le milieu évangélique, mais je n’ai pas beaucoup le temps d’aller à l’Eglise. Je reconnais qu’il y a quelque chose de supérieur qui organise la vie au-dessus de nous. La foi permet de faire ce que l’on aime, elle motive et soulève les montagnes. J’aime ce que je fais, et c’est une chance inouïe ».
Arrivé à Marseille en 1949 alors qu’il était adolescent, fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2010, l’artiste camerounais était encore en pleine forme et en tournée en 2019 pour ses 60 ans de carrière. Au cours de sa longue et dense carrière, Manu Dibango a traîné sa haute silhouette et son large sourire reconnaissables entre mille sur les cinq continents.
Thierno Saidou DIAKITE pour JMI
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