Le samedi 16 avril marque le douzième anniversaire de la disparition tragique de Dr Ibrahima Fofana, secrétaire général de l’USTG, l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée, l’une des centrales syndicales du pays. Pour mémoire, Dr Ibrahima Fofana a trouvé la mort le 16 avril 2010 sur la route de Fria. Ironie du sort, le défunt en compagnie de deux leaders syndicaux se rendait à Fria pour rencontrer les travailleurs de l’usine, qui avaient maille à partir avec la direction générale. Malheureusement, à quelques kilomètres de la cité minière, la mort faucha deux syndicalistes (Dr Ibrahima Fofana et Magbè Bangoura), ainsi que deux journalistes de la RTG.
Douze ans après ce drame, les problèmes pour lesquels les syndicalistes se rendaient à Fria demeurent encore entiers, puisque en dépit de la réouverture de l’usine, l’activité syndicale n’est pratiquement plus de mise à Friguia Rusal.
La semaine anniversaire du décès de Dr Fofana nous donne l’opportunité d’évoquer le souvenir de ce syndicaliste hors pair. Sa vie durant, le défunt s’est investi sans compter pour la cause des travailleurs. Il suffit de suivre le fil de son impressionnante carrière syndicale pour s’en rendre compte.
C’est dans les années quatre-vingt qu’il fourbit ses armes à la section syndicale de la SGBG, Société Générale de Banques en Guinée en qualité de secrétaire général. Cette position lui donne l’opportunité d’être le porte-parole du premier comité syndical inter bancaire de négociation pour l’élaboration de la convention collective des professions bancaires et des assurances en Guinée. Une convention qui permit la reconnaissance des diplômes guinéens dans le secteur bancaire en 1993, à la suite d’une grève générale d’une dizaine de jours.
A force d’engagement pour la cause des travailleurs, Dr Fofana accède à la fonction de secrétaire général de la Fédération Syndicale Autonome des Banques et Assurances de Guinée, la FESABAG de 1991 à son décès. Sur cette lancée, il intègre le bureau confédéral de la CNTG, Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée.
A partir de 1993, Dr Fofana est élu secrétaire général de la nouvelle centrale syndicale, l’USTG, l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée, née le 16 décembre 1993. Cette haute fonction syndicale lui permet d’être coopté dans des organisations régionales africaines et internationales. Au moment de son décès, Dr Fofana était président du conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité sociale.
A la mort de Dr Ibrahima Fofana, certains confrères avaient titré que sa disparition allait créer un vide au sein du mouvement syndical guinéen. Aujourd’hui, avec le recul, l’histoire leur donne raison, puisque le défunt avait une forte personnalité et une disponibilité sans faille en faveur des travailleurs. Raison pour laquelle il a laissé une empreinte indélébile, difficile à effacer.
Il revient aujourd’hui aux syndicalistes qui ont pris la relève, de s’inspirer fortement de son exemple. Le défunt a toujours résisté à la tentation des honneurs et des privilèges pour défendre sans calcul la cause des travailleurs. A maintes reprises, il a refusé des postes ministériels pour maintenir sa position de leader syndical.
Aujourd’hui qu’il n’est plus de ce monde, la question est de savoir que reste-t-il concrètement de son héritage ? Aurait-il consacré sa vie en vain pour défendre la cause des travailleurs ? Son combat n’aura malheureusement pas fait des émules, puisque le mouvement syndical divisé sur des questions de leadership, n’arrive pas encore à dépasser ses antagonismes pour prendre à bras- le- corps les problèmes des travailleurs. Faute d’une unité d’action, la dizaine de centrales syndicales du pays est incapable d’obtenir l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs. C’est en rangs dispersés que ces centrales syndicales ont engagé ces derniers jours des négociations avec les nouvelles autorités du pays.
Pour ce qui concerne l’USTG, la centrale du défunt, ses successeurs ont réussi la prouesse de mettre sur pied deux centrales rivales, qui se livrent une guerre sans merci. A la grande satisfaction du pouvoir le seul gagnant de cette guéguerre de leadership.
Thierno Saidou DIAKITE pour JMI
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