Le jeudi 24 juin 2021 représente la première année de la commémoration
de l’anniversaire de la disparition de Mariam Camara, employée au
Sheraton Grand Conakry, décédée des suites de maladies le jeudi 24 juin 2020 à l’hôpital Donka.

L’occasion a été mise à profit par la Fédération de l’Hôtellerie, Tourisme, Restauration et Branches Connexes (FHTRC) avec le soutien moral de sa famille pour lui rendre hommage, à la maison de la presse à Kipé pour dénoncer encore l’abandon dont elle a été victime de la part de son employeur qui a contribué à sa mort et plus généralement les abus dont les employés du secteur de l’hôtellerie sont victimes de la part des hôteliers.

 » C’est avec une vive émotion que la secrétaire générale du F.H.T.R.C
a lu la déclaration de commémoration de l’an 1 de la disparition de
Mariama Camara  » nous sommes réunis ici aujourd’hui pour commémorer la vie d’une femme extraordinaire. Mariama Camara  a été une femme
dévouée de l’hôtel Sheraton Grand Conakry pendant 5 ans. Elle était
aimée de ses collègues. Elle était une travailleuse acharnée. Elle
avait une bonne âme. Elle était l’un des principaux soutiens de sa
famille et était fier de pouvoir subvenir à leurs besoins à
l’amélioration de leurs conditions de vie…..Mariam est restée forte
pour sa famille, nous n’aurions jamais imaginé qu’une femme aussi
jeune et énergique âgée seulement de 32 ans quitterais notre monde si
tôt. Sa maladie et sa mort étaient cependant évitables et c’est une
véritable tragédie… » s’est consterné Mme Doukouré Asmaou BAH.

Avant de dénoncer les circonstances de la disparition de Mariama
Camara  » après que Mariama soit tombée malade en avril 2020 nous avons
commencé à plaider pour que l’hôtel l’aide à payer ses soins de santé,
ils ont continuellement refusé alors que c’est leur obligation légale.
Le Sheraton reste le seul hôtel 5 étoiles de Conakry qui ne paye pas
les soins de santé de sa main d’oeuvres. Alors que nous commémorons la
disparition de Mariama Camara, nous ne devons pas oublier que les
injustices peuvent être et seront corrigées en son nom. C’est dans cet
esprit que nous célébrons cette commémoration…nous lançons un appel
à l’action à l’endroit des travailleurs de Conakry et dans tout le
pays, pour exiger en son nom, une société plus juste… » a interpellé
la secrétaire générale du F.H.T.R.C.

Amadou Diallo est ex- secrétaire général des employés de Sheraton
Grand, licencié avec d’autres collègues pour s’être impliqué auprès de
sa direction, au nom du syndicat, en faveur d’une prise en charge
médicale de la victime « Mariam Camara est tombée malade le 8 avril
2020 lors d’un briefing, nous l’avons pris pour l’envoyer à
l’imprimerie, on lui a donné trois jours de récupération. Elle est
partie à la maison après ces trois jours, espérant qu’elle allait
revenir. Malheureusement sa maladie s’est aggravée et on l’a
hospitalisé à l’hôpital Donka. Une fois que l’information est passée,
nous sommes allé à l’hôpital pour lui rendre visite, nous avons trouvé
que ça situation est très critique. Nous sommes revenus à l’hôtel,
immédiatement nous avons saisi la direction pour expliquer la
situation de notre collègue et la façon dont nous l’avons trouvé à
l’hôpital. Nous avons fait la plaidoirie pour que la compagnie prenne
notre camarade en charge. Ils ont promis que dans trois jours, nous
aurons des éléments de réponse, et nous étions impatients d’attendre
les trois jours. Au bout de cette attente, nous sommes revenus voir la
Direction. Ils nous ont dit toujours qu’ils ont l’espoir de
recontacter le propriétaire de l’hôtel, une fois que celui-ci va faire
un retour, ils vont immédiatement faire un appel et que la situation
les préoccupe aussi. Nous avons attendu pendant une semaine sans
réponse, et on ne pouvait plus attendre vue la situation de notre
collègue. Nous avons lancé en tant que syndicat une cotisation
interne, on a demandé à tous les employer de cotiser pour notre
camarade pour essayer de voir si on pouvait la sauver parce que nous
aussi, nous sommes des employés, on n’a pas de prise en charge, nous
n’avons pas d’autre moyens si ce n’est pas cette cotisation. Nous
avons cotisé à hauteur de 2 millions que nous avons envoyé à
l’hôpital, nous avons donné à son beau-frère pour payer la facture
médicale. Et toujours, nous étions à l’attente. Le 29 mai, on a reçu
la facture de Mariam Camara qui coutait 5.145.000 GNF. Ce montant
pouvait sauver notre camarade où elle était couché. La direction a
catégoriquement refusé de payer l’argent. Une grande compagnie
internationale comme Sheraton qui est gérée par une grande chaine
hôtelière du monde, Marriott Hotel. Nous avons exigé le lendemain
encore, la DRH nous dit devant le directeur général et certains
collègues syndicalistes que ce n’est pas Mariam Camara seule qui est
tombée maladie dans l’entreprise, et que si on prend Mariam en charge
les autres aussi vont exiger qu’on les prenne en charge à l’avenir. On
leur a dit de se référer à l’article 12 du code de travail qui oblige
l’employeur à prendre l’employé et sa famille en charge. À la fin elle
a découragé le directeur à ne pas s’impliquer dans la prise en charge
de Mariam.  Nous avons continué à suivre la situation de Mariam
jusqu’au 24 juin, on est parti à l’hôpital on a trouvé que notre
collègue est décédé » témoigne-t-il devant une assistance médusé et
consterné.

Pour conclure, la secrétaire générale du F.H.T.R.C, Mme Doukouré
Asmaou BAH a invité ses camarades syndicalistes et employés des
différents établissements hôteliers à poursuivre le combat tout en
restant professionnel « Nous dénonçons et nous luttons contre ces
actes pour ne pas que les autres travailleurs soient aussi victimes de
la même chose. C’est ce qui nous a mobilisés ici pour commémorer le
décès de Mariam Camara. Nous sommes en train de nous battre, depuis
deux ans. Nous sommes sur le terrain, nous avons envoyé des
correspondances partout où il faut. Nous travaillons avec les employés
qui sont à l’intérieur de l’hôtel. Ils nous ont aidé à faire des
pétitions, même avec des photos à visage découvert pour que la
direction sache que ce qu’ils ont fait n’est pas normal. Les
syndicalistes qui ont été licenciés l’ont été à tort, nous n’allons
pas baisser les bras en tant que syndicalistes, nous continuerons à
lutter pour que ces travailleurs victimes retrouvent leur travail »
a-t-elle rassuré.

Il faut noter que la secrétaire générale du syndicat des employés de
l’hôtel Noom, Mamadama Cissé était aux côtés de ses collègues pour les
soutenir dans leur combat commun.

 

Pivi BILIVOGUI pour JMI

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