Les mauvaises langues disent de l’événement: « le loup est enfin sorti du bois »! Cellou Dalein Diallo, le leader de l’Union des forces démocratique de Guinée, a été finalement désigné pour porter l’étendard du parti à la prochaine présidentielle du 18 octobre 2020.

Sous les applaudissements de militants chauffés à blanc par la ferveur politique, l’ancien Chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a accepté la sollicitation de la base, et décidé de s’engager dans ce combat électoral.

Il rassure tout d’abord les militants :  » J’ai entendu vos cris de cœur. Je mesure à sa juste valeur la gravité de la situation sociopolitique de notre cher pays. Je mesure également le poids de l’immense responsabilité qui pèse sur mes épaules en ces temps d’incertitudes, d’inquiétudes, voire même de solitude ».

Puis, comme pour solliciter plus de compréhension et de tolérance, il déclare: « J’ai été écrasé par un profond dilemme : celui d’aller à cette élection présidentielle ou pas. Alors, ces derniers jours, j’ai posé beaucoup de questions et j’ai beaucoup écouté. J’ai écouté parce que j’avais besoin d’entendre la lumière de la sagesse de chacun pour éclairer mon chemin. J’ai écouté parce que j’ai l’intime conviction que chacune de mes décisions doit être le fruit d’une concertation nourrie de contradictions, d’interrogations, d’oppositions, afin que chaque voix pèse de tout son poids dans la décision. » 

Aperçu de l’imageCellou Dalein Diallo explique que la décision n’est point sur un coup de tête, la décision de participer à la prochaine joute électorale, est tout à fait collective: « La décision prise en concertation avec mes proches collaborateurs d’engager l’UFDG dans cette compétition, repose sur les avis motivés de l’écrasante majorité de nos Fédérations de l’intérieur et de l’extérieur ainsi que du libre choix des membres du Bureau Exécutif National ».Le parti a décidé de participer à cette élection et m’a désigné pour le représenter….(…) Le parti a estimé qu’il était bon, en plus des manifestations pacifiques contre le troisième mandat d’Alpha Condé, de se battre aussi dans les urnes. […] Je suis candidat à l’élection présidentielle pour faire perdre Alpha Condé dans les urnes. Il a déjà perdu la confiance du peuple »

Mais quoiqu’il en soit, cette position de l’UFDG et de son leader ne fera point l’unanimité, tout simplement, par ce qu’elle entre en évidente contradiction avec les principes maint fois énoncés par les différents responsables du Front national pour la défense de la constitution/FNDC,notamment Sékou Koundouno et Ibrahima Diallo, prêts à chasser de ses rangs, tous ceux des politiques qui choisiront d’aller aux élections. C’est dire qu’au cours de la prochaine du FNDC, des exclusions seront systématiquement prononcées contre les Ousmane Kaba, Kabèlè et autres Cellou Dalein!

Sydia Touré, l’ancien allié, ne cache point sa déception, car il n’aurait été ni informé ni invité à la convention de ce parti frère. Il est enclin à penser qu’il y a un agenda propre à son ex-parttenaire : « Je pense qu’il doit avoir une raison qui lui est propre. L’essentiel, ce que j’ai entendu, c’est qu’il continuera la lutte pour qu’Alpha s’en aille. Mais le fait de participer est une scission avec le Front national, c’est évident. »

En ce qui concerne l’immense écrivain guinéen, prix Renaudot 2008, Tierno Monènembo, le romancier avait déjà écrit dans le Lynx, une chronique qui sonnait comme un avertissement:  » Pour atténuer la grosse déprime qui me gagne, je me dis que rien n’est joué pour l’instant, qu’à la dernière minute, une bonne âme ferait le geste qui sauve, quelqu’un de lucide, quelqu’un de raisonnable, ferait ce qu’il faut pour empêcher l’UFDG de plonger dans le vide. En tout cas, pour ma part, c’est clair : je me démarquerai aussitôt de toute force politique qui aurait la sottise d’aller à cette mascarade électorale digne de Sékou Touré et de Bokassa, de Mobutu et d’Amin Dada ».
Ce cri du coeur n’a point été entendu. Décidément, la raison politique a d’autres raisons que la Raison, elle-même, ignore…
Bah Oury, président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (URDG) est encore plus pertinent dans son argumentaire : ‘’Nous souhaitons être en conformité avec nos principes et valeurs pour que, quelles que soient les circonstances et les situations qui pourront survenir demain, qu’on puisse avoir la tête haute et qu’on ne nous mette pas dans le même sac que ceux ou celles qui, peut-être, par ambitions personnelles ou aveuglément, risquent de contribuer à mettre la Guinée dans une situation extrêmement périlleuse’’
Mais cette nouvelle option de l’UFDG fait plutôt le bonheur du camp d’en face, car la porte parole du RPG-AEC, Domani Doré qui se dit : « Heureuse que l’UFDG se rappelle la vocation d’un parti politique qui est celle de conquérir le pouvoir par les urnes et rompre avec les tentatives de coups d’États improductifs. Maintenant que des activistes se sentent trahis par cet acte, tout le monde savait que cette alliance incestueuse dans le mal n’irait pas loin ».
Beaucoup cependant dans l’opinion publique regrettent cette volte face de l’UFDG entérinée par son leader Cellou Dalein Diallo, qui jure avec leurs engagements passés dans la lutte pour la liberté et la démocratie; et surtout le sang versé par de jeunes innocents au cours de cet héroïque combat. Les explications données ne semblent point convaincre.
Momo SOUMAH pour JMI
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