La BAD demande aux établissements de crédit d’augmenter les prêts pour répondre aux besoins des MPME

La Banque africaine de développement (BAD) a appelé les aux marchés financiers à augmenter les prêts à taux abordable et procurer des outils financiers diversifiés et innovants aux micro, petites et moyennes entreprises africaines. C’était le 27 juin, à l’occasion de la Journée des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) décrétée par les Nations Unies.
Pour répondre aux besoins des MPME d’Afrique, les établissements de crédit devraient accroître leurs prêts de 135 milliards de dollars EU au moins.
Ce 27 juin, la BAD a souligné que ce sont les sociétés comptant moins de vingt employés et affichant moins de cinq années d’expérience qui procurent le plus d’emplois dans le secteur formel en Afrique.
Industrialiser l’Afrique est d’ailleurs l’une des Cinq grandes priorités (Top 5) que la Banque africaine de développement s’est assignées pour le développement du continent.
« La culture entrepreneuriale est dynamique, avec 80 % des Africains qui perçoivent l’entrepreneuriat comme une bonne perspective de carrière. Le continent a le plus fort pourcentage au monde d’adultes créant ou dirigeant une nouvelle entreprise, mais souvent dans des secteurs où la productivité reste faible. Les nouvelles stratégies d’industrialisation doivent s’efforcer de miser sur ce dynamisme et cibler les entreprises privées à croissance rapide qui ont le potentiel de créer des emplois de qualité », a déclaré Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement.
Selon l’ONU, les MPME représentent 90 % environ de l’activité économique mondiale et sont en première ligne pour adopter des technologies transformatrices et de nouveaux modèles économiques.
En 2016, la BAD a offert des services financiers à 156 000 particuliers propriétaires-exploitants et MPME par le biais d’intermédiaires financiers, répondant ainsi à une contrainte majeure en matière de création et de développement des entreprises. La BAD a également travaillé avec l’USAID, le Fonds d’assistance au secteur privé africain (qu’elle gère) et l’Organisation internationale du travail (OIT), afin de renforcer les capacités des petites et moyennes entreprises (PME) en Zambie et permettre aux institutions financières nationales de devenir plus efficaces en matière de prêts aux petites entreprises.
La Banque est également en train de procéder au lancement d’un certain nombre de nouveaux programmes conçus pour permettre à l’Afrique d’atteindre ses objectifs d’industrialisation.
Toujours en 2016, la Banque a procédé au lancement de « Fashionomics Africa » (« Économie de la mode »), une initiative qui a pour but d’accroître la participation de l’Afrique dans la chaîne d’approvisionnement de l’industrie textile mondiale. Fashionomics Africa entend notamment épauler le développement des MPME opérant dans l’industrie du textile-habillement et des accessoires de mode en Afrique, en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes et des jeunes.
Au du potentiel de l’Afrique à participer de plus en plus à ce secteur, la BAD redouble d’efforts pour encourager l’accès des entrepreneurs au financement, afin que ceux-ci puissent créer des startups et développer leurs entreprises.
Mais une approche politique globale est nécessaire pour renforcer l’entrepreneuriat en faveur de l’industrialisation de l’Afrique et pour répondre à la multitude de contraintes existantes.
La première priorité est d’améliorer les qualifications des entrepreneurs et des salariés en général et de les adapter aux besoins du marché de l’emploi. Si les gouvernements peuvent promouvoir l’enseignement, impliquer le secteur privé est impératif. Il s’agit ensuite d’opérer des regroupements d’entreprises dans des pôles d’activité, comme des complexes industriels et des zones économiques spéciales. Créer de tels de pôles de développement permet d’épauler les startups et de renforcer la productivité et la croissance des entreprises existantes, pour autant que des infrastructures adéquates soient disponibles.
Plusieurs pays africains doivent également renforcer les droits des femmes en matière de prise de décision concernant leur propre vie et leur entreprise, grâce à des services financiers adaptés, flexibles et peu coûteux, ainsi qu’à une formation à l’entrepreneuriat.
De nombreuses femmes entrepreneures trouvent les services financiers inaccessibles, en raison de taux d’intérêt élevés et de la rigidité des modalités de remboursement des emprunts, ainsi que le souligne la publication Perspectives économiques en Afrique 2017.
Les femmes entrepreneures sont confrontées à des contraintes supplémentaires qui les affectent davantage que les hommes. Souvent, elles subissent un harcèlement et une discrimination sur le marché du travail ainsi que de la part des gouvernements et des institutions financières. Pour exemple, en Ouganda, 28 % des femmes possèdent des terres, contre 53 % des hommes ; mais seulement 10 % des femmes propriétaires de terrains peuvent les utiliser comme garantie, contre 95 % des hommes.
En juillet 2016, les gouvernements africains ont avalisé la Stratégie d’industrialisation de l’Afrique 2016-2025 de la BAD, qui identifie la « compétitivité des talents, les capacités et l’esprit d’entreprise » comme éléments moteurs essentiels. Ce quatrième programme phare de la BAD met l’accent sur « la promotion et la stimulation du développement des entreprises », les PME en particulier.
Le Fonds africain de garantie pour les petites et moyennes entreprises est un bel exemple de viabilité financière d’un système de garantie du crédit. Il a été lancé en 2011 par la BAD, l’Agence danoise pour le développement international (Danida) et l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement. L’Agence française de développement (AFD) s’y est jointe plus récemment.
Fin 2015, l’équivalent de 230 millions de dollars EU en garanties avait été signé. Les banques commerciales ont accru ce montant, utilisant les 230 millions de dollars EU de garanties pour prêter 460 millions de dollars EU aux PME. Plus de 1 300 PME ont ainsi bénéficié du système de garantie du crédit, générant plus de 11 000 emplois. Le fonds exerce ses activités dans 35 pays d’Afrique, 54 % de la capacité de garantie du crédit étant utilisée en Afrique de l’Ouest et 22 % en Afrique de l’Est. Après trois années seulement d’activités, le fonds est devenu rentable et a atteint son seuil d’équilibre. Ses revenus ont quadruplé entre 2013 et 2015, passant de 2 milliards de dollars EU à 9,1 milliards.
L’initiative « Boost Africa » – fruit d’une collaboration entre la BAD, la Banque européenne d’investissement et la Commission européenne – devrait contribuer à la création et au développement de quelque 1 500 entreprises innovantes, créer 25 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects, et améliorer les pratiques environnementales, sociales et de gestion des PME africaines appartenant à des jeunes.
Doté d’un budget initial de 150 millions d’euros, « Boost Africa » est conçu pour offrir des capacités innovantes, supplémentaires et sur le long terme en Afrique ; pour offrir aux entreprises des services de conseil et aux jeunes entrepreneurs un transfert de compétences, afin de les aider à se développer de manière efficace et durable ; pour améliorer les savoirs, l’information et les réseaux en rapport avec le développement de l’entrepreneuriat et des PME en Afrique.
Les jeunes entrepreneurs sont épaulés en priorité dans les secteurs qui ont un impact sur le développement – santé, éducation, agriculture/agroalimentaire, industrie et atténuation du changement climatique.
Les MPME sont capitales pour atteindre les Objectifs de développement durable, s’agissant notamment de promotion de l’innovation, de la créativité et d’un emploi décent pour tous.
Mais de meilleures politiques sont nécessaires pour les aider à accroître leur productivité et leurs revenus, grâce aux programmes de microfinance et d’enseignement en Afrique.
Le continent doit également valider les compétences acquises dans le secteur non formel, grâce à un système de certification.

Emeka Anuforo, Chargé de communication – e.anuforo@afdb.org