Profitant de la cérémonie officielle du lancement du Mois de l’Enfant Guinéen, qui a connu une participation massive des populations de Fria, nous avons tendu notre micro à Madame Gnalén Condé, le préfet de Fria. Dans cette interview exclusive, elle fait le point des activités planifiées dans le cadre de cette célébration pour la ville dont elle assume la première responsabilité. Elle fait aussi appel à l’UNICEF pour aider la préfecture dans ses activités relatives à la petite enfance, tout en saluant les efforts accomplis dans la défense des Droits de l’Enfant.
Justin Morel : Vous êtes préfet de Fria, une ville qui a traversé et traverse encore des moments difficiles, mais depuis quelques jours, on dirait que l’espoir renaît…
Gnalén Condé : Fria a traversé des moments de crise, maintenant il y a une grande amélioration, car le gouvernement s’est beaucoup intéressé à la situation de la ville, raison pour laquelle nous avons beaucoup d’espoir aujourd’hui que les choses vont nous permettre de remonter avec enthousiasme.
JM : Surtout en ce qui concerne l’usine qui fait vivre la ville… ?
GC : La semaine dernière même nous étions en réunion avec le Ministre des Mines par rapport à l’état d’avancement des travaux . Ce qui est sûr, c’est qu’en 2018, l’usine va effectivement redémarrer. Actuellement, selon le suivi fait, les travaux seraient autour de 65%. Nous espérons qu’au mois d’avril 2018, la production d’alumine de Rusal va reprendre.
JM : Comment avez-vous pu et su faire en tant que préfet et femme pour que la situation se stabilise ?
GC : Grâce aux conseils de mon ministre le Général Bouréma Conde qui nous a instruits, d’être “des préfets de développement” et non “des préfets de commandement’’. Cette approche nous a permis d’être proche des populations, de comprendre leurs difficultés et de les remonter jusqu’au niveau du gouvernement, pour pouvoir trouver des approches de solutions aux actions critiques de nos préfectures. C’est ce que j’ai fait à Fria.
JM : Qu’est-ce qui, à votre avis, explique que cette année votre ville a été choisie pour le lancement du mois de l’Enfant Guinéen ?
GC : Il y a un engagement politique du gouvernement qui prouve que Fria fait partie des priorités du président de la république le professeur Alpha Conde. Il y a toute une série d’activités planifiées pour le mois de l’enfant Guinéen à Fria. À part le lancement que nous venons de vivre, il y a un programme élaboré par les députés juniors et qui sera exécuté dans les collectivités de Fria jusqu’au niveau de la préfecture.
JMI : Qu’en est-il a Fria sous votre autorité, en ce qui concerne les priorités de protection de la Guinée et de l’Unicef, par exemple les questions de lutte contre les mutilations génitales féminines ?
GC : Il faut renforcer les capacités des maires des communes rurales qui sont directement et surtout intéressés à la question des mutilations génitales féminines. Également, les députés juniors. Avec les radios de la place dont la Radio Rurale, la Voix de Fria, aussi la presse en ligne, la presse écrite, tout le monde est impliqué, intéressé, par rapport à la sensibilisation. Le niveau de conscientisation de la population sur les méfaits des mutilations génitales féminines, est appréciable au niveau de notre préfecture. Ce problématique fait partie des thèmes qui seront abordés durant tout le mois de l’enfant guinéen.
JMI : Au niveau des communautés, quelle stratégie vous allez adopter pour pouvoir attaquer frontalement cette question ?
GC : Notre approche, c’est de sensibiliser les maires, leur expliquer le sérieux du problème afin qu’ils comprennent et qu’ils adhèrent à cette lutte qui est aujourd’hui une priorité du gouvernement et de ses partenaires comme l’UNICEF qui soutient nos efforts dans ce domaine dont la sensibilité sociale est évidente et délicate. Mais nos approches portent petit à petits fruits.
JMI : Est-ce que la fermeture de l’usine a eu une incidence sur la pratique des mutilations génitales féminines à Fria, selon vos informations ?
GC : Vous savez les cérémonies de mutilations génitales féminines sont le plus souvent des cérémonies qui nécessitent des moyens financiers. Avec la fermeture de l’usine, les moyens de la population ayant diminué, conséquence positive, les mutilations ont comme automatiquement diminué. C’est pourquoi il faudra être plus vigilant à la reprise des activités de l’usine d’alumine. Ainsi, la fermeture de l’usine qui est une mauvaise chose a eu par ailleurs une conséquence positive. Avec toutes les sensibilisations au niveau de cette couche vulnérable qu’est la femme, il y a eu une conscientisation et les gens ont fini par comprendre le danger et les méfaits des mutilations génitales féminines et qu’il faut vraiment abandonner cette pratique. Nous allons suivre.
JM : Quels sont les trois thèmes prioritaires que vous allez développer durant ce Mois de l’enfant guinéen ?
GC : les mutilations génitales féminines, la scolarisation des enfants à l’âge préscolaire, la construction par l’État guinéen et les partenaires de bons espaces d’encadrement des petits enfants. Notre souhait est que notre doléance soit entendue par le gouvernement et les partenaires au développement, dans le cadre du respect de l’égalité de la protection et de l’éducation de la petite enfance. Nous avons fait ce plaidoyer pour la construction d’une école maternelle publique à Fria. Nous souhaitons sincèrement que l’UNICEF qui est une organisation très proche des populations, puisse nous aider. Certes, toutes les préfectures ont ce genre de problème, mais notre devoir est de nous battre pour Fria. Nous devons accompagner les populations dans l’encadrement de la petite enfance, dans la protection des enfants contre les mutilations génitales féminines, contre les mariages précoces, les mariages et tant d’autres maux de notre société.
Propos recueillis par Justin MOREL Junior