INTERVIEW EXCLUSIVE JMI

EBOLA EN RDC, ET EN GUINEE ?

Depuis une semaine que la maladie à virus Ebola a ressorti son nez en RDC, les Ouest Africains commencent à manifester une certaine anxiété contenue. Ayant connu en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, deux années durant (2015-2016), les affres de cette épidémie qui a emporté plus de 11.300 personnes, les commentaires fusent de partout en interrogations persistantes.

Pour en savoir plus, www.justinmorel.info a rencontré en toute exclusivité, un des grands spécialistes de la question, Dr Facinet Yattara, qui était sur le front de la lutte contre Ebola à Macenta, Boffa, Boké, Koropara, etc. Cet ancien fonctionnaire international de l’UNICEF, qui travaille en parfaite harmonie avec Dr Sakoba Keïta, comme Chef du département Surveillance intégrée des maladies et réponse à l’Agence nationale de sécurité sanitaire, sait de quoi il parle… Ecoutons-le.

JustinMorel.Info : Dr Yattara, les Guinéens s’inquiètent quand ils apprennent qu’Ebola est de retour en RDC. Qu’avez-vous à leur dire, pour les rassurer ?

Dr Facinet Yattara : Effectivement, Ebola est de retour en RDC et déjà, trois personnes sont décédées des suites de sa survenue. La maladie est apparue comme à son habitude au Congo, dans une zone enclavée au nord-est du pays. Précisément dans la province du Bas-Uélé. Souvenez-vous, dans ce pays sur la période de juillet à novembre 2014, Ebola avait fait 49 victimes. Cette fois, l’OMS confirme trois morts sur neuf cas suspects de personnes infectées par le virus Ebola de la présente séquence. Mais, la zone étant très difficile d’accès, il y a comme un ‘’cerclage naturel’’ pour éviter toute diffusion exponentielle de la terrible maladie, dont la période d’incubation est de 21 jours. Cependant, comme on dit souvent : « une fois n’est pas coutume ». C’est le cas de l’Afrique de l’Ouest. En RDC, par contre c’est pour la huitième fois, en quarante ans que le pays est confronté à ce mal.

JMI : C’est tout à fait juste, mais le contexte n’est-il pas désormais différent, après la survenue historique d’Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Léone ?    

Dr FY: La situation est vraiment différente pour les raisons suivantes : D’abord, la maladie est mieux connue dans le monde, à cause de la grande épidémie qui a sévi en Afrique de l’Ouest (en particulier en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone), ce qui a contribué certainement à minimiser présentement l’état de psychose, aussi bien chez les populations que chez les dirigeants, en particulier les politiques et les gestionnaires des services de santé ; ensuite, des stratégies appliquées particulièrement en Guinée, notamment le micro-cerclage se sont montrées suffisamment efficaces comme moyen de limitation de la propagation….

JMI : Et si à tout cet arsenal, nous ajoutons l’expérience guinéenne de la vaccination ? 

Dr FY : En effet, il existe désormais un vaccin efficace pour prévenir la survenue d’Ebola, chez une personne recensée comme contact d’un cas d’Ebola. Ce vaccin, il faut le rappeler, a été testé et validé en Guinée et, est maintenant reconnu et validé par l’OMS.

JMI : Au-delà du vaccin que dire du personnel technique ?

Dr FY : Last but not least, il existe, particulièrement en Guinée, des ressources humaines capables d’aider partout où le phénomène se déclare. En Guinée, les dispositions en cours consistent au renforcement de la surveillance sur toute la chaîne, depuis le niveau communautaire, en vue de la détection rapide de tout phénomène inhabituel. C’est l’Agence nationale de sécurité sanitaire qui pilote de manière vigilante cette situation, selon le décret de création de l’institution en 2016.

La période post-Ebola permet aujourd’hui une revitalisation  réelle du système sanitaire guinéen qui avait pris un coup sérieux. L’aide de partenaires techniques et financiers comme le Système des Nations unies, l’Union Européenne, les USA, le Japon, la Chine, la Russie, Cuba et bien d’autres, a contribué à véritablement soutenir la résilience des populations pour sortir de l’enfer Ebola.

Propos recueillis par Justin MOREL Junior

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