El Namakan Samaké TOURE alias  »Grand Sama » pour les intimes, est un enseignant de profession, ex-premier chanteur de l’orchestre Nimba Jazz de N’zérékoré, il est l’invité de notre rédaction. Cet homme de culture né en 1944  à Kankan, est par dessus tout un homme affable et toujours avenant. Le temps l’a rempli de sagesse qu’il sait partager à qui veut l’écouter. D’ailleurs, il est aussi animateur vedette d’une émission interactive sur la radio privée  »Pacifique » de N’zérékoré. Votre site est allé à son écoute. Accrochant!

JustinMorel.Info : Comment vous aviez évolué à Kankan avant  d’être à N’zérékoré sur le plan artistique ? 

Grand Sama : Entre 1967-1968, j’ai fait  le Syli Star de section de Kankan 1. De 1968-1969, j’ai également fait le Milo Band de Kankan II et la même année j’ai fait un temps avec le Tropical Djoli Band de Faranah. En 1970, le Horoya Band Fédéral a été restructuré pour présenter le concert  »Agression de 22 Novembre » de la même année, sans feu Sandaly KOUYATE dit Balakala, Karamon Dabo dit Karamodjan, feu Sidiki TRAORE, Billy Nankouman CONDE, Alamako accompagnateur, pour former  le nouvel orchestre fédéral le  »22 novembre Band de Kankan », à la place  du précédant, nationalisé avec résidence à Kankan. Le bureau fédéral a demandé que le Horoya Band déjà nationalé rejoigne Conakry, la capitale.

C’est ainsi que Métoura TRAORE dit  »Papa », chef d’orchestre de Horoya Band a décidé de me désigner 1er chanteur du  22 Band et Mamady TRAORE dit  »Sonké  » , le second. En ce moment, feu Nagna Mory et feu Sidy Dioubaté étaient à N’zérékoré.  »Balakala » le chef d’orchestre de la nouvelle formation a décidé d’envoyer chercher feu Nagna Mory KOUYATE  et feu Sidy DIOUBATE pour me remplacer dans le 22 Band. Comme Dieu  sait faire les choses, le bureau fédéral de N’zérékoré, à sa tête feu Mamadou Flomo a mandaté Monsieur Ousmane Kaba, à l’époque Directeur du CEP 1er et 2e Cycle Almamy Samory TOURE, secrétaire Général  du comité JRDA de N’zérékoré, très dynamique, pour aller chercher un nouveau chanteur à Kankan. Le choix de ce célèbre homme est tombé  sur ma modeste personne en 1972. C’est en cela que j’ai foulé le sol de N’zérékoré, le samedi 27 juillet 1972  à 2h 30 du matin!

JustinMorel.Info : comment aviez-vous évolué à N’Zérékoré? 

Grand Sama : D‘abord, je remercie Dieu, car j’ai eu la chance d’être aimé de toute la population, des cadres et responsables à tous les niveaux à N’zérékoré. A l’époque la dignité culturelle et artistique était établie par la force  de l’idiologie du pays, pour le combat de sauvegarde de la liberté totale de la Guinée. L’art et la culture et le sport étaient en avant-plan. Comme il n’y avait d’école de musique véritable, les griots étaient les seuls dépositaires des instruments de musique trationnelles pour  véhiculer  le message de la révolution.

JustinMorel.Info : Comment  avez-vous réussi  à chanter en Kpèlèwo, une des langues de la Forêt? 

Grand Sama : Oui, mon inspiration m’a amené à croire qu’aucune langue n’est supérieure, aucune ethnie, ni aucune race, celui ou celle qui la maitrise de façon artistique et culturelle, plus vous parlez plusieurs  langues, vous avez plusieurs chances dans la vie communicative. C’est ainsi que j’ai décidé de chanter dans la langue Kpèlè pour faire passer le message de la forêt, et particulièrement celui de N’zérékoré dans le cadre  des compétitions  fédérales et nationales. Pour la première fois en 1976,  le 11e festival national  »Babaniko » a été présenté, retenu par le jury national du comité central, comme meilleur concert du festival, pour enrichir le programme national, repris par l’orchestre de Kélétigui et ses Tambourinis. C’est bien au cours  de ce festival que tous les travailleurs, les journalistes de la  »Voix  de la Révolution », ont soutenu le Super Nimba Jazz. Jusqu’au festival suivant qui a été le 12e du genre. Le titre de  »Gon Biya Biya » en 1979 a été également classé premier par le jury national. L’aller et le retour des initiés de  la forêt sacrée. Le titre   »Gban Togba » les primates de Bossou, étaient autour du Mont Nimba, la faune  et la flore  qui constituent une des merveilles de ce beau pays. Ces derniers simiens n’existent nulle part au monde qu’en Guinée. Le Nimba Jazz classé encore premier de la république, lors du 13e festival 1982, au cours duquel les orchestres nationaux et fédéraux ont été associés à cette occasion.

JustinMorel.Info : Vous avez été à Tripoli ( Lybie) pour représenter la Guinée,  au 2e Festival Panafricain de la Jeunesse, en août 1983,  sous la couverture du journaliste de Nabika Sylla et feu Tierno Seydou Dieng du comité national de la JRDA chef de mission…

Grand Sama : La section  vent a été renforcée par feu Mono Wandel de Kélétigui  et ses Tambourinis, paix à son âme, feu Mamadou Nyassa, chef d’orchestre du Super Boiro Band, Maitre Barry, le chef d’orchestre du Kaloum Star de Conakry I. Le  Super Nimba Jazz a présenté un concert  »Jeunesse et Développement » et a été sacré  »meilleur » par son originalité et son authenticité traditionnelle, car le contenu a été artistiquement  présenté en français, en anglais et en arabe, par le professeur  Mamadi Camara, fonctionnaire au ministère  de la jeunesse. Soutenu également par les émissions  »Grand Gala du Samedi  »GGS » par le célèbre Justin Morel Junior, à l’époque chef de la section artistique et culturelle de la Voix de la Révolution. Je précise que le Nimba Jazz était avec le 22 Band de Kankan, qui a été  également 1er exéco au 12e festival 1979. Je n’oublie pas que c’est à moi que le feu président Ahmed Sékou TOURE, Responsable suprême  de la révolution offert une montre bracelet en or, cela  a été une distinction honorifique à l’endroit de notre fédération. Egalement cette désignation pour Tripoli était grandissime pour nous, parce que  c’est l’orchestre national Keletigui qui était allé à Alger pour le premier  festival  Panafricain avec  feu Demba CAMARA et Feu Djéli Fodé  DIOUBATE au vocal.

JustinMorel.Info : En réalité,  vous devez êtes salué, surtout félicité de votre esprit  de patriote et nationaliste pour votre inspiration, celle de valoriser la culture de la Guinée  forestière et artistique.

Grand Sama : Avant tout, je dois saluer le bon sens des cadres et responsables de N’zérékoré, qui se sont déplacés pour aller chercher un chanteur à Kankan. Pour la question : Babaniko ou  »Kanikokoye » c’est le chant traditionnel obligatoire qui marque la joie immense dans les familles kpèlès. Ici c’est la manifestation de joie marquant le retour triomphal des initiés de la forêt sacrée, après  sept ans  de formation initiatique pour  être  un homme intègre  dans la société.

Si   »Maa  » la vieille qui protège les initiés de la forêt  sacrée contre les mauvais  esprits, Mme la première Dame de l’époque, Mme André TOURE, la Mère de l’année internationale des enfants, c’est lier le traditionnel au moderne. Gon biya biya: cette fois-ci c’est l’aller  et le retour des initiés de la forêt sacrée de façon très authousiaste. Gban Togba: c’est  le nom du plus vieux chimpanzé de Gban, une colline dans la sous-préfecture de Bossou, préfecture de Lola. 

JustinMorel.Info: Merci Grand Sama, quel est le message que vous allez adresser au peuple de Guinée , surtout au monde artistique et culturel?

Grand Sama : Je salue le fier peuple fier de Guinée dont les ressources humaines ne tarissent jamais. Je remercie également  tous les cadres  au féminin et au masculin de façon anonyme et apparent qui ont contribué au développement culturel et artistique de ce beau pays. Tous ceux  qui font du bien aux artistes ne tomberont jamais. Enfin, je remercie les général Bourema CONDE, ex-Gouverneur de la Région Administrative  de N’zérékoré à l’époque qui m’a  envoyé à La Mecque en 2010. Il est aujourd’hui, ministre de l’administration du territoire.

J’ai été très heureux,  de voir que le département  des arts et de la culture  a rencontré le chef de l’Etat pour la réhabilitation  du ce domaine très important de la culture. Cette réhabilitation se situe sur trois ou quatre volets : 1-Revoir la vie  des anciens artistes qui sont entrain de finir dans la médiocrité la plus totale; 2-Des anciens  qui peuvent approcher les nouveaux pour les orientés sur des chemins nobles; 3-Des jeunes chaudronnés sur le terrain; 4-En plus de la réalisation des outils de performance et des infrastructure scientifique pour la vie des disciplines incontournables.

Quant aux médias , la fixation de la camera à  60% sur les pas de danse  véritable message d’information, d’éducation  de façon morale et civique  pour protéger  nos mœurs  et nos coutumes  pour nous épargner des motifs pornographiques et concubistes des différentes sortes de danses actuelles. Ce n’est nullement un concourt de la beauté, mieux, c’est la lecture de nos  différentes games  de civilisation guinéenne et africaine. La Guinée sans démagogie aucune , était le miroir de l’Art et de la culture. Cela doit revenir avec véhémence.

JustinMorel.Info: Et comment se quitter, quand vous avez tant à dire… vraiment grand merci…

Grand Sama : c’est à moi de vous remercier. Je m’envoudrais si je ne remerciais pas également le département des arts  et culture qui m’a décerné un satisfecit parmi les soixante-dix hommes et femmes  qui ont contribué  au développement de la culture en Guinée en 2010. Je demande également à la presse, de faire lire toutes  les pages d’histoire  de notre culture sans exclusive. Depuis 1984 jusqu’à maintenant, les nouvelles générations de la jeunesse n’ont jamais été  informées  que le Nimba jazz a été sacré trois (3) fois premier de la république,jusqu’aller représenter la Guinée à Tripoli, peut -être  parce qu’il vient de loin de la Capitale.

Propos recueillis à N’Zérékoré par JMJ 

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