En Côte d’Ivoire, la contrebande de l’anacarde vers les pays voisins soulève de nombreuses inquiétudes dans le rang des producteurs et exportateurs de la noix. Si ces derniers sont habitués au phénomène qui s’est développé ces dernières années, beaucoup redoutent que la hausse de la demande de noix de cajou, ne ravive le trafic, cette saison.
Selon leurs estimations, environ 100 000 tonnes de noix de cajou pourraient s’écouler illégalement vers plusieurs pays voisins dont principalement le Ghana, d’ici la fin de cette saison.
Parmi les raisons qui expliquent le trafic, plusieurs acteurs pointent du doigt les taxes à l’exportation et les coûts de transport élevés. Interrogé par Reuters, un exportateur souligne que le Ghana n’applique pas de taxe à l’exportation de cajou, contrairement à la Côte d’Ivoire qui a fixé une taxe de 85 FCFA pour le kilogramme (kg) de cajou. En outre, poursuit-il, les coûts de transit sont plus élevés dans la nation éburnéenne que chez son voisin ghanéen.
A ces facteurs, s’ajoute le prix élevé du kg de la noix de cajou appliqué au Ghana. D’après Reuters, certains producteurs de la région orientale de la Côte d’Ivoire, perçoivent environ 900 à 1 000 FCFA pour le kg de noix vendu aux acheteurs ghanéens alors même que le prix appliqué sur le sol ivoirien est de 440 FCFA.
« Le gouvernement doit rapidement faire quelque chose […] Toutes les noix de qualité vont illégalement vers les pays voisins. Cette situation met tout le secteur en danger.», s’alarme un autre exportateur qui indique que 40 000 tonnes de noix ont déjà été exportées illégalement.
Globalement, la recrudescence de la contrebande est une mauvaise nouvelle pour le secteur de l’exportation ivoirien qui mise sur une production record de 715 000 tonnes, cette année. Pour mesurer l’ampleur du manque à gagner du côté ivoirien, il faut savoir que le Ghana a perçu en 2016, 244,5 millions $ grâce à l’exportation de 163 000 tonnes de noix. Et ce, alors même que le pays ne produit environ que 70 000 tonnes de noix de cajou par an, bien loin derrière le voisin ivoirien qui a produit en 2016, 650 000 tonnes.
Espoir Olodo / Ecofin