Je ne comprends pas les dirigeants de notre pays. Comme toutes les Lois, nos Lois sont faites pour réguler la vie en société, protéger, sécuriser et défendre les intérêts des populations et leurs biens.
J’ai le sentiment que nos gouvernants successifs ne sont pas informés de l’existence de certaines Lois relatives à la sécurisation des personnes et de leurs biens, ainsi qu’à l’indemnisation des préjudices subis à la survenance des dommages corporels, matériels et immatériels.
1. Dans les nombreux accidents de la circulation, des centaines de Guinéens meurent annuellement, laissant des milliers d’orphelins et de veuves (ou veufs) sans ressources.
Conséquences : précarité dans les ménages avec son impact sur l’ensemble de la société.
2. Dans les mêmes accidents de la circulation, ce sont des milliers de Guinéens, gravement blessés, qui croupissent dans les hôpitaux ou chez les guérisseurs traditionnels, sans soins adéquats ni ressources.
Handicapés à vie, certains de ces blessés deviennent inactifs et restent à la charge des proches, eux-mêmes pauvres.
Conséquences : augmentation de la population invalide.
À la suite de ces nombreux et gravissimes accidents, aucune autorité (nationale ou locale) ne prononce un seul mot sur l’assurance des véhicules auteurs de ces dommages. Aucune interrogation sur la couverture et la prise en charge des victimes par le secteur de l’assurance, à travers les sociétés d’assurances ou le Fonds de garantie automobileJe n’en reviens pas !
Il faut être Professionnel en la matière pour se faire une idée du gâchis pour notre pays. Parfois, c’est le Chef d’Etat ou des Ministres (à la place des Assureurs) qui promettent de prendre les victimes en charge, juste le temps de l’émotion ou pour les cameras des médias. Les jours suivants, personne ne se souviendra plus des pauvres.
Quel manquement ! « Et quel ignorancement ! » Comme dit Kodda, le comédien mauritanien. Alors, à quoi sert la Loi portant Code des assurances de la République de Guinée dans ses dispositions relatives à l’obligation qui incombe à chaque propriétaire de véhicule d’assurer son engin ?
À quoi sert cette Loi ?
À quoi servent les obligations d’assurance de la Responsabilité civile des entreprises des Travaux publics et des Sociétés minières ? Nos dirigeants connaissent-ils leur existence et leur essence ? Je ne le crois pas !
Alors, à leur intention, je me permets de répéter ce que j’ai toujours clamé et réclamé dans mes publications, depuis près de 10 ans :
EN VERTU DES DISPOSITIONS DU CODE DES ASSURANCES DE GUINÉE
a) aucun véhicule terrestre à moteur (y compris les motocycles) ne doit circuler sur notre territoire, sans un contrat d’assurance garantissant la Responsabilité civile de son propriétaire.
b) toute personne, victime d’un accident de la circulation sur le territoire guinéen, doit être prise en charge, soignée et indemnisée par une des structures du secteur de l’assurance :
– soit par une compagnie d’assurance, si le véhicule auteur est assuré,
– soit par le Fonds de garantie automobile, si le véhicule auteur n’est pas identifié ou pas assuré.
Nous avons toutes les structures agréées par l’Etat à cet effet.
Apparemment, nos dirigeants ne sont pas informés du fonctionnement de ces entités.
Un Président de la République ou un Ministre, sauf catastrophe nationale, n’a pas à prendre en charge les victimes des accidents de la circulation. C’est le devoir absolu du secteur de l’assurance.
Lansana Conté, Moussa Dadis, Sékouba Konaté et Alpha Condé devraient le savoir. Mamadi Doumbouya aussi.
C’est parce que les dirigeants ne le savent pas que certains acteurs de l’assurance en font à leur guise, quand ils ne brillent pas par leur immobilisme coupable.
3. Ces derniers mois, on a l’impression que le feu a élu domicile dans notre pays.
Aux habituels incendies des habitations et des magasins, se sont ajoutés l’explosion du Grand Dépôt d’hydrocarbures et les incendies-foutaises de EDG.
Je ne m’étendrai pas sur les causes qui sont souvent liées au manque d’entretien de nos immobilisations et installations (notre maladie commune et incurable) ni au manque de visions et d’autorité de nos dirigeants.
Je m’intéresserai, en aval, à la réparation des nombreux préjudices subis par les agents économiques.
Là aussi, les victimes des incendies domestiques et commerciaux bénéficient tous de la compassion nationale. C’est normal. Solidarité oblige !
Sauf que nos Gouvernants, comme toujours, succombent à l’émotion et au populisme, en faisant espérer aux victimes des indemnisations que les maigres ressources du budget national ne peuvent jamais supporter.
À l’occasion des incendies, j’ai toujours été déçu de voir nos dirigeants et nos médias parler de tout, sauf de la garantie des lieux sinistrés par un contrat d’assurance. Nos commerçants n’assurent pas leurs business.
D’ailleurs le mot assurance est le plus méconnu dans la littérature de l’administration guinéenne : A NTÖRÖMAA…
Faut-il rappeler que le rôle de l’assurance est de garantir le patrimoine et la responsabilité civile des agents économiques, mais aussi de préserver les arrières et les vieux jours des personnes.
Je suis sidéré de constater le silence de nos autorités et de nos assureurs sur le dédommagement des entreprises et des personnes victimes de l’explosion du grand dépôt d’hydrocarbures survenue en décembre dernier. Pourtant, lesdits dépôts sont garantis par des assureurs en Guinée et les risques, placés en réassurance à l’étranger !
Ce n’est pas à l’Etat d’indemniser : ce sont les assureurs et leurs réassureurs qui doivent indemniser toutes les victimes, chacun en fonction de sa participation à la prise du risque ! Même si l’Etat anticipe les prises en charge, les assureurs concernés doivent indemniser les victimes. Si jamais nos dirigeants se font flouer par des prétendus experts (Guinéens ou étrangers), alors c’est le contribuable guinéen qui paiera injustement, à la place des assureurs.
Comme vous voyez, nous sommes victimes de notre ignorance collective, de la violation coupable de nos Lois et de notre manque de culture d’assurance à tous les niveaux. Pourtant, l’assurance est l’une des meilleures formes de lutte contre la pauvreté pour toute personne qui a un minimum de revenus.
À l’avenir, je suggère à nos commerçants d’assurer leurs magasins contre les risques d’incendie-explosion, de vol, de tempête et autres risques préjudiciables à leurs activités. L’Etat ne pourra rien pour eux, parce qu’il a beaucoup à faire.
C’est cela la vérité. À l’avenir, assumez-vous en toute dignité.
Pour ce faire, consultez les assureurs. Un contrat d’assurance multirisque Commerce pour une boutique ne vaudra pas plus de 2 millions par an.
En cas d’incendie ou de vol, la valeur de vos marchandises perdues est quasiment remboursée par votre assureur.
Je suggère à nos dirigeants de bien vouloir lire et comprendre l’esprit de nos Lois et Règlements qui régissent le secteur de l’assurance.
Chaque Guinéen y gagnera.
Chaque société d’assurance y gagnera.
L’Etat aussi y gagnera à travers les recettes fiscales sur le secteur de l’assurance qui croitront de plus de 200%.
Autant l’Etat doit sommer les assureurs à honorer leurs engagements vis-à-vis des assurés et des victimes, autant le même État doit se sommer à faire respecter ses textes qui régissent l’assurance en Guinée.
Ibrahima Jair KEITA pour JMI
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