D’un coût total de 21,5 millions de dollars, le programme a été financé à hauteur de 4,9 millions de dollars par le Fonds africain de développement. |
Felicidade Machava est exploitante agricole dans le district de Guija. Cette Mozambicaine de 60 ans aime raconter comment, une année, elle a rempli un petit camion avec sa récolte de maïs. Cependant, depuis quelques années, le Mozambique est confronté à des sécheresses et des cyclones plus longs et plus fréquents. Ces situations climatiques extrêmes affectent le secteur agricole, qui emploie 70 % de la population, et affectent la productivité, réduisant le niveau de production de l’agriculture de subsistance et les débouchés le long de la chaîne de valeur agricole. Le Programme de gestion durable des ressources en terres et en eau (SLWRMP), financé par la Banque africaine de développement, le Fonds d’investissement pour le climat et le gouvernement du Mozambique, a permis de distribuer des kits d’irrigation, de réaliser des forages et de construire des petits barrages, améliorant ainsi l’accès à l’eau des personnes et des abreuvoirs pour le bétail. Les rendements ont augmenté, profitant à près de 60 000 personnes. Les agriculteurs ont bénéficié de la mise en œuvre d’un système de pompage. Ils ont dégagé des bénéfices en vendant, sur le marché local, du maïs, des haricots verts et citrouilles, des choux frisés, des oignons et des poivrons verts. D’un coût total de 21,5 millions de dollars, le programme a été financé à hauteur de 4,9 millions de dollars par le Fonds africain de développement, le guichet de prêt à taux concessionnel du Groupe de la Banque. Le Fonds d’investissement pour le climat a apporté 15,9 millions de dollars et le gouvernement 500 000 dollars. Le projet, achevé en décembre 2019, a couvert cinq districts de la province de Gaza, une région sujette à la sécheresse. Felicidade Machava est membre de « Révolution verte », une association d’agriculteurs bénéficiaires du Programme qui, à Guija, permet à ses 20 membres, dont 12 femmes, de partager 12 kits d’irrigation afin que trois agriculteurs puissent, chaque jour, en bénéficier pour leurs petites parcelles. « En 2017, je me suis concentrée sur la production de haricots verts. J’ai pu acheter une parcelle pour environ 83 dollars et commencer à construire une nouvelle maison, que j’espère pouvoir terminer avec les revenus de la prochaine campagne agricole », explique Felicidade Machava. Grâce au programme, Rute Bila, une autre exploitante agricole, a pu accéder à une source d’eau fiable à partir d’une rivière proche de ses terres. Elle a ainsi augmenté sa production et peut maintenant payer la scolarité de ses neveux. « J’ai acheté une chèvre, payée environ 38 dollars, et j’espère me constituer un troupeau de chèvres pour la vente », précise-t-elle. Guezanes Maluleque est exploitant agricole au village de Mapai Rio. « Mon objectif est de vendre un jour ma production aux grandes entreprises industrielles de la région », explique le quinquagénaire, qui a deux familles à charge et trouve plus intéressant de louer les services de quatre ouvriers pour travailler sur une partie de ses 30 hectares, afin de libérer les membres de sa famille pour qu’ils cultivent leurs propres parcelles. Dans le cadre du programme, Guezanes Maluleque a reçu 150 noix de cajou et 60 manguiers. Pour sa première récolte, il a produit 50 kilos, qu’il a pu vendre à un commerçant itinérant pour un dollar le kilo. Quelque 56 kits d’irrigation ont été distribués dans les cinq districts bénéficiaires du programme. Au moins 3 600 personnes en ont bénéficié, dont plus de 80 % de femmes. Les destinataires des kits ont reçu une formation pour une utilisation correcte. La rivière la plus proche étant située à 20 km au moins, le programme a permis de construire 21 petits barrages en terre pour abreuver le bétail et répondre aux besoins des habitants. Trois barrages supplémentaires ont été construits par rapport aux prévisions initiales, ce qui a plus que doublé, à près de 30 000, le nombre de personnes bénéficiant de meilleures conditions d’accès à l’eau. Plus de 50 000 têtes de bétail sont abreuvées à ces barrages, soit plus de trois fois le nombre prévu. Selon une analyse d’un groupe de recherche de la Banque mondiale, les kits d’irrigation ont triplé la productivité des exploitants agricoles en sept ans. Et les retombées positives indirectes vont au-delà des moyens de subsistance. « J’ai amélioré mon régime alimentaire car, désormais, je suis capable de produire des légumes, comme des laitues et des oignons », affirme ainsi Alberto Mutasse, un bénéficiaire du programme. Le programme peut être dupliqué dans d’autres districts. Les bonnes pratiques ont déjà été intégrées dans le projet de relance après‑sécheresse et de résilience agricole de la Banque. Des personnels du gouvernement ont été formés pour mettre en place et gérer des stratégies d’adaptation au climat. APO Group pour GCO |