L’Art est essentiel à la santé de la société. Selon le philosophe Jean-Paul Sartre, son rôle est 《de proposer au spectateur un portrait de sa société, de sa réalité, afin que celui-ci puisse développer une conscience de sa propre condition et des multiples réalités de son environnement.》 Partons de cette conception pour nous livrer à une analyse exhaustive de l’artiste, ou du moins de l’artiste dans sa conception purement guinéenne.
De ce point, on comprend qu’un artiste toutes tendances confondues se doit d’être le reflet de sa société mais aussi un faiseur d’âmes, en incitant à une prise de conscience sur les problèmes brûlants du moment.
Alors l’artiste ou du moins les chanteurs guinéens incarnent-ils cet idéal ? Le contenu musical du point de vue texte reflète-t-il les réalités du pays ?
Ainsi en répondant à ces deux questions nous expliquerons en quoi l’art dans certains cas, rime avec la dépravation dans notre pays.
L’arnaque dont le Guinéen est l’objet du point de vue artistique en ce moment est sans précédent. En prenant le domaine musical on s’aperçoit aussitôt de l’arnaque faite au peuple de Guinée et à sa culture. Certes le métissage culturel est incontournable mais à certains degrés, il devient source de déracinement. Des valeurs sont importées et mis en-avant au détriment des valeurs positives guinéennes.
En écoutant les meilleurs tubes de ces dernières années, le constat est que les artistes guinéens sont des fins copistes et abordent tous les mêmes thèmes à savoir : le sexe, l’argent, la drogue, l’amour,… le tout couronné par une insolence érigée en style musical.
Il en est de même du contenu des vidéos ou clips de ces « arnaqueurs du 21ème siècle ». En écoutant les la génération de hip hop, on n’est téléporté aux Etats-unis, en France, à Porto-Rico voire en Chine… Pourtant à ses débuts ce mouvement était vraiment une incarnation des préoccupations de notre société et de son identité.
Les thèmes et le rythme proposés par Kill point, Chanana, Bill de Sam, Raisonnables Djély, Gandal Foly, Fac Alliance, Légitime Défense, Ras Condel et d’autres, étaient la voie toute trouvée du rap guinéen, avec une identité propre du terroir.
Par contre la nouvelle génération peine à prendre du recul par rapport à l’influence occidentale pour proposer de l’originalité guinéenne. C’est ce justifie à mon humble avis, l’incapacité des artistes guinéens à vendre à l’international, car la plupart de ce qu’ils proposent est déjà une propriété identitaire d’autres communautés. Présentement ils se ruent tous sur le genre musical nigérian qu’ils copient avec aisance et bêtises et quelques rares réussites.
En plus, dans leurs œuvres nous n’avons aucun n’engagement. Même ceux qui se disent « Rastamen » ne le sont que dans la promotion de la perversion, de la prostitution, des débauches.
Ont-ils vraiment la volonté pour dénoncer la misère populaire ?
La paupérisation à laquelle le peuple est assujetti ?
Rien de tout ça ne les intéresse. Ils jouent sur l’émotion, la sensualité et d’autres détails pour vendre des injures, des cris et insultes à une jeunesse qui ne trouvent mieux pour cacher son désarroi et sa misère.
Pour clore cette brève analyse, vous conviendrez avec moi que l’artiste musicien guinéen d’aujourd’hui est loin d’incarner son rôle de défenseur des valeurs séculaires du pays et du faiseur d’âmes qu’il devrait être.
Alors à quand la nouvelle véritable révolution musicale guinéenne ?
Les débats sont ouverts et chacun peut y contribuer…
Aliou BAH depuis Fria pour JMI
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