LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE GUINEE
Excellence Monsieur le Président de la République,
Je viens par la présente vous remettre officiellement ma démission du Gouvernement de Transition, en ce jour du neuvième mois de ma nomination au poste de Ministre de l’Information et de la Culture. J’accomplis cet acte, le coeur meurtri par les douloureux événements du 28 Septembre dernier, au stade du même nom. Je n’étais pas en Guinée quand les massacres ont eu lieu. J’étais en Allemagne, invité avec d’autres compatriotes par le Bundestag pour y ‘observer le processus d’élections démocratiques’. Ce jour-là, Monsieur le Président, j’ai porté le deuil. J’ai pleuré les victimes innocentes et annulé tous les rendez-vous importants que j’avais avec de grandes personnalités allemandes. J’ai analysé, mesuré toute la gravité de la situation guinéenne et la dangerosité de la dérive.
Monsieur le Président, en me faisant appel au Gouvernement, j’ai répondu oui au nom de la patrie, au nom de l’espoir suscité par votre avènement à la tête du CNDD, depuis, je me suis employé à la relance de la culture et de l’information en Guinée. Dans ce travail, j’ai constamment bénéficié de votre appui, le Peuple en est témoin et ma reconnaissance envers vous dans ce cadre est entière. Mais, Monsieur le Président, il y a désormais un avant et un après 28 septembre 2009. Depuis cette date, ma conscience s’est révoltée et mon coeur a lâché. Ma raison me dit que je n’ai plus de raison d’être aux commandes du Ministère dont j’avais jusque là la charge. Je n’ai pas la force morale de porter la parole du Gouvernement, au lendemain de ces horribles massacres. C’est pourquoi, vous comprendrez ma décision.
Depuis deux semaines, de mon lit de malade, j’ai réfléchi et décidé. Aujourd’hui j’ai voulu vous le dire, vous l’écrire en toute franchise. Je suis sûr que vous aviez bien compris mon silence et ma distance depuis. Je suis convaincu que vous comprendrez ma démarche. Je n’ai jamais cherché le pouvoir, par la force du destin, il m’a souvent tendu la main, par la volonté de Dieu. Mais, Monsieur le Président, après les morts du 28 Septembre 2009, mon coeur et ma raison me demandent de partir. Je vous remets donc ouvertement ma démission ce jour.
Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens et qu’il leur donne Sa Paix.
Conakry, le 15 octobre 2009
Signé
Justin MOREL Junior
Ancien Ministre de l’Information et de la Culture
Ancien Porte-parole du Gouvernement