Après les soubresauts du début de la décennie 90, avec la chute du mur de Berlin, l’avènement de la démocratie pluraliste en Afrique et l’éclatement de l’URSS, la Fédération de Russie avait perdu « la main » sur certains pays africains dit du bloc communiste. Il eut alors une espèce de passage à vide dans les relations entre la Fédération de Russie et les pays de l’ancien camp soviétique, dont le Congo qui occupe dans ce chaos, une place de choix. Les relations diplomatiques n’ont, certes, jamais été ébranlées par un fait endogène entre le Congo et la Russie. Mais, comme l’écrivait le site d’informations adiac-congo.com, le 20 mai 2019 dans son fait du jour, « la Russie a elle-même mis longtemps avant d’y voir un peu plus clair ces temps-ci ».
Excepté la parenthèse ouverte du fait des mutations générées par la pérestroïka, le Congo et la Russie ont eu une relation fructueuse. Ainsi, l’invitation adressée par le président russe, Vladimir Poutine à son homologue congolais Denis Sassou-N’Guesso, pour une visite officielle dans son pays obéit à la volonté des deux chefs d’Etat de dynamiser davantage la coopération entre leurs deux pays.
En effet, ce ne sont pas des opportunités de coopération qui manquent entre le Congo et la Russie. Pour la Russie, certes, l’intérêt dans l’industrie, notamment dans les domaines des mines solides et du pétrole constitue l’un des enjeux de cette coopération, on ne peut pas ignorer la formation des jeunes congolais dans des universités et autres écoles russes. C’est sans doute le sens du partenariat stratégique gagnant-gagnant que le chef de l’Etat congolais a appelé de tous ses vœux devant la représentation russe, le 22 mai 2019. C’est dans cette optique que l’on peut comprendre l’importance du forum international de développement de la coopération parlementaire que la Russie organisera, du 1er au 3 juillet 2019 à Moscou et dont l’objectif est de favoriser l’échange sur des questions d’importance pour les deux peuples.
Au-delà, la visite officielle du président Denis Sassou-N’Guesso en Russie sonne bien comme le retour en force de ce grand pays en Afrique Centrale. La Russie, à l’instar de la Chine, ne voudrait pas laisser de côté le continent noir que tous les observateurs considèrent comme celui de l’avenir.
L’enjeu est aussi économique, mais surtout sécuritaire. D’ailleurs, les chefs d’Etat congolais et russe n’ont pas manqué d’évoquer la situation sécuritaire en Afrique Centrale, où subsistent quelques poches d’insécurité, à l’instar de la RCA, du Cameroun et, de façon plus générale, dans la Région des Grands Lacs.
Le Congo dans ce retour de la Fédération de Russie sur le continent constitue une porte d’entrée naturelle, au regard du parcours historique des deux pays et des deux peuples dans la lutte des libérations et la recherche de la paix sur le continent. Denis Sassou-N’Guesso l’a rappelé aux députés russes : le Congo est, dans une Afrique Centrale traversée par diverses crises, « un îlot de paix » qui mérite d’être préservé. L’envoie par la Russie des instructeurs militaires au Congo obéit à cette option de préservation de la paix. En la matière, le pays (le Congo) bénéficie, inéluctablement, de l’auréole de son président dont l’activisme dans la résolution des conflits en Afrique ne souffre d’aucun doute. Son expérience a suscité la confiance de ses pairs africains qui ont, par exemple, fait de lui, président du comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la crise en Libye. Le président russe le sait et l’a compris.
MIATOLOKA Boryce Agapyth pour JMI
Correspondant particulier de JMIau Congo
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