C’est un secret de polichinelle, Mme Kéita Aida Mbow siège au gouvernement, en lieu et place de son époux, qui occupa ledit département dont il démissionna à la veille des élections de 2007. Issue du monde de l’environnement parce que titulaire d’un diplôme en gestion du développement durable, la ministre Aida est donc en terrain connu.
Sauf qu’elle occupe son poste depuis juillet 2019, quasiment 3 ans aux commandes. Et après autant de mois dans la même routine, l’annulation du projet assainissement de Bamako par la BAD, est un opprobre à la figure du peuple malien. Tout rejet du genre montre bien qu’il y a péril en la demeure autrement dit erreur de casting.
Reconduite après la réélection de son employeur de Chef d’Etat , Aida Bow connaissait les risques du métier. La question assainissement fait beaucoup jaser depuis 2015. On a pour preuve le dossier O’zone sur la forme et le fond. D’une part, une opinion n’a jamais caché le fait qu’un opérateur étranger soit dédié à la gestion des ordures du Mali.
Dans le fond, près plus de 2 ans d’activité, la société marocaine est à bout de souffle. Son Directeur est d’ailleurs occupé à réveiller des litiges juridiques au sein de la Fédération Malienne d’Athlétisme où il a perdu aux dernières élections que de gérer la salubrité ambiante de la capitale.
La lettre de la Directrice Générale de la BAD datant du 15 février 2019, reste très explicite. L’annulation a pour objet « La non mobilisation des ressources par le gouvernement du Mali ». Les autorités du Mali chantent partout la fameuse conférence des donateurs à Bruxelles et voilà qu’un marché de 31 milliards est perdu alors que le pays subit de sérieuses tensions de trésorerie.
Ce qui reste des plus surprenants, c’est que le projet d’assainissement du District de Bamako fut approuvé depuis le 11 janvier 2017. Soit moins de 7 mois après l’arrivée de Madame Keita au ministère en charge de la question. On en est à 3 ans de gestion pour une personnalité qui fut auparavant Assistante au représentant résident du PNUD avec les galons de conseiller au programme environnement. Les textes relatifs aux prêts et dons de la BAD donnent un délai de 90 jours ainsi qu’une période cumulative de plus de 180 jours pour motiver une annulation.
Marie Laure Olugbade a d’ailleurs envoyé le courrier du divorce au ministre des finances Dr Boubou Cissé pour que soit mesurée la teneur de la rupture. Le projet en question était censé traiter un volume important d’eaux usées qui stagnent un peu partout sous nos pieds. Alors que les dépotoirs d’ordures voient le jour, avec cette décharge de Lafiabougou ( Commune IV de Bamako) qui part et revient, on peut dire que la question d’assainissement n’est pas une réalité en soi. Surtout que le projet est co-financé par la BOAD et la Banque Européenne d’Investissement.
Entre la validation du projet et son annulation , deux années se sont écoulées. Où étaient donc les services compétents du ministère de tutelle ? Les députés sont censés se saisir de cette question pour interpellation afin que le peuple soit situé. Face aux médias et sur les écrans, tout sera donc tiré au clair.
Le contexte n’est nullement favorable à la ministre Aida Mbow qui pourrait rendre le tablier avec cette autre affaire portant sur une usine de traitement des déchets domestiques. Alors que le maire du District Adama Sangaré a obtenu un fond international dédié à six villes de la zone sahélienne dont Bamako, le dossier s’est éternisé au département de l’épouse du PCA de la SOMAPEP. A hauteur de 12 milliards CFA , les fonds devraient mettre en place une unité industrielle de transformation des ordures ménagères sur une surface de 50 hectares à Safo.
Il a fallu qu’un proche du Président IBK soit informé in extremis pour redresser la barre. Ledit projet était en passe d’être annulé comme celui des 31 milliards de la BAD, mais la signature de la ministre controversée a finalement été obtenue. Comme quoi , ces affaires qui risquent d’animer les débats du fait de leur médiatisation ces temps-ci , pourraient avoir raison de la membre de l’équipe gouvernementale.
Son département a besoin d’un nouveau souffle à priori car le Mali de 2019 est à la croisée de chemins avec un font social en ébullition. Le dialogue politique se décante et des « fanfaronnades » touchant au secteur de l’environnement qui conduisent à une amère image aux yeux des Partenaires Etrangers , techniques et financières ne sont pas de bonne augure pour en sortir grandi : il s’agit là d’une mauvaise publicité.
Idrissa KEITA pour JMI
Correspondant particulier de JMI