Située à 105 km au nord-est du chef-lieu de la préfecture de Tougué, région de Labé, Fello Koundoua est une commune rurale très enclavée. Elle fait partie des communes identifiées dans le cadre de l’initiative des communes de convergence qui renforce la décentralisation et appuie les communes choisies dans la mise en œuvre des 14 compétences qui leur sont transférées. Parmi ces compétences transférées, figure la gestion de l’état-civil. C’est dans ce domaine que la commune rurale de Fello Koundoua vient de réussir un challenge : celui d’enregistrer à l’état-civil dans les délais tous les enfants nés en 2018 sur son territoire.
Mais comment y est-elle parvenue ?
Tout est parti d’un constat peu reluisant sur l’enregistrement des naissances qui avait révélé que seulement 37 %, soit 121 enfants ont été enregistrés en 2016 à Fello Koundoua. Pour corriger ce sombre tableau, une stratégie concertée a été mise en place par les autorités communales et les services déconcentrés. Il s’est agi d’organiser une campagne gratuite d’enregistrement des naissances à partir du mois de juillet 2018 et qui a duré 2 mois, afin de rattraper les enfants de moins de 6 mois (délai légal pour l’enregistrement des naissances) non enregistrés. Pour cela, tous les districts, y compris les plus éloignés, ont été dotés de cahiers de village qui ont permis de remonter toutes les naissances communautaires. De plus, les leaders religieux ont été fortement mobilisés pour sensibiliser la population, notamment lors des baptêmes, sur l’importance d’enregistrer la naissance de son enfant à l’état civil.
Les autorités communales se sont félicitées de ce record jamais atteint dans l’histoire de la commune rurale de Fello Koundoua. C’est du moins ce que nous a confié Mamadou Bady BALDE, Secrétaire général de la commune depuis 2004 « Depuis que je suis ici, le système d’état civil a pris plus d’élan ces dernières années grâce essentiellement aux campagnes annuelles d’enregistrement que nous avons menées et qui ont été appuyées par l’UNICEF. À l’époque, nous n’atteignions pas les 100 % de la cible annuelle. Mais cette année 2018, à un mois de la fin de l’année, nous avions atteint les 100 % de la cible sur la base de la population officielle à savoir 8 239 habitants pour 330 enfants à enregistrer ».
Pour récompenser ces efforts, Fello Koundoua a été la première commune de convergence de la région de Labé à recevoir les registres de naissance sécurisés qui ont été développés et imprimés par la Direction Nationale de l’Etat civil avec l’appui de l’Union européenne, de la Coopération Italienne et de l’UNICEF.
Aujourd’hui, la commune rurale de Fello Koundoua est totalement couverte par cette opération d’enregistrement des naissances et les bénéficiaires ne tarissent pas d’éloges à l’égard du partenaire qui a appuyé cette action.
Assiatou DIALLO, 26 ans et mère de 6 enfants, dont 2 sans actes de naissance, est domiciliée à Nyaweli, district central de Fello Koundoua. Elle nous explique comment sa dernière fille, Djenabou a pu être enregistrée à l’état-civil et obtenir par voie de conséquence son acte de naissance « Quand j’étais enceinte, je fréquentais le centre de santé. Après mon accouchement, le baptême a été organisé et le même jour, un responsable d’un groupe de personnes est venu à l’aide d’un cahier, recueillir les informations sur mon enfant à la fin de la cérémonie. Après 3 jours, il est venu nous remettre le document de l’acte de naissance. Ceci m’a tellement plu puisque mes deux derniers enfants n’ont encore pas été enregistrés parce que leur papa n’était pas là. Je leur ai demandé de nous aider à avoir l’acte de naissance pour ces 2 enfants qui ont plus de 6 mois. Je remercie ces personnes de bonne volonté et leurs partenaires pour ce bienfait pour nos enfants ».
Pour le bonheur des enfants de la localité, les présidents des districts de Fello Koundoua se sont engagés à poursuivre la mobilisation comme le souligne Mamadou Bailo BALDE, Président du district central de Fello Koundoua -Nyaweli « Je remercie les partenaires et amis de Fello Koundoua qui sont venus nous entretenir sur les questions des enfants avec un accent sur la vaccination et l’enregistrement des naissances. Ils nous ont rappelé nos obligations vis-à-vis de nos enfants que nous confions toujours aux acteurs externes de la commune. Une fois que j’ai compris ce que nous devrions faire pour aider les partenaires, j’ai pris l’engagement au nom de ma population de faire enregistrer tous les enfants qui sont sans actes de naissances dans un an, précisément d’ici septembre 2019 avec une priorité pour les enfants qui ont moins de 6 mois. C’est pourquoi je pense aujourd’hui que tous les enfants de mon district qui ont moins de 6 mois sont enregistrés et les parents détiennent les actes de naissance. Nous continuerons cette activité avec tous les acteurs ».
Les autorités communales de Fello Koundoua promettent de maintenir le cap en vue de s’inscrire durablement dans la logique de la modernisation de l’état-civil. C’est pourquoi elles entendent travailler de façon synergique et ce, sans relâche avec les ASC (Agents de Santé Communautaire) et les ReCo (Relais Communautaires) pour la collecte et la remontée rapides des informations.
Depuis 2016, le gouvernement guinéen s’est engagé dans la réforme et la modernisation de son état civil avec l’appui des partenaires techniques et financiers tels que l’Union Européenne, la Coopération italienne et l’UNICEF. Une stratégie nationale de réforme et de modernisation de l’état civil a ainsi été adoptée en 2017 et un projet pilote est mis en œuvre dans la région de N’Zérékoré. Ce projet est en train d’être dupliqué dans les régions de Conakry et de Labé, régions ayant respectivement le plus fort et le plus faible taux d’enregistrement des naissances.
Fassou Isidore LAMA et Saa Momory KOUNDOUNO UNICEF Guinée