La crise au sein de l’enseignement pré-universitaire opposant le SLECG au gouvernement a franchi un nouveau palier, deux mois après le lancement de la grève, il faut dire que la stratégie de l’usure est en train d’avoir raison des protestations, les intimidations aussi.
Ce mardi 27 novembre 2018, notre reporter a fait le constat dans la préfecture de Dalaba, où les cours semblent reprendre timidement dans certains établissements publics, mais de façon effective.
Au lycée Béhanzin de Dalaba, il a rencontré le proviseur, Alsény Fofana, pour tenter de comprendre le mot d’ordre qui a amené certains enseignants et les élèves à accepter de reprendre le chemin de l’école dans son lycée.
JMI : Monsieur le proviseur qu’est-ce qui explique la reprise, quoique timide, des cours dans votre établissement en pleine grève du SLECG ?
Alsény Fofana : Nous avons eu des réunions au niveau du collectif, j’ai organisé plus de quatre réunions, rencontré le corps professoral afin de les supplier pour qu’ils reprennent les cours ; après nous avons fait un communiqué à la Radio rurale, pour inviter les parents d’élèves et les enseignants d’accepter la reprise des cours, parce qu’on a vu pendant près de deux mois, on ne fait que perdre. Les autres établissements malgré que c’est pas totalement pleins, ils ont repris un peu les cours, j’ai dit comme j’ai des candidats à l’examen, et puisque l’examen est national, il faudrait bien que les élèves acceptent de venir reprendre les cours
A travers cette sensibilisation hier lundi, on a reçu un certain nombre d’élèves qui étaient en tenue, d’autres ne l’étaient pas, moi j’ai pris les devants j’ai réuni tout le monde, pour pouvoir les sensibiliser, afin qu’ils reviennent suivre les cours! Hier j’ai eu 53 élèves dont 17 filles et aujourd’hui vous-même vous avez constaté sur l’effectif total j’ai eu 107 élèves dont 50 filles; donc cela est appréciable et les professeurs continuent à les sensibiliser afin qu’ils viennent recevoir les cours.
JMI : Cette démarche consiste-t-elle à se dissocier du SLECG ?
Alsény Fofana : Non, on se dissocie pas du syndicat Monsieur, mais comme la direction doit être du côté patronat, compte tenu des sensibilisations faites au cours des réunions, on a dit, il faut au moins essayer de voir comment faire reprendre, même si ne serait-ce que les terminales donc c’est loin d’une désolidarisation.
JMI : Quelle est la situation de la présence du corps professoral ?
Alsény Fofana : Concernant la présence du corps professoral, j’ai un effectif de 20 professeurs, 4 sont de la direction et les autres exercent dans les différentes classes.
JMI : Combien ont répondu depuis ce lundi ?
Alsény Fofana : Avant même lundi il y avait déjà des professeurs, on avait au moins une dizaine, généralement chaque jours j’ai 5, 6 ou 7 professeurs présents et les élèves ne venaient pas sur les 20 c’est seulement 4 ou 5 qui se présentaient.
JMI : Qu’est qui les a poussés à venir de plus en plus nombreux ? Sont-ce les menaces ?
Alsény Fofana : Moi je n’ai jamais menacé un professeur plutôt je les ai suppliés, je leur ai demandé, parce qu’il faut connaître le management. On ne peut pas menacer un professeur, loin de là, c’est un cadre, il est libre! Les professeurs n’ont pas été menacés pour reprendre mais plutôt sensibilisés, l’objectif c’est qu’ils acceptent de revenir reprendre les cours…
JMI : Est-ce la menace du gouvernement qui vous a fait plier ?
Alsény Fofana : Le gouvernement a menacé, mais vous savez que les gens n’ont pas peur! J’ai appris de la même manière que vous que des enseignants ont subi des menaces de la part des autorités mais chez nous ici à Dalaba, nous n’avons pas connu de tels cas. Personne n’a été interpellé ou condamné, il y a eu des manifestations, les enseignants, les professeurs d’une manière générale ont manifesté. Ils sont allés à la DPE faire des revendications, mais ils n’ont pas perdu plus de 15 minutes.
Entretien réalisé par Mamadou Aliou DIALLO pour JMI
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