Après soixante ans d’indépendance politique, en dépit de nos immenses potentialités économiques et humaines, nous figurons toujours parmi les pays les moins avancés d’Afrique et du monde. Cette lourde responsabilité n’incombe qu’à nos dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays. De 1958 à nos jours, c’est la gouvernance du pays qui explique notre retard économique.
« Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ». Cette phrase prononcée il y a 60 ans est aujourd’hui plus vivante que jamais. Libres, nous le sommes. Mais encore pauvres…
Dirigé tour à tour par feu Ahmed Sékou Touré, feu le général Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara, le général Sékouba Konaté, et actuellement par le professeur Alpha Condé, notre pays est-il condamné à n’être riche que de ses potentialités ?
Au regard de son histoire, l’on serait tenté de répondre par l’affirmative.
Avoir des dirigeants visionnaires
Les problèmes économiques et politiques, les lenteurs administratives et la corruption presque institutionnalisée chez nous restent des éléments de blocage énormes qui pèsent lourdement sur le facteur développement tant nécessaire à la mise en valeur de nos ressources humaines et minières. Notre pays n’a malheureusement pas toujours eu la chance d’avoir des dirigeants visionnaires susceptibles de briser le cercle vicieux du mal développement.
Au lendemain de notre indépendance, le règne de 26 ans du PDG, le Parti démocratique de Guinée, s’appuyant sur une dictature tropicale n’a guère trouvé de solutions à l’essentiel des préoccupations économiques des citoyens.
Le 3 avril 1984, avec l’arrivée des militaires au pouvoir et la chute de la dictature, une vague d’espoirs gagna tous les Guinéens. Quelques années plus tard, il fallait déchanter. A la mort de Lansana Conté, l’économie du pays est à terre.
Les Guinéens qui peinent à avoir un plat par jour, importent pratiquement tout ce qu’ils consomment (notamment le riz, l’aliment de base), alors qu’ils habitent un vaste et généreux jardin. En plus d’être traversé par plusieurs grands fleuves de la sous –région –ce qui lui vaut son appellation de « château d’eau de l’Afrique » -, le pays est arrosé par des pluies abondantes six mois par an. On y trouve tout, ou presque : riz, tomate, oignons, café, cacao, bananes, melons…
Mais l’agriculture qui renaît est en difficulté, à l’image de tous les autres secteurs, passant de 90% du PNB du pays avant l’indépendance à moins de 20% ces derniers temps. Signe le plus éloquent de cette régression, le pays n’est plus cité en exemple dans le secteur de la banane, alors qu’il était, avec 700.000 tonnes, et loin devant la Côte d’Ivoire, le premier exportateur du temps de l’Afrique occidentale française.
Faire le bilan d’Alpha Condé
C’est ce pays économiquement meurtri qui assiste au retour de la grande muette aux affaires après la disparition de Lansana Conté. Une transition militaire, qui cahin-caha, sous la pression de la communauté internationale va conduire le pays aux premières élections véritablement ouvertes. Avec à la clé l’accession à la magistrature suprême du professeur Alpha Condé pour un premier mandat de cinq ans.
Dans moins de deux ans, le second et dernier mandat du professeur Alpha Condé sera bouclé. Et à l’occasion, son bilan sera établi. Un exercice qui consistera à mettre au regard de ses nombreuses promesses, les actes qu’il aura posés.
Sans passion mais avec objectivité, le bilan global de sa gouvernance va être fait. Au bout du compte, l’on sera fixé sur le sort de notre cher pays, qui en dépit de quelques notables avancées se cherche encore.
Va-t-on enfin commencer à goûter aux délices de la bonne gouvernance ?
Thierno Saïdou DIAKITE pour JMI
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