Absent de la réunion du comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la crise dans son pays le Maréchal libyen, Le maréchal Khalifa Belqasim Haftar a rencontré le président de ce comité, le congolais Denis Sassou-N’Guesso, le 16 septembre 2017, à Brazzaville. L’homme fort de l’Est de la Libye a dit à la presse qu’il place sa confiance dans la médiation de l’Union africaine, parce que les pays non africains interviennent dans son pays pour leurs propres intérêts. Ci-dessous, l’intégralité de son interview à la presse.
Question : Il y a de cela une semaine, jour pour jour, sous l’égide de l’Union Africaine que les protagonistes de la crise libyenne se sont retrouvés ici à Brazzaville. Vous n’avez pas été de la partie. Est-ce un désaveu ou un refus de l’implication de l’UA pour vous ? A l’issu de la réunion de Brazzaville, un feuille de route qui a été arrêtée et parmi les points qui y figurent, il y a le dialogue inter-libyen qui se tiendra en décembre à Addis-Abeba. Est-ce que vous serez de la partie ?
Maréchal Haftar : Tout d’abord la réunion a eu lieu la semaine dernière, sous l’égide de l’UA, nous étions représentés lors de cette réunion. Il y avait aussi beaucoup des représentants libyens qui étaient présents. Les raisons qui nous ont empêchés d’être présents, ce sont des questions sécuritaires. Vous le savez nous combattons le terrorisme dans notre pays. Nous faisons face à des organisations terroristes comme l’Al-Qaïda et autres. Nous avons dû mener des batailles y compris au moment où se tenait la réunion du comité de haut niveau de l’UA et, grâce à Dieu, nous avons réussi à reprendre le territoire. Nous pouvons dire que l’armée nationale libyenne a repris 93% du territoire libyen. Donc, c’est l’unique raison pour laquelle nous n’étions pas présents, mais encore un fois, nous étions représentés.
Ensuite, en ce qui concerne la médiation de l’UA, nous considérons que personne d’autre que l’UA, que l’Afrique ne pourrait efficacement venir aux côtés du peuple libyen et aider la Libye à sortir de la crise qu’il connait depuis 2011. L’UA a entrepris cette médiation et je considère que c’est un devoir pour l’UA que de venir en aide à la Libye et au peuple libyen, comme c’est le devoir de la Libye de venir en aide à certains pays africains, lorsqu’il s’agit de vivre la situation contraire.
Nous sommes tout à fait heureux de cette médiation et nous voulons que cette médiation réussisse, contrairement à d’autres médiations de la communauté internationale, parce que nous savons que d’autres pays qui ne sont pas africains, qui sont des pays occidentaux interviennent dans la situation en Libye pour les intérêts propres à eux, ils n’ont pas pour intérêt, notre pays et notre peuple. Oui, nous avons de la considération pour la médiation de l’UA. Oui, nous soutenons l’UA dans cette médiation et nous voulons qu’elle réussisse parce que nous comptons beaucoup sur nos frères africains.
Question : Parmi les actions du comité du dialogue, il y a la révision des accords de Skhirat. Quel est, à votre avis, les points qui méritent d’être révisé ? Et quel est le message que vous adressez au peuple africain qui a hâte de voir la Libye retrouver la paix ?
MH : Aujourd’hui la situation est différente. Les accords de Skhirat arrivent bientôt à leur terme. Donc, les modifier, les amender ou les annuler n’a plus aucun sens puisque ces accords arrivent à terme. Maintenant, si vous me demander ce que je pense des accords de Skhirat, je l’ai toujours exprimé publiquement, nous pensons que ces accords n’ont pas été bénéfiques pour le peuple libyen ; et que les responsables libyens qui ont été partie prenante de ces accords n’ont rien fait pour améliorer la situation en Libye. Ils n’ont pas réussi.
Donc, aujourd’hui, amender ou ne pas amender les accords de Skhirat n’a plus de sens. Nous avons évoqué l’U.A, mais elle n’est pas un pays mais l’U.A est une organisation avec énormément des pays qui représentent l’Afrique. Nous comptons sur la voie de l’U.A, parce que c’est une voie qui est importante pour nous. Le soutien de l’U.A est très important pour nous et l’U.A doit nous soutenir politiquement, parce que nous combattons le terrorisme dans notre pays.
Le terrorisme n’est pas une menace qui vise la Libye seulement. Le terrorisme vise le monde entier et tous ceux et celles qui luttent contre le terrorisme doivent soutenir ceux qui luttent contre le terrorisme. Nous comptons énormément sur l’U.A pour nous aider y compris avec des déclarations politiques fortes pour lutter contre le terrorisme et pour aider notre pays à se relever.