La presse française ne veut pas en finir avec l’homme qui a défié le Général De Gaulle. Elle tient à salir sa mémoire en ramenant toutes ses actions à la seule violation des droits humains. Dans l’émission de Juan Gomez de ce matin, consacrée à Sékou Touré, les 40 mn n’ont porté que sur le Camp Boiro (violation des droits humains).
Rien n’a été abordé sur les nombreux acquis du regime de Sékou Touré.
1. Aucune minute du débat sur le système éducatif qui a consacré l’enseignement de masse permettant aux enfants des plus pauvres de se former aux frais de l’Etat.
2. Aucune minute sur l’industrialisation et les infrastructures de la Guinée sous Sékou Touré.
3. Aucune minute sur le panafricanisme et l’anticolonialisme de Sékou Touré et son implication dans la décolonisation de l’Afrique.
4. Aucune minute sur le rôle joué par Sékou Touré dans la création des organisations régionales et la résolution des conflits.
De Sékou Touré, les médias français ne parlent que du Camp Boiro. C’est irresponsable.
Restons alors dans la logique de cette presse. Une logique qui consiste à ne parler que des violations des droits humains par les Chefs d’Etat.
1. Du Général De Gaulle : Pourquoi la presse française et ses relais africains ne parlent jamais du massacre de Thiaroye le lundi 1er décembre 1944 où des dizaines de soldats Africains ont été massacrés pour avoir réclamé leurs indemnités après avoir combattu pour la libération de la France.
C’est le Général De Gaulle qui était Président du gouvernement provisoire de la France. Aucun des officiers auteurs de ce crime n’a été sanctionné
192 soldats ont été tués par les officiers français sur ordre ou avec la caution de De Gaulle. De cela, personne n’en parle. Au Sénégal et ailleurs en Afrique, dds édifices portent le nom de De Gaulle.
2. De Senghor
Étant un serviteur de la France, Senghor a toujours bénéficié d’une peinture élogieuse faisant abstraction des violations sous son règne.
On ne parle guère de ce qu’il a fait subir à Mamadou Dia et Waldiodio Ndiaye pour sa soif d’un pouvoir au service de la France. On ne parle pas non plus des répressions sanglantes des jeunes manifestants durant les années 60.
L’aéroport de Dakar, un stade à Dakar et d’autres édifices portent le nom de Senghor.
La même observation est valable pour tous les Chefs d’Etat qui faisaient l’affaire de la France comme Houphouet-Boigny, Ahmadou Ahidjo, Gnassimbé Eyadema, Bokassa, Mobutu…
Tant qu’un Chef d’Etat africain se met au service de la France, ses exactions ne sont jamais révélées à l’opinion. Il a fallu que Bokassa se tourne vers la Libye pour que les médias français commencent à parler de ses crimes et à denigrer son régime qu’ils ont installé.
Du régime de Sékou Touré, parler du Camp Boiro ne me dérange pas.
Le camp Boiro est une triste réalité où nos compatriotes ont subi des atrocités.
La faute du régime de Sékou Touré est le fait qu’il n’y ait pas eu de jugement des personnes interpellées dont certaines ont été pendues, fusillées, larguées, soumises à la diète ou mortes de maladies.
Aucune de ces personnes n’est passée devant un juge, assistées d’un Avocat.
L’émotion a privilégié une forme de justice contraire à celle du Droit.
S’il y avait eu Justice, on aurait su la vérité sur tous les complots généralement conçus ou soutenus par De Gaulle, son Foccard et ses relais ouest africains.
On ne peut pas nier la violation des droits de l’homme en Guinée sous Sékou Touré.
Tout comme on ne peut pas nier la violation des droits de l’homme sous Senghor, Ahmadou Ahidjo, Eyadema, Bongo, Mobutu,…
Pourquoi alors la presse française ne se focalise que sur Sékou Touré ?
Pourquoi ?
Le Général De Gaulle est le Chef d’Etat français qui a initié ou cautionné plus de crimes en Afrique : le massacre de Thiaroye, l’assassinat des Camerounais Um Nyobè et Félix Moumié, les guerres d’Algérie et du Biafra au Nigeria, les complots contre Sékou Touré, les assassinats de Lumumba et d’Olympio, la liste est longue.
Sur Sékou Touré, la presse française aurait montré sa neutralité en parlant de tous les aspects de son régime : éducation, industrialisation, infrastructures, décolonisation de l’Afrique, contribution à la résolution des conflits et bien sûr violation des droits humains.
Décidément, le NON de Sékou Touré à De Gaulle semble bloqué dans la gorge de la presse française et de ceux qui prennent leurs insinuations pour Parole d’évangile.
On sait que l’objectif de la France a toujours été de traîner la mémoire de Sékou Touré dans la boue à cause de son audace face au grand chef du fameux Empire colonial.
Soyons sérieux :
Des violations des droits humains sous Sékou Touré ?
Il y en a eu. Tout comme il y en a ailleurs. Des réalisations pour le développement de la Guinée sous Sékou Touré ?
Il y en a eu dans tous les domaines malgré les obstacles dressés par la France et ses laquais africains. Ça aussi, Juan Gomez et ses confrères doivent en parler.
On sait que sur Sékou Touré, la France ne parlera qu’en mal. On le sait.
Mais on ne vous laissera pas faire.
On doit parler de ce qu’il a fait tant en bien et qu’en mal.
On ne vous laissera pas manipuler l’opinion africaine comme autrefois.
Vivement que les Guinéens assument leur histoire par la vérité, la justice et le pardon.
Nos autorités doivent travailler à cela.
J’ai toujours indiqué des pistes de solutions sur ma page Facebook à cet effet.
Ibrahima Jair Keita pour JMI
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