En France, des mots de travers à l’encontre de l’icône du football du pays, Zinedine Zidane, ont coûté à son auteur, Noël Le Graët, son poste de président de fédération de football. Même s’il faut reconnaître que la personne incriminée traînait déjà plusieurs casseroles notamment des histoires scabreuses, force est de constater que ses propos à l’encontre de Zidane Zidane ont été l’élément déclencheur de son éviction. Quasiment toute la nation s’est dressée contre lui et ce du monde sportif au monde politique. Le tollé suscité a fini par le mettre en retrait de la gestion de l’instance de direction du football français.

En Guinée, Chérif Souleymane, ballon d’or africain 1972, incontestablement le meilleur footballeur guinéen de tous les temps, était membre du staff technique du Sily national.

En 1998, à l’occasion de la cérémonie de remise de drapeau au capitaine du Sily national par le Chef de l’État d’alors, cérémonie à l’époque organisée au stade du 28 septembre, une bonne partie du public s’était mise à le conspuer et à l’accuser de tous les péchés d’Israël.

Pour rappel, ladite cérémonie était organisée en prélude à la coupe d’Afrique des nations (CAN) qui devait se dérouler quelques jours après au Burkina Faso. Dans leur esprit conspirationniste, des fans du sily national accusèrent Chérif Souleymane d’être contre l’évolution de l’équipe nationale guinéenne. Au moment de la présentation des membres de l’équipe et du staff technique, les noms prononcés furent applaudis les uns après les autres.

Ensuite arriva le tour de Chérif Souleymane, une bonne partie du public du stade se mit à le huer et à scander: « Wo abana ! » qui signifie en soussou: « Enlevez-le! » en gros, ôtez-le de la liste. Cette offense teintée d’ingratitude faite à l’encontre de quelqu’un qui s’était sacrifié pour le rayonnement du football guinéen, fut très peu condamnée à l’époque en Guinée.

C’est ce qui fait la différence entre la Guinée et beaucoup d’autres pays notamment la France. Ailleurs, les légendes sont sanctifiées tandis que chez nous, elles sont humiliées. L’inversion des valeurs se ressent dans plusieurs domaines. Les gens préfèrent célébrer le parvenu qui s’est enrichi de façon étrange que d’honorer le vieil enseignant et le vieux medecin qui ont rendu tant de services à la nation.

Célébrons nos héros vivants, merci Monsieur Chérif Souleymane.

 

Ibrahima Jair KEITA pour JMI

© Copyright 2000 – 2023 | justinmorel.info