Mardi après-midi, le Président Zelensky a officialisé la candidature du centre historique d’Odessa au Patrimoine mondial de l’UNESCO, dans un discours adressé au Conseil exécutif de l’Organisation. En recevant ce dossier, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Organisation, a souligné que « cette initiative marque la confiance accordée aux mécanismes de protection de l’UNESCO ».
Dans le cadre du Conseil exécutif de l’UNESCO, le Président Zelensky s’est adressé cet après-midi aux 58 Etats membres dans un message vidéo préenregistré. Il a officialisé la candidature du centre historique d’Odessa au Patrimoine mondial, fait part de « sa reconnaissance » envers l’Organisation onusienne pour les actions qu’elle mène en Ukraine dans le cadre de son mandat et appelé à « l’expansion des efforts conjoints » pour protéger le patrimoine culturel du pays.
L’UNESCO a reçu formellement le dossier de candidature dans la matinée d’une délégation conduite par l’Ambassadeur Vadym Omelchenko, Délégué permanent de l’Ukraine auprès de l’UNESCO, et par Hennadiy Trukhanov, Maire d’Odessa. Le dossier va à présent être évalué par les organisations consultatives et examiné dès la prochaine session du Comité du patrimoine mondial, composé de 21 Etats membres, qui auront la responsabilité de statuer sur cette candidature.
« Le centre de la ville portuaire d’Odessa, creuset d’échanges et de migrations, s’est construit grâce à des influences multiples. Il porte un héritage et une histoire qui résonnent à travers le monde et constituent un symbole fort », explique Audrey Azoulay, Directrice-Générale de l’UNESCO.
Conformément aux procédures établies, l’UNESCO avait mobilisé ces derniers mois des experts internationaux, avec l’appui notamment de l’Italie et de la Grèce, pour fournir aux autorités ukrainiennes un appui technique dans la préparation de ce dossier de candidature, au regard des menaces liées à la guerre en cours.
Plus qu’un acte symbolique, une protection juridique
L’inscription du centre historique d’Odessa sur la Liste du Patrimoine mondial viendrait reconnaître la valeur universelle exceptionnelle de ce site et le devoir de toute l’humanité de le protéger. Sur le plan juridique, elle établirait une zone de protection élargie au titre de la Convention de l’UNESCO de 1972 pour la protection du Patrimoine mondial.
En effet, au titre de cette Convention – dont l’Ukraine et la Russie sont toutes deux signataires – tous les Etats parties s’engagent à apporter leurs concours à la protection des sites inscrits et ont en outre l’obligation de ne prendre délibérément aucune mesure susceptible d’endommager directement ou indirectement ce patrimoine.
Par ailleurs, une inscription sur la Liste du Patrimoine mondial en péril ouvrirait aussi accès à des mécanismes d’assistance internationale d’urgence, techniques et financiers, afin de renforcer la protection du bien et d’aider à sa réhabilitation.
A ce jour, aucun des sites culturels ukrainiens bénéficiant de la protection de l’UNESCO au titre de leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial n’a été bombardé.
Plus de 18 millions de dollars levés par l’UNESCO pour l’Ukraine
Depuis le début de la guerre, l’UNESCO déploie des mesures d’urgence pour l’Ukraine dans le cadre de son mandat pour l’éducation, la culture, les sciences, l’information et la communication. Elle a déjà levé plus de 18 millions de dollars à cette fin, qui se sont traduits par la livraison de matériel pour sécuriser les musées et les œuvres d’art en plein-air, la distribution de 50 000 ordinateurs avec Google pour les enseignants ukrainiens ou encore la fourniture pour la protection des journalistes sur le terrain de plus de 600 lots de gilets pare-balles et casques.
Ces dernières semaines, l’UNESCO a amplifié son soutien à Odessa, sous la forme de trois actions :
- Le financement de la réparation des dégâts infligés depuis le début de la guerre au Musée des beaux-arts d’Odessa et au Musée d’art moderne d’Odessa. L’UNESCO prendra aussi à sa charge l’embauche de personnel supplémentaire, dédié à la protection des collections.
- Le soutien à la numérisation d’au moins 1 000 œuvres d’arts présentes à Odessa ainsi que du fonds documentaire des Archives d’Etat d’Odessa, en fournissant à l’institution le matériel technique nécessaire.
- La livraison de nouveaux équipements à l’administration régionale d’Odessa pour la protection in situ des biens culturels : panneaux de protection, sacs de sable, extincteurs, tissus ignifugés ou encore des masques à gaz seront livrés au Département de la culture, de la religion et de la protection du patrimoine architectural. Ils permettront de poursuivre le recouvrement des monuments et sculptures présents dans l’espace public engagé depuis le début de la guerre.
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