Le 26 juin 2003 se dispute au stade Gerland à Lyon un match de demi-finale de la Coupe des confédérations. La rencontre oppose le Cameroun à la Colombie. Soudain, à la 72ème , au milieu du terrain, une longue silhouette s’effondre sur la pelouse les bras en croix. Il s’agit du n° 17, Marc Vivien Foé des Lions Indomptables. Les secours arrivent quelques temps après pour l’aider dans un premier temps à respirer.
Le joueur est emmené au centre médical du stade pour subir un massage cardiaque. Mais en vain. Vers 20h30 le médecin de la Fédération internationale de football (Fifa), Alfred Müller, annonce son décès. « Son cœur s’est arrêté dès son arrivée au bloc médical. La cause du décès n’est pas clairement établie. Il faut faire une autopsie et porter le corps à l’hôpital. »
A l’annonce de la terrible nouvelle, les spectateurs et téléspectateurs n’en reviennent pas. Ils ont vécu en direct le décès d’un sportif, qui quelques minutes plus tôt débordait d’énergie. Alors qu’il fallait fêter la victoire du Cameroun, c’est la tristesse et l’émotion qui s’empara des joueurs, du public et de tous ceux qui avaient eu la chance de connaître Marc Vivien Foé.
Le défunt a vu le jour le 1er mai 1975 à Nkolo, localité située à quelques encablures de Yaoundé, la capitale. A l’instar des gamins de son âge, Marco, comme le surnomment ses coéquipiers, fait son apprentissage sur les terrains vagues et bosselés de la région. A 16 ans, il intègre l’un des deux clubs phares de Garoua de l’époque, l’Union. Contraint de suivre son père réaffecté à Yaoundé, Foé regagne la capitale, pour le plus grand plaisir d’un certain Jean Manga Onguéné, entraîneur du club corporatif Fogape (Fonds de garantie aux petites et moyennes entreprises), qui illico intègre cette force de la nature dans son effectif. A 18 ans, Marco mesurait déjà 1m86 pour 80 kg.
En 1993, il intègre le Canon sportif de Yaoundé, triple champion d’Afrique des clubs. Pour sa première année dans ce club, il étrenne la coupe du Cameroun. Le premier d’une longue série de trophées. Parallèlement à cette carrière sportive, il est engagé en sélection nationale junior, puis séniors. Sa première sélection au sein des Lions Indomptables intervient le 22 septembre 1993, lors du match amical à Los Angeles face au Mexique. L’année suivante, il prend part au Mondial américain. Quatre ans plus tard, pour la Coupe du monde en France, Marc Vivien Foé est victime d’un mauvais coup du sort. Pièce maîtresse du dispositif de Claude Leroy pour le Mondial 98, Foé se fracture le pied gauche lors d’une séance d’entraînement à quelques jours du début de la compétition. Deux ans plus tard, il retrouve sa place au sein de la sélection nationale à la CAN 2000. Le 13 février 2000, le Cameroun bat le Nigéria au Surulere Stadium, à l’issue des tirs aux buts. Les Lions Indomptables récidivent en février 2002 lors de la CAN malienne. Ils s’imposent à nouveau à l’issue des penalties, face, cette fois ci aux Lions de la Téranga du Sénégal.
Au plan médical, la disparition tragique de ce footballeur camerounais a alimenté un débat très houleux autour des causes du décès. D’après le procureur de la république française, Marc-Vivien Foé serait décédé d’une arythmie cardiaque imputée à une somme d’efforts qui s’inscrit dans la durée. Pour prendre le contrepied de ce diagnostic, le médecin camerounais Armand Nghemkap, spécialiste en médecine et biologie du sport a livré sa part de vérité sur ce drame. Selon ce médecin, « … L’hypothèse diagnostique la plus probable est que MVF serait décédé d’un malaise cardiaque de type fibrillation ventriculaire favorisé par une hypokaliémie associée à une hypoxémie et à une hypovolémie. Cette origine métabolique jusqu’alors non explorée me paraît la plus raisonnable d’autant plus qu’elle s’adapte mieux aux conclusions de la première autopsie (absence d’éléments anatomo-pathologiques déterminant la cause du décès.)
A la lumière de cette analy
se étiologique, on peut a

ffirmer sans risque de se tromper que MVF est décédé d’une mort naturelle. Toutefois, compte tenu de la lenteur des secours, l’inadéquation de la prise en charge médicale avec les recommandations internationales sur les gestes élémentaires de survie, les contraintes du règlement de la FIFA et peut-être l’absence de matériel adéquat (masque à oxygène, défibrillateur cardiaque), loin de succomber au fatalisme, au mysticisme ou de me réfugier à une volonté divine, je reste persuadé que la mort de MVF était évitable… »
Dort en paix Lion Foé !
Thierno Saidou DIAKITE