Depuis plus de 30 ans, notre système éducatif régresse en tous points de vue. L‘Etat guinéen est systématiquement défaillant en la matière :

1) le manque d’infrastructures scolaires par rapport à la progression démographique.
Nos dirigeants ignorent que chaque année, la population augmente par centaines de milliers.
Pendant ce temps, l’Etat ne construit que peu ou pas d’écoles.
2) le manque d’entretien et d’équipements des écoles publiques existantes.
Nos écoles publiques sont délabrées et sous équipées.
3) les insuffisances qualitatives et quantitatives du personnel enseignant.
Nos équipes publiques, surtout de province, manquent cruellement d’enseignants.
Là où il y en a, la qualité fait défaut.
4) l’inadéquation de la formation avec les besoins réels de notre de notre économie.
Nos universités sont peuplées de filières improductives pour un pays qui se veut émergeant.
5) le manque d’écoles professionnelles spécialisées dans la formation des ouvriers qualifiés pour:
》les métiers ruraux (exploitants et ouvriers agricoles, éleveurs, pêcheurs),
》les métiers miniers (machinistes, autres ouvriers des mines).
》les metiers de la construction et des travaux publics (maçonnerie, menuiserie, plomberie, électricité bâtiment,…)
》les métiers de la technologie industrielle (mécanique industrielle, électromécanique, électrotechnique, chaudronnerie, électricité industrielle, construction navale,..)
》les métiers de la mécanique automobile.
6) la disparition (dans nos collèges et lycées) des filières préparatoires à ces formations de qualité :
》filière mécanique
》filière génie civil
》filière agri-pastorale
》filière biomédicale
7) notre entêtement à encourager et orienter nos enfants dans les filières comptables, financières, juridiques, sociales etc, pour constituer un volcan de chômeurs dans un pays qui a besoin d’ouvriers et de techniciens qualifiés, au regard de son potentiel minier et agricole, mais aussi de son devenir industriel.
 le manque de formation et de perfectionnement continus dans l’enseignement fondamental, l’enseignement technique et l’enseignement supérieur.
9) la disparition des collèges techniques, des célèbres écoles normales et des IPS qui ne sont plus que de lointains souvenirs.
Dans nos lycées, il n’y a plus de Professeurs de Dessin technique, de technologies, d’électricité, de mécanique, de RDM,…
10) la démission systématique de l’Etat, abandonnant le système éducatif dans les mains des privés qui comptent le plus grand nombre d’écoles et d’élèves dans les centres urbains de la Guinée.
Par le manque d’écoles publiques et à cause des effectifs hyper pléthoriques, même les pauvres vendeuses de piments sont obligées d’inscrire leurs enfants dans les écoles privées.
C’est la plus grande forme d’applaudissement des ménages : par manque d’écoles publiques, les chefs de ménages sont obligés de consacrer les maigres revenus aux frais d’écolage de leurs enfants.
Comment les ménages peuvent-ils faire des économies pour les vieux jours et des lendemains radieux ?
C’est l’une des raisons de la précarité en milieu urbain. Ce facteur passe inaperçu. Il est pourtant une évidence.
Et dire que certaines de ces écoles sont fondées par des fonctionnaires !
Dans notre pays, tout ce qui était bon a été abandonné par les dirigeants dont les enfants sont régulièrement envoyés dans les grandes écoles en Europe et en Amérique aux frais du contribuable, pour la plupart.
C’est l’hypocrisie de la classe dirigeante guinéenne, de Lansana Conté à Alpha Condé !
Que dire de la formation des enfants de nos braves paysans et ouvriers urbains qui tirent le diable par la queue.
Même les bourses d’études offertes par la coopération internationale ne sont destinées qu’aux enfants de ceux qui nous gouvernent, de ceux dont les parents sont fortunés ou qui ont des relations équivalant à des passe-droits.
Autant d’insuffisances qui caractérisent notre système éducatif.
Je suis outré de constater que le Ministère de l’éducation est en train d’introduire des filières dîtes scientifiques et filières sciences sociales dans nos écoles, à la rentrée prochaine.
Au lieu de mettre la main dans la plaie pour guérir notre mal, nous continuons à faire du rafistolage et nous vanter d’avoir innové.
Ouvrons nos yeux, ouvrons nos esprits !
Tant que nous continuerons sur ce chemin, nous ne verrons pas le bout du tunnel.
Lorsque les vraies industries commenceront à s’installer en Guinée, ce sont les jeunes ouvriers qualifiés des autres pays qui viendront occuper les postes d’emplois destinés à nos enfants.
Ces entreprises auront logiquement besoin de techniciens dans un pays qui n’a formé que des bavards et des théoriciens imbus d’un nationalisme anachronique.
C’est à ce moment que nous allons nous révolter contre les investisseurs étrangers pour avoir privilégié les ouvriers des autres nationalités à la place de nos enfants.
Une entreprise minière, industrielle, agricole etc, a plus besoin de techniciens formés et opérationnels que de comptables, de juristes, de sociologues et autres métiers de la littérature improductive et de la falsification des comptes.
Diriger, c’est prévoir
1) la Guinée est en déficit d’infrastructures scolaires.
Conséquemment, elle doit construire des centaines d’écoles pour l’enseignement fondatemental.
Elle doit tenir compte de l’évolution démographique pour se programmer à cet effet.
2) la Guinée doit cesser de former les métiers qui ne s’exercent que dans les bureaux climatisés.
Elle doit construire des dizaines d’écoles professionnelles pour les métiers de la technologie industrielle, de la construction, de l’agropastorale, de la santé, de l’enseignement,..
Elle doit dans cette lancée, instituer les Collèges et lycées techniques, ainsi que le baccalauréat professionnel pour prétendre former des ouvriers et des ingénieurs de qualité qui peuvent exporter leurs savoir-faire.
Un bachelier qui ne sait pas présenter une perspective cavalière, une coupe longitudinale ou une étude technologique d’une pièce mécanique ne sera jamais un bon ingénieur au terme de ses 5 ans d’études universitaires.
3) la Guinée doit restituer au métier de l’enseignement son titre de noblesse.
Que l’enseignant guinéen soit fier de son métier, comme ce fut au temps colonial.
L’exemple Sud-coréen, où les enseignants sont parmi les mieux payés, devrait nous inspirer.
4) les dirigeants et les hauts fonctionnaires Guinéens doivent cesser de tromper le peuple, en privilégiant leurs enfants qui suivent de bonnes formations à l’étranger contre la médiocrité qui est servie aux enfants des autres ; les enfants du peuple soumis.
En qualité d’Exrra-muros, je donne des cours dans des universités, pour les aider à rehausser le niveau des étudiants dans le domaine de ma compétence.
Je sais de quoi je parle.
Nous avons des enfants très intelligents qui, hélas, ont raté la base : la qualité de l’enseignement au primaire.
Cessons de nous amadouer.
Soyons sérieux.
Les grandes nations du Tiers-Monde doivent leurs puissances à la qualité de la formation des techniciens, tous métiers confondus.
Dans un pays comme le nôtre, nous devons nous imposer et faire pérenniser deux priorités fondamentales :
LA PAIX ET LA FORMATION.
Wa Salam.
Ibrahima Jair Keita pour JMI