Je suis en larmes. Mon ami Ibrahima Bah, journaliste sportif de la RTG, s’est éteint ce jour. Je viens de l’apprendre. Ne m’aidez pas à pleurer. Aidez-moi à prier pour le repos de son âme. J’ai fait la connaissance d’Ibrahima Bah, un jour de mars 1980, à la FASSONAD (Faculté des Sciences Sociales et de la Nature de Donka).
Je faisais 3eme année Sciences Sociales Option B, il faisait 2ème année Biochimie et avait une extraordinaire facilité de communication, à l’instar de ses condisciples Hawa Touré et Ibrahima Ahmed Barry. D’une année, ma promotion était en avance sur la sienne. Rédacteur en chef de la presse universitaire, je ne savais pas qu’il était au nombre des lecteurs assidus de mes publications régulièrement affichées au rez-de-chaussée.
Un jour de ce mars, dans les préparatifs de la semaine culturelle des universités (semaine du PDG), je suis à la recherche d’acteurs devant jouer les premiers rôles dans la pièce de théâtre que je finissais d’écrire pour notre Faculté.
Dans mon embarras, voici un étudiant en Biochimie qui se présente à moi et qui se porte volontiers pour nous permettre de surclasser les autres universités. Le titre de la pièce de théâtre était : DE LA RODHÉSIE AU ZIMBABWE, L’AFRIQUE EN MARCHE. Personne ne croyait à la réussite de mon projet en si peu de temps. Sauf cet inconnu qui croyait en moi.
En 2 jours, Ibrahima Bah et Issa Condé ont maîtrisé leurs partitions: Ibrahima Bah jouant le rôle d’Enos N’Kala (Premier ministre des AE du Zimbabwe indépendant) et Issa Condé jouant le rôle de Robert Mugabé.
En plus de la maîtrise du texte, Ibrahima Bah a sû faire des improvisations dignes d’un Shona ou d’un Ndébélé. Ladite pièce a été présentée quelques jours après la proclamation de l’indépendance du Zimbabwe et classée Première de la compétition.
Je le dois aux brillants acteurs dont Ibrahima Bah. Depuis, l’homme est devenu mon ami.
Passionné du football comme Lawal Camara, Gassimou Sylla et bien d’autres, il a pris le pseudonyme d’Alain Breneaud, le très bouillant journaliste sportif français qui couvrait les matchs du Hafia dans les années 70.
Au terrain rouge de la FASSONAD, Ibrahima Bah a donné les premiers signes d’un bon journaliste sportif. « Jaïr. Comment tu as trouvé ma narration d’hier ? » Se plaisait-il à me demander sans complexe pour le biochimiste qu’il est. C’est cette simplicité qui a permis à l’homme de se transcender dans le métier de journalisme qu’il a embrassé quelques années plus tard.
Coïncidence pour Coïncidence. Je croise mon chemin avec Ibrahima Bah dans la vie active en 1994 à l’occasion d’un match de gala que j’ai initié entre l’UGAR et la BICIGUI, pour le départ d’un expatrié. Ce match de gala a conforté mon ami Bah qui murissait un projet de compétition corporative de football.
C’est ce genre de compétition qui a révélé et propulsé de grands footballeurs Guinéens à la fin des années 60 : Condé Sékou, Soumah Soriba ÉDENTÉ, Petit Sory, COLEV et autres.
Voilà comment Ibrahima Bah a relancé et institutionnalisé les compétitions corporatives de football après 2 décennies d’interruption.
Pour réussir, je lui ai conseillé de commencer par le secteur des Banques et assurances.
Au bout de 2 éditions, il a réussi à fédérer les autres branches professionnelles.
La compétition a vite pris une dimension nationale, avec un engouement extraordinaire des syndicats et des Chefs d’entreprises.
La compétition a prospéré plus d’une décennie au stade de la Mission catholique à Kaloum, jusqu’à la détérioration subite de sa santé au début des années 2010.
La FEGUIFOOT, la RTG, le Ministère des Sports, les centrales syndicales et les Patronats de notre pays doivent rendre un hommage à Ibrahima Bah.
Il aura lutté, dans l’oubli, une dizaine d’années environ, contre un AVC qui aura finalement eu raison de lui. Alain Breneaud, Enos N’Kalla, comme j’aimais à t’appeler, le football corporatif a été relancé à ton initiative, par ta témérité.
En cela, la FEGUIFOOT et les Centrales syndicales doivent te rester reconnaissantes.
Pour sa part, ton complice et ami Jaïr te reste à jamais reconnaissant.
Que ta famille biologique et ton maître de stage Fodé Bouya Fofana trouvent en ces lignes mes condoléances des plus émues.
Puisse Dieu te pardonner tes péchés et t’ouvrir les portes du NIRVANA.
Ton frère et ami Jaïr, à jamais !
Ibrahima Jair KEITA