Est-ce que c’est nécessaire ?  Oui. Est-ce que c’est opportun maintenant ? Non. Pourquoi ? Le prix du carburant est augmenté de 22,22%. Passant de 9 000 à 11 000 GNF. Soit 2 000 GNF de plus. Cela implique de facto, une augmentation du tarif des transports publics de voyageurs et de marchandises. 
Est-ce que les conditions sont réunies en faveur de tous les acteurs des transports : transporteurs artisans, sociétés de transports, voyageurs urbains et inter-urbains ?
Je ne pense pas. En cette période de vache maigre due au Covid, certaines conditions préalables auraient dû être réunies notamment dans la capitale, avant d’augmenter le tarif dans cette proportion :
☆ La reconstruction de la voie du chemin de fer sur 40 km et la reprise sur ladite voie du train Conakry-Express.
Une bonne négociation avec l’Etat chinois pourrait permettre au train de la banlieue d’avoir son autonomie et de faire une dizaine de mouvements pendulaires par jour, pour la mobilité des Conakrikas en toute sécurité.
Avec 2 000 passagers par voyage, le train Conakry-Express pourrait transporter plus de 20 000 voyageurs par jour à un tarif abordable pour les plus démunis.
En plus, sa mise en service réduirait sensiblement le nombre de véhicules en circulation. Les habitants de la haute banlieue et du grand Conakry préféreraient laisser leurs véhicules à domicile ou dans les gares en faveur du train.
☆ La capacité de SOTRAGUI , société de transport urbain, devrait être revue à la hausse en termes de quantité de bus, de diversification des lignes et de qualité de la prestation.
☆ La création des coopératives de transport urbain devrait être initiée et mise en œuvre pour regrouper les transporteurs-artisans, en vue de la desserte des transversales et des axes secondaires.
Un fonds revolving sur une ligne de crédit bien géré, avec l’implication des importateurs de véhicules et des assureurs (pour garantir les emprunts), pourrait aider à civiliser le secteur du transport urbain à Conakry. Regroupés en coopératives, les transporteurs ont toutes les chances d’être accompagnés par l’Etat et les acteurs divers, en vue de se qualifier.
C’est vrai que le prix du carburant est moins cher que chez nos voisins. Mais, chez nos voisins, le transport terrestre est mieux organisé. La récente publication du tarif des transports urbains par le Syndicat des transporteurs fait sourire. On ne peut pas demander à un Taximan de Conakry de maintenir le prix de la course à 1 500 GNF dans une ville en perpétuel bouchon, alors que le prix du carburant a augmenté de 22,22 %. Ça ne repose sur aucune logique, sauf s’il y a des stations services dédiées aux Taxis, avec un prix spécial.
Cette Décision de l’Union des Transporteurs a peu de chances de prospérer. Le prix de la course en Taxi devrait être porté logiquement à 1 700 ou 1 750 GNF.
Je sais que vous êtes en train de penser au problème de monnaie. Oui. Il y aura des problèmes de monnaie pour la raison bien simple que les Guinéens et leurs dirigeants ne sont pas fiers de leur monnaie nationale : le Franc guinéen.
Toute monnaie digne de ce nom, doit avoir ses pièces et ses centimes en circulation, fièrement utilisés dans les transactions commerciales. C’est l’une des raisons de la dévalorisation de notre monnaie par nos économistes, nos banquiers, nos dirigeants et nous mêmes.
Je parie que si vous interrogez 100 Guinéens à Kaloum, personne ne pourra sortir de son porte-monnaie une pièce de 100 ou de  50 Francs guinéens. Nous avons tellement foulé notre monnaie aux pieds que, de fait, l’unité monétaire est monté à 500 francs Guinéens, la plus petite valeur marchande. Un montant qui ne fait plus sourire nos mendiants.
Aucun objet n’est vendu à 50 francs, 25 francs ou 1 franc guinéen. La marchandise la moins chère est généralement vendue à 500 Fg.
Ces raisons et bien d’autres m’obligent à SUGGÉRER LA DÉVALUATION DU FRANC GUINÉEN. Parallèlement à cette opération, le toilettage de tout le système financier, l’indépendance effective de la Banque centrale et la rigueur absolue de la gestion de l’administration et de l’appareil économique.
C’est ce que je crois.
Et il est tant de le faire pour répondre dignement aux critères de convergence de la nouvelle monnaie Ouest-africaine en perspective.
À bon entendeur, SALUT.
Ibrahima Jair KEITA