J’ai lu avec soulagement la réaction du Ministère de la défense par un communiqué rendu public lundi 10 mai. Le fait de réagir est une très bonne chose. C’est, en tous les cas, mieux que le silence. C’est très salutaire que l’Etat veuille donner à l’uniforme de nos forces de défense et de sécurité tout son sens républicain. Toutefois, il me semble qu’il y a mille et une manières d’identifier et d’interpeller les agents en uniforme, encore postés dans les domiciles privés.
On pourrait, pourtant, le faire discrètement, sans tintamarre ni cortège de près d’une dizaine de pick-up. Cette manière, fortement militarisée, n’est pas à l’honneur de l’Etat de droit que nous voulons construire. Notre gendarmerie est si bien formée, qu’elle est capable de recenser discrètement en 3 journées, tous les militaires, gendarmes et policiers qui servent d’agents de sécurité aux domiciles et derrière les hommes d’affaires sur l’étendue du territoire.
À mon avis, la meilleure démarche aurait été de passer le message de l’interdiction dans les différentes unités et au niveau des organisations patronales. Les agents et les opérateurs économiques concernés auraient pris leurs dispositions, sans que l’opinion n’en soit informée.
Une patrouille de 7 pick-up remplis de gendarmes, se promenant dans les quartiers de Conakry pour sillonner les domiciles des opérateurs économiques de grande réputation, ne donne pas une image rassurante et sécurisante de notre pays. Ça fait peur aux Guinéens et aux étrangers. Ça crée la peur et le doute dans les esprits. En plus, je crois que certains opérateurs qui sentent leur sécurité menacée peuvent solliciter les services publics dans les normes à définir.
Rappelons-nous des récents enlèvements de certains de nos hommes d’affaires contre rançons par un réseau international de malfrats ; une pratique qui a tendance à prendre corps dans notre société. C’est vrai que les hommes d’affaires ne doivent pas parader avec nos hommes en uniforme à leurs guises, sans y être autorisés par les structures compétentes.
C’est aussi vrai que la sécurité de ces hommes d’affaires doit préoccuper l’Etat.
Si des hommes en uniforme assurent la sécurité des guérisseurs ou d’autres personnes qui ne sont ni Ministres ni Présidents d’institutions, il va falloir réfléchir pour la sécurité de certains de nos hommes d’affaires qui contribuent à la croissance de notre économie par la création de nombreux emplois et par le renflouement des caisses de l’Etat.
A mon avis, ce qui s’est passé chez Antonio Souaré est une maladresse qu’il faut éviter pour l’image de notre armée et de notre pays. Les faits et gestes de nos services de sécurité doivent nous rassurer au lieu de nous apeurer et nous faire douter.
Ensemble, réfléchissons aux initiatives qui rassurent toutes les catégories sociales et professionnelles pour la quiétude et la cohésion nationale.
Ibrahima Jair KEITA pour JMI