Il y a un an, jour pour jour l’archange du Mandingue était rappelée à Dieu le Tout Puissant et Miséricordieux. Arrivé à Coléah Cité en 1965, j’ai eu le privilège de faire très tôt la connaissance de cette grande dame de la musique guinéenne, que je compare à la française Edith Piaf, que j’ai connue lors de mon séjour en France en 1960.
Habitant juste à la rentrée de Coléah Cité à l’angle du carrefour qui mène sur la route de Niger, tous les jours, je voyais passer Hadja Kadé et son époux sur la mobylette de marque Simson. Et ensuite, la défunte fut une grande amie de ma défunte mère. Si bien que chaque fois que nous rencontrions ç des cérémonies de mariage ou baptême, elle m’apostrophait ainsi  » Ntéri Hadja denkè  », littéralement traduit  » le fils de mon amie Hadja ». C’est dire les liens qui unissaient notre famille à la défunte.
Je profite encore de l’évocation du souvenir de Hadja Kadé Diawara pour souligner l’importance et le rôle  que devrait avoir notre musée national. On devrait retrouver dans cette institution tout ce qui pourrait retracer la vie de nos compatriotes qui se sont distingués par exemple dans le sport et la culture : des instruments de musiques, des tenues de scènes, des photos, vidéos et autres supports, pouvant servir de témoignage matériel sur la vie des défunts.
En ce jour anniversaire de la disparition de cette cantatrice hors paire que nous avons eue, je publie ci-dessous le virant hommage que mon homo, Monenembo lui a rendu à l’annonce de son décès.
Les éloges de Tierno Monénembo
Informé du décès de Hadja Kadé Diawara, l’écrivain Tierno Monénembo réagit en ces termes’’ Je ne sais pas si les jeunes d’aujourd’hui savent qui c’était. (Ndlr Kadé Diawara). Pour ceux de ma génération (qui dans les années 60, allaient sur leurs 13 ans-14-15 ans), Kadé Diawara était une fée, un monument du répertoire guinéen.
Pour nous, deux voix résonnaient alors au firmament de notre musique : Kouyaté Sory Kandia, et Kadé Diawara. Un duo mythique, un couple uni par l’amour du pays et par la passion de la mélodie. Deux voix exceptionnelles qui, chacune dans son registre, s’imposait d’un bout à l’autre du continent.
Citez-moi un seul chanteur africain que l’on peut comparer à Kandia ! Je n’en vois pas. Citez-moi une seule chanteuse qui peut atteindre en talent et la virtuosité de Kadé Diawara ! Miriam Makeba, peut-être.
Kadé Diawara s’en va comme tant d’autres valeureux guinéens, c’est-à-dire dans l’anonymat et dans le dénuement. C’est comme ça dans notre satanée Guinée où tout va à l’envers : les fripouilles au sommet ; les prodiges au fond de la gadoue !
Adieu grande dame, que Dieu vous reçoive en son paradis !
Paix éternelle à son âme!
Thierno Saidou DIAKITE pour JMI