Cela faisait quinze ans que le fabricant allemand avait avalé la marque américaine pour tenter de rivaliser avec le leader mondial Nike. Mais la greffe n’a jamais pris, constatent les médias allemands.
L’équipementier américain, fondé en Grande-Bretagne en 1895, a pourtant été l’une des plus grandes marques d’articles de sport, quand, dans les années 1980, Jane Fonda l’avait rendu si populaire, rappelle le quotidien libéral de Munich. Mais son rachat en 2006 par Adidas pour 3,3 milliards d’euros n’a pas permis de “réduire l’écart avec le leader du marché, Nike”.
Pis, le mariage n’a jamais marché, tournant au “malentendu transatlantique majeur”. Jamais Reebok n’a été “en mesure de répondre aux attentes de sa maison mère allemande”.
Comme dans les histoires de couple, “ils ont presque tout essayé pendant quinze ans”, explique Die Welt. En commençant par redresser l’image de Reebok, pour en faire le spécialiste du fitness féminin, avec des collections confiées à Victoria Beckham ou des baskets conçues en collaboration avec Cardi B. Mais “Reebok n’a jamais fait de bénéfices à la hauteur de ceux du groupe Adidas, et a même parfois enregistré des pertes”, résume le quotidien conservateur.
Reebok ne fait plus partie du plan
La décision était d’autant plus attendue que le PDG d’Adidas, Kasper Rorsted, a prévu de présenter le 10 mars son “nouveau plan stratégique” pour les cinq années à venir, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Reebok n’en fait clairement pas partie. “Après mûre réflexion, nous sommes arrivés à la conclusion que Reebok et Adidas peuvent exploiter leur potentiel de croissance de manière nettement plus efficace indépendamment l’un de l’autre”, a déclaré mardi le patron.
800 millions, 1 milliard, 2,4 milliards ?
Reebok compte 4 300 employés, dont 3 000 dans les points de vente. Mais en 2019, “avec 1,75 milliard d’euros, il n’a contribué que pour 7 % au chiffre d’affaires du groupe”. Les ventes au cours des neuf premiers mois de 2020 “ont chuté de 20 % pendant la crise du Covid-19, un peu plus que celles de la marque phare Adidas”, rappelle le quotidien de Francfort.
Adidas n’a pas parlé d’acheteur potentiel. “Reebok a toujours une valeur comptable de 803 millions d’euros”, avance Die Welt, un “prix plancher selon les experts”. Le grand quotidien de Francfort, lui, estime que “Reebok pourrait rapporter environ 1 milliard d’euros”. Quant à la Süddeutsche Zeitung, elle souligne que Reebok a “de nombreux fans dans le basket et le showbiz aux États-Unis” et que pour les médias américains, “le prix d’achat se situe à 2,4 milliards d’euros”.