La brillante participation de notre pays à la sixième édition du CHAN, le championnat d’Afrique réservé aux footballeurs évoluant sur le continent, semble donner un regain d’espoir aux nombreux fans de foot du pays. A y regarder près, de notre point de vue, c’est la partie visible de l’iceberg de notre football national. Décryptage !
A la suite du tirage effectué pour déterminer les groupes du tournoi final programmé au Cameroun, la Guinée a été placée dans le Groupe D en compagnie de la Namibie, de la Tanzanie et de la Zambie. Basé à Limbé, une station balnéaire, le Syli local entame la compétition de fort belle manière avec à la clé une victoire sans appel de trois buts contre rien. La seconde sortie contre la Zambie est un peu plus compliquée et se termine par un score de parité (2-2). La troisième et dernière rencontre du groupe se termine aussi par un nul (1-1). Avec donc cinq points au compteur, notre équipe se qualifie pour les quarts de finale avec pour adversaire la Tanzanie. Une très motivée et physique qui joue son va-tout contre des Guinéens, techniques et bien en place sur le terrain. La Guinée, comme en 2016 au Rwanda franchit ce second tour et se retrouve dans le carré d’as. Le sort a donc décidé d’un derby ouest africain avec une opposition des Guinéens contre leurs voisins Malien. Et comme il fallait s’y attendre, nous avons assisté à un match très tactique : une première mi-temps où les Maliens ont volontairement accepté de subir le jeu sans laisser le moindre espace à nos footballeurs. Tactiquement disciplinés, les Maliens procèdent par des contres, qui n’inquiètent nullement nos footballeurs.
Après les citrons, les Guinéens lèvent quelque peu le pied en laissant l’initiative aux Maliens, que l’on voit un peu plus dans les 25 mètres de notre camp. De valeur sensiblement égale, les deux équipes terminent la rencontre sur nul fermé. Ce qui donne droit à une prolongation de 30 minutes. Et comme en 2016 au Rwanda, c’est la séance fatidique des tirs aux buts qui départage les deux équipes. A ce jeu de loterie, les Maliens se montrent très adroits et précis avec self contrôle déconcertant.
Le 6 février en match de consolation (troisième place ou encore petite finale), la Guinée se paie le luxe de surclasser le Cameroun, pays hôte de la compétition, devant un public médusé. Sans forcer leur talent, les footballeurs du Syli local sont venus à bout de Camerounais sans inspiration et dominés dans tous les compartiments du jeu. Le score de deux buts à zéro reflète parfaitement la physionomie de la rencontre.
Les enseignements du CHAN 2020
Accueillis en grande pompe dans une ferveur populaire, nos jeunes footballeurs méritaient à juste raison ce retour triomphal. Durant trois semaines, nous avons communié avec eux au rythme des matches qu’ils ont vaillamment livrés. Et depuis la fin de cette compétition, l’on commence à dresser des lauriers à notre championnat national. C’est vrai que les joueurs ayant évolué au Cameroun proviennent des différents clubs qui animent notre championnat national. Un championnat, qui depuis 2012, a pris le statut de ligue professionnelle de football couvrant la ligue 1 et 2. Malgré l’amélioration de l’indice de notre football de club au plan continental, grâce aux performances du Horoya Athlétic Club de Matam, notre championnat n’est pas aussi professionnel qu’on le présente : aucun club même le Horoya, club phare du pays, ne dispose de ses propres installations ; aucun club ne dispose d’un siège fonctionnel avec une administration au point ; aucun club ne dispose d’un budget conséquent pouvant lui assurer une autonomie financière. Sur un tout autre plan, les relations entre la fédération et la ligue professionnelle de football ne sont pas clairement précisées, avec pour conséquence des conflits de compétence, qui handicapent sérieusement la promotion du football local. En apparence, on pense que tout baigne dans l’huile, mais il y a des problèmes de fond, qui méritent des solutions idoines. Raison pour laquelle, il est vivement souhaité que le prochain comité directeur qui sera mis en place au mois de mars prochain s’attèlera à lever tous les points de blocage du football national.
En perspective, la direction technique nationale devrait suivre la carrière des joueurs du Syli local, qui à n’en pas douter constitue un formidable vivier pour le Syli A. Des stages périodiques sont à prévoir pour cette équipe, qui a une marge de progression intéressante. Au-delà cet impératif, la direction technique devrait également à moyen terme concevoir un plan de formation pour nos entraîneurs locaux. A ce jour, seul Mohamed Kanfory Bangoura est titulaire d’un diplôme de haut niveau lui permettant d’entraîner une, équipe nationale A. Dans ce domaine, nous accusons un grand retard par rapport à des pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal. Un autre challenge à relever par le prochain comité directeur de la fédération.
Thierno Saïdou Diakité pour JMI
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