Né en 1944 à Kankan (Guinée) d’un père libanais chrétien maronite et d’une mère guinéenne musulmane, formé aux mathématiques à l’école française, ayant vécu autant dans l’exil que sur sa terre natale, tour à tour cireur de chaussures, terrassier et plongeur, professeur et directeur de collège, journaliste, Williams Sassine a développé une personnalité complexe et multiple; fort de sa diversité culturelle, il a revendiqué une totale indépendance d’esprit et refusé tout embrigadement: « Je ne suis ni dans une file, ni chef de file. Ni maître à penser, ni élève ».

Image result for Williams SassineAuteur de plusieurs romans publiés par Présence Africaine, il s’est aussi exprimé par le théâtre publié par le bruit des autres et des formes brèves : contes animaliers, proses poétiques, nouvelles et fables, empreints d’un humour proche de la « politesse du désespoir » ; témoin du malaise et de la tragédie humaine, tout à la fois bouffon et goguenard, provocateur et tendre, arrogant et fragile, Williams Sassine ne cesse de déclarer : « Je suis écrivain, c’est-à-dire que j’écris en vain ». Sa réputation repose principalement sur la Chronique assassine qu’il faisait paraître à Conakry dans l’hebdomadaire satirique Le Lynx .

Image result for Williams SassineLa collaboration de Sassine avec ce journal démarre le 16 mars 1992n avec le numéro 4 du Lynx, sa chronique a pour titre : « Mémoire d’une histoire désarmée : Attention ! Notre général est particulier ». Il attaque  fort en simulant une discussion entre le journaliste du Lynx et un militaire qui défend le Général : « il n’est pas instruit, il n’est pas beau, mais c’est lui qui nous a donné le courant quand le pape est  venu » et encore : « c’est Dieu qui l’a mis là où il est », ce président  « non élu ». Williams va écrire et dire haut et fort, ce que d’aucuns pensent tout bas, sans oser l’exprimer. Il manipule avec dextérité la technique du dialogue satirique pour rédiger des articles réactifs sur l’actualité politique.

La participation de Sassine contribue largement au succès du journal. Sa chronique est attendue, son avis compte, on apprécie son sens de l’humour, ses observations, sa vivacité, toutes qualités utiles à l’élaboration d’un hebdomadaire vivant et pertinent, voire impénitent ! Pour apprécier toute la saveur, il est préférable de connaître la Guinée et d’être au fait  de l’actualité du pays. L’usage des surnoms, Fory Coco, Alpha Grimpeur, la Baleine…renforce le comique des situations, les clins d’œil aussi.

C’est là dans ce journal, que Sassine trouve son lectorat le plus fidèle, épris de son style et de ses audaces d’expression. Les lecteurs se précipitent, dès sa parution, pour lire sa chronique, la commenter, savourer ses propos. Avec un sens politique aigu, Sassine met le doigt sur les dysfonctionnements qui perturbent les institutions et le développement social. Il en a fait part à ceux qui comme lui, espèrent justice et égalité et observent sans avoir ni son talent  d’expression ni son audace.

Sassine est décédé le 9 février 1997 à Conakry. RIP, l’Artiste !

 

Thierno Saïdou DIAKITE pour JMI

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