Les entités dirigeantes de la presse ont investi la Maison de la presse hier matin. A l’ordre du jour: un mécontentement suite aux privations de libertés des médias, prévues par l’administration territoriale qui entend les contrôler.

Pour faire face à la crise sanitaire, des mesures d’ampleur ont été prises au Mali. Sauf qu’au même moment, les autorités invoquent « la situation sécuritaire du pays » et « la persistance des actions terroristes » pour mettre en place toute une série de mesures d’un autre genre. Sans lien avec le Covid-19, elles marquent un sérieux tour de vis sécuritaire.

Après la militarisation de l’administration, la presse est désormais dans le viseur de la junte. A travers son éternel émissaire du département des collectivités, une décision prônant l’état d’urgence serre le verrou de la presse. Les autorités de transition ont donc mis en place des mesures qui vont « modifier sensiblement l’exercice des libertés publiques et individuelles », selon les mots du ministre de l’Administration territoriale.

Le président de la maison de la presse était très remonté. Dramane Aliou Koné a indiqué que « la presse n’entend pas reculer face à la privation des libertés ». Celui qu’on appelle DAK, prévient qu’il n’est pas indiqué dans pareil contexte d’aller vers des aventures hasardeuses. « La presse est dans son rôle et nous ne sommes nullement une menace », a justifié le président de la maison commune.

A sa suite, le vétéran Bandioudou Danté de l’URTEL a rappelé que les faîtières de la presse n’ont pas été consultées. Comme n’importe qui, il a avoué avoir été informé via les réseaux sociaux. Si au début le confrère doutait de l’authenticité du communiqué, il s’est avéré qu’il était bien… réel. Dans un contexte de suspicions, il est impossible de procéder au muselage de la presse.

A travers une lettre adressée à tous les gouverneurs, préfets et sous-préfets du Mali, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga leur indique qu’ils peuvent dorénavant « ordonner en tous lieux des perquisitions de jour et de nuit ». Le ministre leur rappelle également qu’ils sont habilités à « assurer le contrôle de la presse », « des réseaux sociaux », « des émissions radiophoniques ou télévisées », ainsi que des cinémas et des théâtres.

C’est ce qui a mis le « 4ème  pouvoir » en état d’alerte convoquant une conférence de presse extraordinaire. La tribune qui a fait office d’assemblée générale a permis de statuer sur le cas des deux confrères emprisonnés qui sont Vieux Blen et Seydou Oumar Traoré.  Des médiations sont en cours afin d’éviter un clash entre médias et magistrats, selon les conférenciers.

Il est évident que si la presse ne se mobilise pas, une recrudescence des intimidations, menaces, arrestations et attaques contre les journalistes prendra forme. Les autorités de la Transition ont le devoir d’assurer la sécurité des journalistes et de tous les citoyens maliens. Les journalistes maliens doivent être autorisés à exercer leur métier sans aucune forme d’intimidation de la part des forces de sécurité ou d’autres groupes armés.

Afin de tirer tout au clair, les patrons de presse ont indiqué avoir une rencontre avec le ministre auteur du communiqué de la polémique ce lundi. Dans la foulée, le ministre de la communication, tutelle du monde de la presse sera au rendez-vous. Si la situation n’est pas décrispée, les autorités de la Transition auront la presse sur le dos,  alors que les syndicats et les partis politiques les attendent au tournant.

Des ingrédients qui annoncent une année 2021 explosive !

 

 

Idrissa KEITA pour JMI

Correspondant particulier de JMI au Mali

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