Traoré Mamadou, Député FPI 2000 – 2010, fait une analyse du dialogue politique entre le pouvoir de Ouattara et le CNT de Bédié. Peut-on ouvrir un dialogue politique avec un régime totalitaire, l’autre nom de la dictature, en occurrence le régime Ouattara? C’est la question qui vient automatiquement à l’esprit de tous ceux qui connaissent la nature hermétique de ce régime depuis son installation martiale à la tête de l État de Côte d’ivoire il y a près d une décennie.
Sans attendre la réponse à cette question, une autre question non moins importante emboite le pas à la première :
Si d’aventure ce dialogue s’ouvrait, quelles seraient ses chances d’aboutir à des résultats probants capables d avoir un impact significatif au niveau des avancées démocratiques, sociales et sécuritaires?
Mais avant de tenter d’apporter des réponses à ces questions, il convient tout d’abord de nous pencher sur la nature exacte du régime qui tient en main jusqu’à présent en Côte d’Ivoire, et contre vents et marées ,les leviers du pouvoir auxquels il s’accroche malgré les cris de désapprobation qui fusent de partout, à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur du pays où les prises de position contre le 3e mandat illégal du Président sortant Alassane Dramane Ouattara deviennent de plus en plus virulentes, notamment en France.
L’on sait que par nature, les dictatures, surtout celles qui se classent parmi les dictatures obscures, sont des régimes totalitaires par excellence, hermétiques par essence et violents par vocation.
Leur objectif principal est de s’approprier le pouvoir dans tous ses compartiments et par tous les moyens, y compris par des moyens violents, immoraux et révoltants. D’où leur rejet par les peuples.
Leur second objectif est de pouvoir exercer par la force ce pouvoir obtenu par des moyens non conventionnels. La force est donc l « argument » choisi pour se l’approprier et la force est également l’ »argument incontournable » pour l’exercer en soumettant le peuple au diktat.
Dès lors, il nous apparaît plus aisé de répondre en quelques mots à notre questionnement de départ à savoir si une discussion est possible entre l’opposition ivoirienne réunie dans le Conseil National de Transition CNT et le régime d’Abidjan, et ensuite les gains qui pourraient être engrangés au terme de cette discussion en faveur de la démocratie, en faveur des questions sociales (réconciliation) et sécuritaires (violences urbaines ciblées).
La réponse est que dans le meilleur des cas, cette discussion pourrait se tenir mais elle n’aboutirait à rien de concret comme il nous a été donné de le constater à maintes reprises par le passé avec le Premier ministre défunt comme interlocuteur de l’opposition.
Dans le pire des cas, elle ne se tiendra jamais compte tenu des conditions posées par le CNT et restera pendue devant l’opposition comme la carotte qui fait avancer l’âne. A la lumière de ce qui précède, on retiendra que les dictatures sont des régimes totalitaires par nature et qu’à ce titre elles ne cèdent rien lors d’une discussion puisqu’elles tiennent à avoir en main la totalité des manettes du pouvoir, pour s’affirmer et se convaincre de manière narcissique de leur propre force.
Si éventuellement il arrivait à un dictateur de céder d’une main sur un point de discussion, c’est pour en récupérer le double ou le triple immédiatement de l’autre main tant que la balance de l’équilibre des forces penchera en sa faveur.
Au total, aller à des discussions avec une dictature en espérant instaurer l’État de droit et la démocratie qui exigent le partage de pouvoir entre le Gouvernement, le Peuple (Parlement) et la Justice (indépendance du pouvoir judiciaire) revient à aller à la recherche de l’éléphant blanc.