A la suite du vote des Guinéens le 18 octobre dernier, la CENI, par la voix de son président Kabinet Cissé, a proclamé ce samedi 23 octobre, au palais du peuple les résultats provisoires du scrutin présidentiel. Une cérémonie, qui a enregistré la présence du premier ministre, chef de gouvernement, Dr Ibrahima Kassory Fofana. Et comme les tendances l’indiquaient, le candidat Alpha Condé, président sortant, a été proclamé vainqueur au premier tour, avec un score de 59,49% des voix, devant son principal adversaire Cellou Dalein Diallo (33,50%).   

Les résultats communiqués par la CENI devraient être transmis à la Cour constitutionnelle qui, sauf cataclysme, les confirmera dans les prochains jours, lançant ainsi le troisième mandat du président guinéen.

Un troisième mandat ou premier selon que l’on soit dans l’un des camps adverses, qui va donc consacrer les débuts constitutionnels de la quatrième république. Ce scrutin qui s’est déroulé dans un contexte de vives tensions socio politiques, devrait faire réfléchir les leaders politiques guinéens. Au-delà de tous les commentaires et interprétations qu’il suscite, le vainqueur de ce vote confirme son statut d’«animal politique ». N’en déplaise à ses détracteurs !

Réélu en 2015, celui qui avait promis être le « Mandela de la Guinée », probablement conseillé par ses sherpas, a mis au point son agenda politique visant à prolonger son séjour à Sekhoutoureya. Et progressivement les éventuels obstacles à ce projet ont été identifiés et éliminés. Suivez mon regard ! Aidé en cela par la naïveté ou la vénalité politiques de ses opposants, Alpha Condé est aujourd’hui parvenu à ses fins : être élu pour un mandat de six ans, au grand dam de son principal challenger, Mamadou Cellou Dalein Diallo.

Les ethnies otages des politiques

Le président de l’UFDG, qui apparaît de plus en plus comme un « éternel perdant » face au candidat du RPG Arc en ciel, devrait sérieusement revoir sa copie. Au risque de compromettre sérieusement son avenir politique. Battu successivement en 2010 et 2015, Cellou Dalein aurait dû tirer les enseignements de sa défaite de 2015. Ses stratèges ont échoué dans l’appréciation des intentions de vote. La popularité à elle seule, ne détermine pas entièrement le résultat des urnes.

Ne nous voilons pas la face, aussi bien l’UFDG, que le RPG -Arc en ciel, ces deux partis ont des relents communautaristes, qui ont pris le pays en otage. Les scènes de violence aveugles, qui ont cours actuellement à Conakry et à l’intérieur du pays, en sont une malheureuse et dramatique confirmation. On assiste de plus en plus à des actes commis par délit de faciès d’un camp à l’autre.

Absent de l’actuelle législature, et mis au pilori suite à l’auto proclamation au lendemain du vote du 18 octobre, l’UFDG aura fort à faire pour se refaire une santé politique. Dans ce domaine, il y a des échecs qui se paient cash…

Quid des autres candidats

Cette consultation du 18 octobre aura permis d’évaluer le poids électoral des différents candidats à la magistrature suprême. Si l’on se fie aux chiffres sortis des urnes.

La magouille aura-telle été si ravageuse comme l’affirme l’UFDG ? L’UFDG pourra-t-elle démontrer « sa victoire » vite auto proclamée devant la Cour Constitutionnelle ?

Quelles sont ses chances de se faire entendre par une institution dont elle a toujours douté ?

Quelles seront les réactions des autres partis en lice pour la présidentielle ?

En dépit d’une campagne soutenue, menée par les uns et les autres, les dix candidats- hormis Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo- n’ont pas vraiment pesé lourd sur l’échiquier politique national. Selon le décompte fait par la CENI, ces dix candidats ne représentent seulement que 6,58% des votes exprimés. Un véritable challenge à relever dans la perspective des prochaines échéances électorales.

Dans cet ordre d’idées, il serait intéressant qu’une recomposition du paysage politique intervienne à moyen terme. En d’autres termes, un renouvellement de la classe politique s’impose, pour rompre la mainmise des deux principaux partis, l’UFDG et le RPG Arc en ciel. Mais, tout semble déjà bien goupillé, car les communales et les législatives sont de dates récentes…

A ce rythme, toute cette enfilade politique risque fort de mener à une réelle impasse socio-économique. C’est pourquoi la communauté internationale « invite les uns et les autres à la retenue et condamne toutes les violences et les discours haineux », pour permettre de retrouver le chemin du dialogue, autour de l’incontournable table de négociations, qu’une médiation intelligente devra probablement organiser…

 

 

 

Maria de BABIA pour JMI

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