Le 12 octobre 1989, le Grand Maître Luambo Makiadi alias Franco s’en allait de sa belle mort dans un hôpital belge. Ce musicien et chanteur hors pair, consacré grand Maître de la rumba aura marqué durant trente un ans de son talent la scène musicale congolaise et africaine. Avec la disparition de Franco, c’est tout un pan de l’histoire culturelle de son pays qui s’en va. Retour sur la vie mouvementée de ce musicien, qui nous a quittés il y a aujourd’hui  trente un ans.
Né le 6 juillet 1938 à Sonabata, une agglomération située à cinquante kilomètres de Kinshasa, le défunt a pour vrai nom Lokandjo Ladjo Pene Luambo Makiadi. On lui a donné le nom de son grand père tiré d’un arbre de la forêt, dont les racines soignent les maux de ventre des femmes. A l’âge de dix ans, Franco perd son père. Ce qui l’oblige à abandonner les études, alors qu’il est en troisième année de l’école primaire. Sa mère sera ainsi seule à lui apprendre les dures réalités de la vie. Il trouve le réconfort de ces épreuves en jetant son dévolu dans la maîtrise de l’harmonica avec le concours de ses camarades.
Avec le temps, il va délaisser cet instrument solitaire pour la guitare. Les premiers cours lui seront donnés par Ebenge Dewayon, qui sera relayé par un autre guitariste talentueux, Albert Luampassi.
En s’essayant au chant, Luambo Makiadi rode sa voix en interprétant des chansons du groupe Waton. La composition, il la maîtrise au contact des arrangements plus ou moins réussis d’autres compositeurs. L’écriture, il l’apprend à travers les textes qu’il a à sa portée. Il apprend à décrire la dure réalité de la vie quotidienne, à jeter un regard critique sur tout ce qui l’entoure, à puiser l’inspiration dans les faits anodins de la vie de tout le monde.
Avec le musicien Bowane, il enregistre ses premières chansons au studio Loninguisa : « Mamie Catho »  et « Bolingo na ngai Beatrice ». On commence alors à parler de Franco. La légende rapporte que c’est le patron des studios Loninguisa, le Grec Papadimitriou, impressionné par son talent, qui lui offre sa première guitare sèche professionnelle.
Au moment où son protecteur Bowane décide de s’installer en Angola, le jeune Luambo Makiadi forme un orchestre avec le concours d’amis musiciens de Brazzaville : Pandi Saturnin (tumba), Loubeleo Daniel (guitare), Serge Esson (saxophone). Cette formation musicale prendra le nom de de OK Jazz. Ce nom provient des initiales du propriétaire du bar « Chez Cassien », Oscar Kashama. Impressionné par le potentiel du groupe, il invite ce dernier à se produire dans son bar. Le succès de l’OK Jazz est très tôt au rendez-vous. Le casting des musiciens qui participent à l’aventure explique peut-être le phénomène : Rossignol, Franco, De la Lune, Essous, Pandi…
En deux décennies  (70-90), Luambo Makiadi a réussi son pari : amener l’orchestre au faîte de la scène internationale. Il en a fait une référence de la musique congolaise. Franco se présente comme le moralisateur de la société congolaise.
Conscient de l’inestimable contribution de Franco dans la promotion de la musique congolaise, le gouvernement   a réalisé en 2015,  une immense statue de l’artiste à la place des  artistes de Kinshasa.
Franco : un héritage, des héritiers
Thierno Saïdou DIAKITE pour JMI
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