L’Afrique de l’ouest est menacée. Très menacée. Très très menacée ! À l’expansion meurtrière des jihadistes sur son septentrion, s’ajoutent les risques manifestes et discrètement nourris d’affrontements ethniques et communautaires dans certains pays d’une part, et d’autre part, les violences et destructions résultant des crises de tous ordres et des multiples élections à intervalles rapprochés dans d’autres pays.

  • Crises politiques en perspective, liées au 3ème mandat en Guinée et en Côte d’Ivoire.
  • Crises politiques dues au manque de confiance entre les acteurs politiques au Bénin et au Togo.

-Fébrilité du pouvoir en place en Guinée Bissau, en Gambie et au Liberia.

Autant de problèmes qui exigent une profonde réflexion pour une diplomatie multilatérale vivante: préventive et proactive. La quiétude sociale, l’unité nationale et le développement économique sont visiblement surclassés par les actes de mal gouvernance politique, économique et sociale qui pervertissent nos pays.

Je pense que les suggestions suivantes pourraient aider la CEDEAO à trouver un début de solution aux problèmes qui menacent la paix et le développement de la sous-région.

PREMIÈRE SUGGESTION 

La création d’un Comité ou Conseil des Sages de la CEDEAO, composé d’anciens Présidents démocratiquement élus et démocratiquement partis du pouvoir.

Il s’agira de ceux dont les mandats n’ont pas été émaillés de tripatouillages et/ou de violations graves des droits humains. Ce groupe restreint de hautes personnalités devrait être affilié à la Commission de la CEDEAO qui abritera son Secrétariat.

Groupe de veille, il sera chargé de donner l’alerte dès la manifestation des premiers indices de tensions destabilisatrices à l’intérieur des Etats et dans les limites transfrontalières.                                                                    En cas de crises ouvertes, sa mission sera de créer les conditions d’apaisement et de rapprochement des parties.                                        Ce groupe d’anciens Présidents démocrates sera un outil au service de la Commission de la CEDEAO.

Les anciens Chefs d’État faisant référence comme Abdou Diouf du Sénégal, Jerry Rewlings et John Dramani du Ghana, Pedro Pires de Cap Vert, Goodluk Jonathan du Nigeria, Ernest Bai Koromah de Sierra Leone, Alpha Oumar Konaré du Mali, Ellen Johnson Serleef du Liberia et Yayi Boni du Bénin pourraient constituer cette respectée équipe de Sages pour offrir leurs riches expertises dans la prévention et la gestion des conflits en Afrique de l’ouest.

Le Conseil des Sages doit être créé et institutionnalisé au sein de la CEDEAO.

DEUXIÈME SUGGESTION             

L’Afrique (surtout dans sa partie Francophone) a du mal à accoucher la démocratie pour la raison bien simple que celle-ci est mal fécondée. Elle n’est d’ailleurs pas la sienne.

C’est pourquoi la réflexion sur la démocratie africaine doit porter sur le Pourquoi des violations des droits et le Pourquoi des violences pré et post électorales.

L’une des solutions pour prévenir ou réduire les conséquences dommageables de la fameuse démocratie, c’est la distanciation des calendriers électoraux et le couplage des élections.                                     En Afrique, les élections tuent. En Afrique, les élections divisent. En Afrique, les élections détruisent. Alors, autant les coupler et distancer leur organisation !

C’est pourquoi il serait plus judicieux que la Commission de la CEDEAO propose au Parlement de la CEDEAO, un projet de Révision des Constitutions de chacun des pays membres, en vue de limiter les dégâts par :

1) le couplage de toutes les élections nationales et locales, afin qu’elles soient toutes organisées en une ou deux journées successives, si cela est nécessaire.

2) la fixation de tous les mandats à 7 ans, renouvelables une seule fois.      Que toute tentative de modification visant le maintien éternel d’un élu soit sanctionnée par l’exclusion de ce pays de la CEDEAO et de toutes les structures qui lui sont affiliées.

Sur la durée du mandat et le mode d’organisation des élections, il faut dire que les Africains suivent bêtement les nations développées qui sont en avance de deux modes de production sur le continent noir.

Ces pays développés ont des raisons de limiter les mandats des élus nationaux à 5 ans, 4 ans, 3 ans,… En Afrique, un Gouvernement peut mettre 5 ans pour réaliser une infrastructure (route, pont, barrage, stade,….). Le temps de faire les études, de chercher le financement et de réaliser l’ouvrage, il est en fin de mandat et en campagne pour la réélection de son candidat.

Si cette suggestion énoncée plus haut est mise en œuvre, les autres Ouest-africains bâtiront une Démocratie civilisée, à l’image du petit-frère CAP VERT.

Nous devons bâtir un modèle de démocratie, sur des bases universelles dans le fond et sur des bases particulières dans la forme, proportionnellement à notre rythme et à nos moyens.

Je reste convaincu que ces suggestions, amendées sans a priori ni consultation des anciens colonisateurs, contribueront à la réalisation du rêve des pères fondateurs.

Commençons par créer le Conseil des Sages de la CEDEAO, avec les anciens Présidents ci-dessus. Dans un an, vous m’en direz des nouvelles. Ce n’est pas la Communauté internationale qui doit toujours nous dicter les idées.

Soyons patriotes.

Nous pouvons.