Si la proportion de naissances enregistrées a progressé de près de 20 pour cent sur les 10 dernières années, 166 millions d’enfants de moins de 5 ans n’ont jamais été déclarés officiellement.

Le nombre de naissances enregistrées a nettement augmenté à l’échelle mondiale, et pourtant, 166 millions d’enfants de moins de 5 ans (soit 1 sur 4) ne sont pas déclarés, comme l’indique un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’UNICEF à l’occasion de son 73e anniversaire.

D’après le rapport L’enregistrement des naissances pour chaque enfant d’ici à 2030 : Où en sommes-nous ? fondé sur l’analyse de données provenant de 174 pays, la proportion mondiale d’enfants de moins de 5 ans dont la naissance a été déclarée a progressé de près de 20 % en dix ans, passant de 63 pour cent à 75 pour cent.

« La situation s’est nettement améliorée, mais beaucoup trop d’enfants passent encore entre les mailles du filet et ne sont ni connus ni recensés », déclare Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF. « Un enfant dont la naissance n’est pas enregistrée est invisible : il n’existe pas aux yeux du gouvernement ou au regard de la loi. Sans preuve de leur identité, les enfants sont souvent exclus du système d’éducation et n’ont pas accès aux services essentiels comme ceux de la santé. Ils courent en outre un risque accru d’être victimes d’exploitation et de violence. »

Les progrès observés à l’échelle mondiale s’expliquent en grande partie par les avancées majeures réalisées en Asie du Sud, notamment au Bangladesh, en Inde et au Népal. Des progrès sont également notés en Afrique de l’Ouest et du Centre où l’enregistrement des naissances des enfants de moins de 5 ans a augmenté de 41 pour cent à 51 pour cent en 10 ans, en dépit des multiples défis auxquels la région fait face. Dans le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, la proportion d’enfants dont les naissances ont été enregistrées est passée de 30 pour cent en 2008 à 43 pour cent en 2018, démontrant l’intérêt d’intégrer les services d’enregistrement avec les services de santé. Des pays d’Afrique francophone tels que le Bénin, le Congo et la Guinée ont aussi fait des progrès constants pour améliorer leurs taux d’enregistrement des naissances.

« Pendant de nombreuses années, L’enregistrement des naissances en Afrique de l’Ouest et du Centre a stagné, privant des millions d’enfants de leur droit fondamental à une identité légale. Cette situation a désormais changé et des millions d’enfants supplémentaires sont enregistrés dès leur naissance », a dit Marie-Pierre Poirier, Directrice Régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Avec le soutien de l’UNICEF et le leadership de l’Union Africaine et des gouvernements nationaux, les pays ont investi dans l’intégration de l’enregistrement des naissances au sein des services de santé et de vaccination pour élargir la couverture et l’accessibilité de ces services et atteindre les populations, y compris les plus vulnérables. Ce simple changement dans la prestation de services est non seulement peu coûteux, mais également efficace pour augmenter les taux d’enregistrement nationaux, contribuant ainsi au progrès de la région dans son ensemble ».

En dépit des progrès, la majorité des pays d’Afrique subsaharienne accusent un retard par rapport au reste du monde, et certains des taux de naissances enregistrées les plus faibles dans le monde se trouvent au Tchad (12 pour cent) ou en Guinée Bissau (24 pour cent).

« Les Gouvernements doivent passer à l’échelle les solutions dont il est prouvé qu’elles améliorent l’enregistrement des naissances s’ils veulent atteindre l’Objectif de développement durable de faire en sorte que chaque enfant compte », a dit Marie-Pierre Poirier.

Parmi les obstacles à l’enregistrement des naissances figurent la méconnaissance des formalités, le coût prohibitif de cette démarche et de l’obtention d’un certificat de naissance, et l’éloignement des centres d’enregistrement. Les coutumes et pratiques traditionnelles dans certaines communautés (comme le fait de confiner les jeunes accouchées à l’intérieur) peuvent également empêcher l’enregistrement officiel des naissances dans les délais impartis.

La détention d’un certificat de naissance, même en cas de naissance enregistrée, s’avère moins fréquente : en effet, 237 millions d’enfants de moins de 5 ans à travers le monde (soit un peu plus du tiers) ne disposent pas de cette preuve officielle.

Dans le rapport L’enregistrement des naissances pour chaque enfant d’ici à 2030, l’UNICEF invite à mettre en œuvre cinq actions visant à protéger tous les enfants :

– Fournir à chaque enfant un certificat dès sa naissance.

– Donner les moyens à chaque parent, indépendamment du genre, d’enregistrer leurs enfants à la naissance et gratuitement pendant leur première année de vie.

– Lier l’enregistrement de la naissance à d’autres systèmes tels que la santé, la protection sociale et l’éducation pour assurer à chaque enfant l’obtention d’un certificat de naissance.

– Investir dans des solutions technologiques sûres et novatrices afin de faciliter l’enregistrement des naissances, y compris dans les zones difficiles d’accès.

– Mobiliser les communautés pour exiger l’enregistrement de chaque enfant à la naissance.

« Chaque enfant a le droit d’avoir un nom, une nationalité et une identité juridique. Toute amélioration des taux d’enregistrement est donc la bienvenue », affirme H. Fore. « Nous venons toutefois de célébrer le 30e anniversaire de ces droits, tels que reconnus dans la Convention relative aux droits de l’enfant, et nous ne devrons pas relâcher nos efforts tant que chaque enfant ne sera pas recensé.