En application de la déclaration de Syrte du 9 septembre 1999, l’Union Africaine est née à Durban en 2002. Elle traduit ainsi la volonté politique des pays africains à jeter les bases du panafricanisme tant souhaité dans les années 60. C’est dans cet esprit que fut fondée l’Organisation de l’Unité Africaine, l’OUA, le 25 mai 1963.  Parmi les chefs d’État fondateurs, les avis divergeaient sur sa nature.

Les partisans du fédéralisme, menés par le président du Ghana Kwame Nkrumah, s’opposaient aux tenants d’une « Afrique des États » avec à leur tête le président sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ces derniers imposèrent leur vision et l’organisation de l’unité africaine devint un outil de coopération, et non d’intégration, entre les États.

En mai 1963, la charte de l’organisation (qui fut rédigée notamment par le président malien Modibo Keïta et le président togolais Sylvanus Olympio quelque temps avant sa mort) fut signée par trente-deux États africains indépendants.

Les deux thèmes fédérateurs au sein de l’OUA étaient la décolonisation et la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. L’aide envers les peuples encore colonisés restera son action la plus marquante. L’OUA utilise l’Organisation des Nations unies (ONU) comme une tribune pour plaider leur cause. Elle apporte son assistance politique et matérielle aux mouvements indépendantistes. L’organisation panafricaine sera peu efficace dans la lutte contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, bien qu’elle le dénonce avec vigueur.Résultat de recherche d'images pour "organisation unite africa"

En ce qui concerne les règlements des conflits : comme en témoignent les principes de l’OUA, les États de l’organisation ont opté pour la non-ingérence. Ce qui lui a été reproché. L’OUA a néanmoins mené des médiations pour régler certains conflits. Elles s’avéreront peu probantes. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui regroupe 16 pays, se montre plus active sur ce point, comme au Libéria dans les années 1990.

L’OUA fut avant tout un forum de coopération entre Chefs d’États. La Conférence, qui est l’organe suprême réunissant les chefs d’État et de gouvernement, prenait toutes les décisions. Les États étaient souvent divisés sur les sujets, ce qui entraînait un certain immobilisme dans de nombreux domaines.

Au niveau économique : l’objectif d’intégration économique est caractérisé par une trop grande ambition des projets comparée aux faibles moyens alloués. En 1991, le Traité d’Abuja Nigeria) prévoit l’instauration d’un marché commun continental à l’horizon 2025. Mais les avancées du projet laissent les observateurs sceptiques.

La transformation de l’Organisation de l’unité africaine a entrainé un certains nombres d’évolutions puisque l’Union européenne a servi de modèle à la nouvelle Union africaine. Ainsi, les nouvelles institutions témoignent, au moins dans leurs formes, d’une intention de partage de l’autorité. En effet, au sein de l’OUA, la seule source de décision était la Conférence des chefs d’État. Nouvel organe, le Conseil économique, social et culturel (ECOSOCC) est lui composé de membres de la société civile. Enfin, le secrétariat général de l’OUA a été remplacé par la Commission, qui a un pouvoir d’initiative et non plus seulement exécutif.

Au regard de la situation actuelle du continent marquée par des conflits persistants (Darfour, Somalie), des pays instables (Centrafrique, Guinée Bissau, Libye), des crises latentes (Nord Mali, Kivu), la malnutrition et la manifestation de certaines pandémies (VIH, SIDA), l’Union Africaine a encore du chemin à faire. Si dans une certaine mesure, la défunte Organisation de l’Unité Africaine a réussi la décolonisation politique de maints pays, au plan économique les chantiers ouverts attendent toujours. Il s’agit entre autres de la création d’une zone de libre échange et d’une union douanière, d’un marché unique et d’une banque centrale et d’une monnaie commune à l’horizon 2023.

 

Thierno Saïdou DIAKITE pour JMI

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