Kunfabo – « être en contact » en malinké – est le nouveau smartphone qui souhaite conquérir le marché africain d’ici la fin 2019. Encore en phase de prototype, ce téléphone créé par la Guinéenne Fadima Diawara veut se différencier avec des applications 100 % africaines.
Avec un prix affiché à 100 euros, le smartphone Kunfabo souhaite concurrencer les géants du low-cost sur le marché africain, comme le hongkongais Infinix Hot 2 et le chinois Tecno. Par ailleurs, il va se démarquer en intégrant des applications pré-installées « purement africaines », à l’instar de Dikalo le « WhatsApp africain » , et une application de géo-localisation créée en Guinée qui, selon la fondatrice, répondront aux besoins des Africains qui vivent sur le continent.
Derrière Kunfabo – « être en contact » en langue malinké -, se cache Fadima Diawara, une Guinéenne de 33 ans. Si cette aventure se concrétise – son projet, encore en phase de prototype, est en négociation avec des investisseurs pour lancer la commercialisation d’ici la fin de l’année -, elle marquera un grand virage pour celle dont rien ne destinait à l’univers de la « tech ».
À 23 ans, l’étudiante en droit à l’université de Conakry quitte son pays pour s’installer en Catalogne, dans la ville espagnole de Gérone. Très vite, la jeune femme se trouve confrontée aux réalités de nombreux étudiants africains : ses études de droit validées dans son pays natal n’ont aucune équivalence en Espagne. Fadima Diawara se réoriente donc en comptabilité et reprend tout à zéro.
>>> À LIRE – Quatre start-up africaines à suivre en 2019
Un passage en tant que commerciale chez un grossiste – qui vend des produits de décoration à travers toute l’Europe – permet à Fadima Diawara de comprendre les rouages du commerce à l’échelle régionale. Elle y « apprend beaucoup », souligne-t-elle aujourd’hui. En 2016, sa passion pour la technologie prend le dessus « pourquoi l’Afrique n’est pas capable de créer son propre smartphone ? » s’interroge-t-elle. Alors, elle quitte son emploi et décide de créer sa marque, Kunfabo, dans laquelle elle a investi plus de 100 000 euros, en fonds propres et avec l’aide de business angels.
Des applications africaines
Les smartphones Kunfabo seront munis d’un système d’exploitation Android 8.1, avec une couverture 4G, d’un écran 5 72 pouces avec un format 18/9. Sur la base d’un business model de « low-cost », la fondatrice mise sur la quantité de produits vendus pour marger.
Son modèle phare (F99), qui devrait être lancé d’ici la fin de l’année, sera doté d’applications de géolocalisation des centres de santé : hôpitaux et pharmacies de proximité. Développée par Eguitec, une start-up guinéenne, cette application – spécifique à ce portable – va se déployer dans les pays d’Afrique de l’Ouest notamment en Guinée, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Togo.
Les utilisateurs y trouveront également une application de recettes africaines visant à revaloriser l’art culinaire du continent, et pourront communiquer via Dikalo, « WhatsApp africain », développé par une start-up camerounaise avec laquelle Kunfabo vient de signer un accord.
Parfois critiquée parce que ses smartphones ne sont pas confectionnés en Afrique mais en Chine, Fadima Diawara tempère « nous avons à ce stade peu de moyens. À long terme, nous souhaitons nous implanter en Afrique, en Guinée plus particulièrement, si les autorités nous aident à y installer une usine d’assemblage ». Pour sa première année de vente, la start-up espère dégager au moins 300 000 euros de bénéfice.
Par Fatoumata Diallo
Source : Jeune Afrique