Mamady Keita, 17 ans, vit dans la commune rurale de Damaro, située à 75 Km du chef-lieu de la préfecture de Kérouané, région de Kankan. Son père déficient mental, c’est sa mère qui se débrouillait pour subvenir aux besoins de la famille avec ses maigres moyens. C’est face à cette situation précaire que Mamady a décidé, le 04 mars 2017, alors qu’il n’a que 15 ans, d’usurper les 7 millions GNF de sa maman (environ 800 $) pour émigrer. Malheureusement, cet argent appartenait à une association que sa maman dirigeait.

Arrivé au Mali, Mamady sera dépouillé de ce pactole. « J’ai demandé de l’aide à un de mes amis qui vivait en Algérie. L’argent qu’il m’a envoyé m’a permis de me rendre en Algérie où j’ai été exploité abusivement et bastonné quand je résistais. Face à cette situation, j’ai quitté l’Algérie pour la Lybie ». En Lybie, Mamady a travaillé pendant des mois sans rémunération et quand il voulait réclamer son dû, il était tabassé et mis en prison pour 3 mois avec privation de nourritures suivis de tortures de toutes sortes.

Avec l’appui de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), il retourne en Guinée avec d’autres migrants le 18 avril 2018. Il bénéficiera d’une assistance de la Direction Nationale de l’Enfance (DNE) grâce au projet « Protection des enfants en situation de mobilité en Afrique de l’Ouest et du Centre contre la violence, la maltraitance et l’exploitation » financé par DFID mis en œuvre en Guinée par l’UNICEF et l’OIM. Après plusieurs négociations avec sa famille, Mamady sera accueilli par son beau-frère à Kankan. Sa maman n’étant pas encore prête à le recevoir à cause de l’argent de l’association qu’il a pris pour émigrer.

De gauche à droite: Idrissa Souaré, Chargé de la planification à UNICEF Guinée, Andrew Brooks, Représentant a.i d’UNICEF en Guinée, Mamady Keita, migrant retourné et Mohamed Mariame Keita, le point focal du Gouvernorat de Kankan — © UNICEF/ I.S. KABA

Au bout de plusieurs séances de soutien psychosocial délivrées par Mohamed Mariame Keita le point focal du Gouvernorat de Kankan, une composante du projet, Mamady acceptera d’apprendre un métier. Et son choix se portera sur la mécanique des gros camions.

Enfin, le projet mettra à la disposition de Mamady pour son insertion professionnelle, des tenues, des paires de chaussures de sécurité, une valise d’outils d’apprentissage. Un sac de riz et du kit de petit-déjeuner ont aussi été mis à la disposition de son tuteur.

Aujourd’hui Mamady suit son apprentissage informel de la mécanique gros camion dans un garage à Kankancoura. Aujourd’hui il a retrouvé sa fierté, après l’échec de son projet d’émigrer et regrette très amèrement d’avoir entrepris cette aventure : « je me sens vraiment bien dans ce garage et je compte aller jusqu’au bout de la formation et trouver un travail. Mais mon souci majeur demeure toujours ma réconciliation avec ma maman. Car l’argent que j’ai pris pour partir n’est toujours pas remboursé » a — t — il conclu.

Selon Mohamed Mariame Keita, point focal du projet au Gouvernorat de Kankan, une médiation est en train d’être menée auprès de la maman de Mamady pour la ramener aux meilleurs sentiments.

Ibrahima Sory KABA, UNICEF Guinée