Le secrétaire général de la FESABAG, Abdoulaye Sow a accordé cette semaine une interview exclusive à notre rédaction. Le syndicaliste chevronné  s’est exprimé s’est prononcé sur  les questions liées à certains sujets brulants entrevus au sein de l’USTG.

JustinMorel.info : Depuis  votre élection à la tête de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG), il parait qu’elle tient bien la route… 

Abdoulaye Sow : Depuis notre congrès tenu les 19, 20 et 21 novembre 2018 au palais du peuple, nous avons mis en place un bureau exécutif de 35 membres, issus de toutes les fédérations. C’est-à-dire du transport, de la FESABAG, de la FESATEL, du syndicat du secteur informel, de l’électricité, bref toutes les composantes de l’USTG. Un congrès réussi, qui n’a pas connu la participation du gouvernement, mais qui a connu la celle de la société civile et qui a été fait dans les règles de l’art, reconnu par les organisations internationales. Aujourd’hui, le terrain vous prouve vous-même à suffisance que c’est reconnu sur le plan national. Donc, je peux vous affirmer avec certitude que l’USTG se porte très bien!

JustinMorel.info : Le fait que le gouvernement n’a pas pris part à votre congrès, ne remet-t-il pas en cause votre nouveau bureau exécutif ?

Abdoulaye Sow : C’est comme ce que je vous ai dit au début, le syndicat est une association qui a pour rôle de défendre les travailleurs, nous n’avons aucun lien direct de supervision  avec le gouvernement. Nous n’avons pas besoin de reconnaissance du gouvernement. Cela se traduit par notre liberté, par notre autonomie et par notre indépendance pour jouer pleinement notre rôle de défenseur de droit et de la liberté syndicale. Nous n’avons pas besoin de reconnaissance de qui que ça soit, sauf les travailleurs, parce que le syndicat c’est la base, quand vous avez des militants importants et que vous etes conforme aux dispositions du code du travail, vous êtes un syndicat, vous n’avez pas besoin de reconnaissance du gouvernement!

JustinMorel.info : Quelles nouvelles perspectives ?

Abdoulaye Sow : Au sortir de notre congrès, nous avons signifié à la face du monde que nous avons des perspectives claires. Nos premières priorités sont : régler le problème éducatif avec le SLECG qui est une partie intégrante de l’USTG. Naturellement le SLECG avait pour partenaire le gouvernement mais les positions étaient très éloignées. Chacun campa sur sa position. Le gouvernement voudrait refuser toute négociation avec le SLECG, donc nous avions eu un rôle médian à jouer et nous l’avons joué parce que nous avons réussi à amener le gouvernement et le SLECG autour de la table pour négocier.

Dès qu’on est sorti, on a pris contact avec la primature, vous savez le premier ministre est chargé des négociations sociales. Donc, nous avons attiré son attention par un courrier, il nous a répondu, en disant qu’il est disposé à négocier avec le SLECG, mais il a posé des conditions. Le préalable, c’était la suspension  de la grève et la participation des syndicats créés de toutes pièces. Les syndicats que nous appelons les « syndicats jaunes ».

Nous avons dit à Monsieur le premier ministre que nous sommes également disposés au dialogue, que c’est une priorité. Le dialogue social doit être le socle de la paix dans le pays. Donc, nous lui avons écrit dans ce sens, pour lui dire que nous sommes d’accord pour venir autour de la table de négociation mais sans préalable. Tout devrait se discuter autour de la table, pour trouver une solution qui satisfasse l’ensemble des parties.

C’est ce que nous avons réussi. Les deux parties ont accepté d’être autour de la table sans préalable, et sans associer les autres acteurs sociaux qui sont des syndicats qui n’ont pas de base. Dieu merci, nous avons échangé longuement avec la médiation, d’abord avec le gouverneur de la Banque centrale, qu’il faut remercier de passage, qui a joué un rôle important, qui a pris contact avec tout le monde avant l’intervention de Tibou Camara, le ministre d’Etat qui est un habitué des négociations. Nous sommes parvenus à un résultat qui a permis de sauvér le système éducatif guinéen, de sauver le devenir de notre pays, parce que vous conviendrez avec moi, « tant vaut l’école, tant vaut la nation ». L’éducation reste essentielle dans le développement économique et social de tout pays.

JustinMorel.info : Récemment  les travailleurs du BMOP ont refoulé votre équipe  au vote de leurs délégués syndicaux au Port autonome de Conakry au profit de celle d’Abdoulaye Camara. Quelle est votre défense ?

Abdoulaye Sow : C’est une dynamique qui a été amorcée par soi-disant des syndicats de l’USTG, ils disent aujourd’hui qu’ils sont le syndicat du gouvernement et qu’ils représentent le gouvernement de la République, ils agissent au compte de ce gouvernement.  Sur ce plan, je m’inscris en faux!!

Au port, c’est l’USTG que je dirige qui a mis en place la section syndicale. Donc, il était question de mettre en place la délégation syndicale qui obéir à certaines règles: il faut d’abord la signature d’un protocole, une signature pré-électorale puis les élections.

La signature pré-électorale est faite par toutes les centrales qui sont parties prenantes. Donc, pour nous écarter avec la complicité des mains noires, ils ont organisé la signature du protocole pré-électoral sans pour autant nous  informer. Donc, ça a été fait en coulisse, dans l’obscurité totale. Après, ils ont programmé l’élection des délégués syndicaux.

Les délégations syndicales, ce sont des sections syndicales issues de divers syndicats pour former le collège au niveau de l’entreprise, qui organise les élections. Pour cela, on a été informé par nos militants et nous sommes venus pour participer à cette compétition. Il y avait des gens du camp Abdoulaye Camara, qui disaient qu’ils sont là que parce que les travailleurs leur ont fait appel. Mais, si les travailleurs vous ont fait appel, ils ne considèrent que vous, mais accepter la compétition… Donc, ils nous ont dit qu’on ne rentre pas. Cela constitue à nos yeux, une entrave grave à la liberté syndicale qui est consacrée par les lois de la République et notre constitution. C’est très grave pour notre pays. On nous a empêchés de participer à une compétition électorale, donc la démocratie a été verrouillée, parce que tout simplement les gens se disent « syndicat du gouvernement ».

Vous conviendrez avec moi que « le syndicat du gouvernement » vaut ce que ça vaut. Nous avons gardé la sérénité, nous avons replié, nous avons informé les centrales syndicales et les institutions syndicales internationales, notamment le BIT, de cette entrave grave à la liberté d’association, à la liberté syndicale, à l’exercice libre de la liberté.

Cela nous a fortement choqués. Je crois que ça a aussi choqué plus d’un, parce que sur les lieux, il y avait non seulement les forces de sécurité, mais aussi des militaires pour empêcher une centrale de participer aux élections, c’est extrêmement grave. Je vous le dis encore une fois.

Interview réalisée par Léon KOLIE pour JMI

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