Plusieurs mois après la crise des déchets qui avait complètement défiguré le visage de la capitale guinéenne, un autre phénomène lié à l’insalubrité est en train de prendre de l’ampleur. Malgré les efforts qui avaient,un temps,été consentis à Conakry pour se débarrasser des tas d’immondices qui jonchent les rues et le long des artères de la capitale, des personnes mal intentionnées ou par méconnaissance du danger,se livrent systématiquement à l’incinération des déchets.
La situation est tellement alarmante que les principaux axes routiers sont envahis par des fumées qui sont inhalées par les riverains tous les jours, avec des risques incalculables pour la santé des Conakrykae. Mais le comble dans tout ça, c’est que cela ne semble pas indigner grand monde. Chacun fait comme si de rien n’tait, et la situation passe avec banalité comme une lettre à la poste, alors que sous d’autres cieux cela aurait créé une indignation générale.
Cependant, il est important de préciser que la pollution liée à l’accumulation de déchets est une chose, l’incinération des déchets en est une autre. Plus de la moitié des déchets déversés dans les décharges publiques ou aux abords des voies publiques à Conakry sont plastiques, élaborés à base de produits chimiques malheureusement hautement toxiques,et pouvant être responsables de pathologies respiratoires très dangereuses et occasionner avec le temps des maladies incurables.
Selon la communauté scientifique médicale, la fumée produite par l’incinération des sachets plastiques contient des dioxines qui s’attaquent aux poumons ou aux hormones. Ce qui peut provoquer des cancers et des malformations chez les nouveaux-nés. Les matières plastiques constituent également un danger pour les animaux domestiques, notamment les chèvres, les moutons et les bœufs, pour qui elles peuvent être mortelles.
Les dioxines et substances apparentées causent des cancers du foie, du tube digestif et du sang. Elles sont également considérées comme responsables d’affections dermatologiques (acné chlorée), cardio-vasculaires, hépatiques et endocriniennes, ainsi que de troubles du développement des organes sexuels et de la reproduction.
Cette dernière propriété pourrait constituer leur principale toxicité puisqu’elles seraient capables de dérégler la fonction des hormones sexuelles et ceci à des doses qui correspondent à l’actuelle exposition de la population.
L’exposition du fœtus aux dioxines accumulées par sa mère interfère avec le délicat équilibre hormonal qui détermine la différenciation sexuelle au cours du processus de développement de l’embryon humain et engendre des troubles de la fertilité et une diminution des taux de reproduction sexuelle à l’âge adulte.
Au-delà des autres conséquences liées à la mauvaise gestion des déchets notamment sur l’environnement, l’incinération des déchets plastiques représente un risque sanitaire majeur pour l’homme qu’il faut absolument stopper.
Cela est d’autant plus préoccupant qu’à date,s’il fallait faire la liste des principaux vecteurs de pollution de l’air, les concitoyens tomberaient des nues. Car l’air que nous respirons à Conakry est dangereusement pollué d’un côté par les rejets des moteurs (véhicules, groupes électrogènes,) avec des carburants (impropres à la consommation selon les révélations récentes des médias) et avec un niveau de toxine qui ont par le passé provoqué un scandale.
Si avec tous ces facteurs,certains se mettent encore à incinérer des déchets plastiques à ciel ouvert à tout bout de champ, et de façon systématique,au vu et au su de tout le monde, les éventuelles conséquences désastreuses pour la santé des Guinéens devraient interpeller les autorités sanitaires du pays et celles communales en particulier à agir pour stopper ces actes incultes et criminels.
Mamadou Aliou DIALLO pour JMI