La Haute autorité de la communication a suspendu, au moins jusqu’en février 2019, l’accréditation du correspondant guinéen de RFI et de l’AFP, à la suite d’un article présentant les militaires guinéens comme responsables de la mort de deux hommes. Reporters sans frontières (RSF) demande à la HAC de permettre à ce journaliste de continuer à exercer son métier…
Saisie sur plainte du ministère de la Défense, la Haute autorité de la communication (HAC) de Guinée, après analyse, a décidé de suspendre Mouctar Bah, correspondant de Radio France internationale (RFI), de l’Agence France-Presse (AFP) et également de Reporters sans frontières (RSF) pour manque de “recoupement de l’information”, manque de “preuves” et “manque d’équilibre” dans son reportage diffusé sur RFI et par l’AFP le 8 novembre. Témoignages à l’appui, dont la mère de l’une des victimes citée dans l’article, le journaliste y rapporte la mort par balles de deux personnes, victimes selon ces témoins de tirs de militaires, identifiés par leurs bérets rouges, lors de la soirée du 7 novembre à Conakry.
RSF a reçu une copie des appels passés et messages envoyés dès le lendemain par le journaliste qui a sollicité à plusieurs occasions des représentants des forces de sécurité dont le porte-parole de l’État-major des armées, celui du ministère de la Défense ainsi que le porte-parole du parti au pouvoir sans obtenir de réaction officielle. Cependant, la HAC affirme qu’au cours de l’entretien que ses membres ont eu avec le journaliste Bah, ce dernier a reconnu, après cherché à contacter les différents service « après coup », c’est-à-dire, après diffusion de l’élément. De même, Alaji Cellou, le Directeur de l’Information et des relations publiques de l’armée, met en cause, arguments à l’appui, la version de M. Mouctar Bah.
Conséquence: aucune nouvelle demande d’accréditation ne sera étudiée “avant fin février 2019” précise le communiqué de la HAC. Martine Condé, sa présidente, jointe par RSF, a déclaré que le journaliste avait “reconnu qu’il n’avait pas de preuves” lors de son audition devant l’organe de régulation lundi 12 novembre. Une version contestée par le reporter et contredite par les sources citées dans son article.
“Ce journaliste n’a fait que son travail en rassemblant des témoignages pour établir les faits lors de cette soirée meurtrière du 7 novembre, estime Arnaud Froger. Il a tenté d’obtenir la version des autorités militaires à de multiples reprises pendant toute la journée qui a suivi sans recevoir de réponse. Nous appelons donc la HAC à réexaminer la situation de ce journaliste chevronné, connu pour son professionnalisme, afin de lui permettre d’exercer son travail librement”.
Dans un communiqué, la direction de RFI a dit “déplorer” l’annulation de l’accréditation de son correspondant. Le média s’est également “étonné” de la mise en demeure de la station adressée par la HAC dans cette affaire pour lui demander d’accorder un droit de réponse au ministère de la Défense, rappelant que cette réaction avait été sollicitée par son correspondant par des “appels et messages répétés” et que le directeur régional de la police de Conakry, également porte-parole du ministère de la Sécurité et de la Protection civile, s’était exprimé sur ce sujet diffusé à l’antenne le lundi 12 novembre.
La Guinée occupe la 104e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.
Momo SOUMAH pour JMI
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