La crise qui sévit depuis un certain temps à la Cour constitutionnelle s’expliquerait par une tentative de destitution de son président Kéléfa sall par sept de ses conseillers. Sachant que c’est la plus haute cour de justice du pays qui conserve le pouvoir de valider toute élection en République de Guinée, l’inquiétude est grande dans le landernau politique…
Concernant cette affaire, depuis la capitale française, l’ex président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté déclare que: « Nous n’assisterons pas à la destruction de ce que nous avons tant attendu et chéri. Nous nous retrouverons à faire face à ce que manque de moral, de loyauté et de probité, s’il le faut !».
Nous vous livrons l’intégralité du message de l’ex-président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté concernant cette crise qui perdure au sein de la Cour Constitutionnelle ;
J’ai appris la politique par force. J’ai appris la politique parce que mon pays n’avait pas le luxe du choix. Et finalement, j’ai appris la politique pour lui donner ce choix.
Je suis un général, j’ai été formé pour défendre mon pays d’une manière qui ne laisse souvent aucune place à la subtilité.
C’est la politique qui m’a enseigné l’art de la subtilité et de la diplomatie.
Loin de ce que j’ai pu apprendre et mettre en pratique en défendant d’autres libertés par la force.
J’aime mon pays et j’aime ce qu’il devient.
J’aime cette jeune démocratie que j’ai vue naître, que j’ai fait naître et vous-même me connaissez. Vous savez que je ne suis pas un homme qui cherche le devant d’une tribune à me gargariser de mots inutiles. J’ai été appelé par l’Histoire une fois, j’ai été l’homme d’une réconciliation difficile, mais prometteuse. Et qui a finalement tenu ses promesses. Je suis fier de voir ce que j’ai, ce que nous avons créé ensemble, croître et perdurer.
Parce que la morale et la vertu sont la base de toutes les lois, elles ne laissent pas la place à la duplicité et à l’hypocrisie.
Je ne veux pas voir détruire ce que j’ai créé avec vous.
J’ai appris la force de la violence parce que je suis un militaire.
Et aujourd’hui, je viens vers vous parce que je ressens cette violence depuis quelques jours. Je ne vois plus la subtilité de la politique, des mots et de la diplomatie. Je perçois cette violence dans des manœuvres qui me poussent à me rapprocher de nouveau du peuple guinéen.
Nous avons œuvré pour que règnent la morale, la vertu et l’égalité, nous avons œuvré pour qu’enfin nous soyons maîtres de notre destin, qu’enfin nous puissions nous unir derrière une démocratie et une politique et des hommes qu’elle verrait et ferait éclore.
L’inégalité, la peur, la démagogie et la violence ont poussé les armes et les hommes à se lever pour apporter cette démocratie.
Souvent les armées prennent par force ce qu’elles n’ont aucune légitimité à obtenir. Mais nous, frères et sœurs, notre Guinée a vu son Armée être libératrice et créatrice d’espoir. Et je vous confirme aujourd’hui que cette Armée est garante de cet équilibre et de cet espoir.
Nous n’assisterons pas à la destruction de ce que nous avons tant attendu et chéri. Nous retournerons faire face à ce manque de moral, de loyauté et de probité s’il le faut.
Parce que nous sommes las d’avoir des hommes qui pensent rester dans l’histoire par le viol de notre confiance et l’irrespect de son peuple ; parce que nous sommes las de ces hommes qui prônent la liberté et adulent les grands hommes qu’ils ne seront jamais croyants sur leur exemple, ils bafouent leur mémoire en flattant nos anciens travers et nos vieux démons.
La vertu des grands hommes est un habit solennel, tissu de hautes vertus morales, d’abnégation et de courage.
Aujourd’hui, l’habit que je vois se tisser est un vêtement de honte et de mensonge. Nous ne laisserons pas notre Guinée revêtir ces haillons de nouveau.
Plus jamais, aucun homme ne se dressera désormais face à ces valeurs qui nous unissent, face à ces qualités qui ont fait de nous et qui font de nous ce que nous sommes. Un grand peuple uni qui ne veut plus sombrer dans l’obscurité et le marasme pour ne satisfaire qu’une frange vautrée d’hommes d’un passé révolu.
Notre combat est incessant et nous n’aspirons pas au repos. Je demande au peuple de rester vigilant, car toutes les jeunes démocraties ont été la cible d’entraves, de doutes et de convoitises. Sachez sœurs et frères que nous sommes vigilants aussi et que nous sommes le peuple de Guinée. Que votre Armée n’est que le reflet de ce que nous défendons, de nous-mêmes.
Enfin, que notre gouvernement, notre président prennent leur responsabilité et travaillent face à cette crise que nous voyons poindre et qui obscurcit notre horizon et masque notre soleil. Nous veillons.
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