Si la fin du réseau téléphonique commuté est bien programmée, ce changement devrait être transparent pour les clients. Ils pourront continuer à téléphoner comme avant mais, en utilisant désormais la voix sur IP.
C’est la panique. Depuis ce week-end, certaines personnes âgées tremblent à l’idée de voir disparaître leur bon vieux téléphone fixe dont la fin a été annoncée ce week-end par le journal Le Parisien. Pourtant, les combinés ne sont absolument pas menacés. Les Français pourront continuer à utiliser leur téléphone fixe dans les années à venir sans être obligés de s’acheter un ordinateur ou de « se mettre à Internet ». Ce qui va changer, c’est la façon dont seront acheminées leurs communications.
Un changement de technologie
Aujourd’hui en France, 9,4 millions de Français possèdent encore, d’après Orange, une ligne téléphonique sans accès à Internet. Ces clients utilisent le réseau téléphonique commuté (RTC), une technologie mise au point à la fin du XIXè siècle et qui s’est généralisée tardivement dans les foyers dans les années soixante-dix. L’adjectif « commuté » fait référence au commutateur central établissant le lien et réservant un canal de communication entre deux téléphones. Ce réseau historique est entretenu par Orange mais utilisé par tous les opérateurs. La nouveauté, c’est la date officielle de l’arrêt de la commercialisation de nouvelles lignes RTC : Orange la fixe au 15 novembre 2018. Mais l’idée est bien de procéder à l’extinction totale du réseau RTC à partir de fin 2023 et de faire basculer progressivement les clients du RTC à la voix sur IP. Désignée aussi par VoIP, cette technologie utilise un protocole TCP/IP créé pour Internet et est déjà utilisée pour téléphoner par une majorité de Français bénéficiant d’une box Internet.
Précisons en tous cas qu’il n’est pas question de faire disparaître le réseau cuivre encore indispensable au fonctionnement de l’ADSL.
Une box avec seulement de la voix sur IP
L’Arcep avait déjà annoncé en 2016 qu’elle ne s’opposerait pas à la décision d’Orange, à partir du moment où les clients seraient prévenus cinq ans à l’avance du changement de technologie. L’opérateur historique a déjà procédé à des tests dans le sud de la Bretagne et compte proposer en remplacement une box voix sur IP qui existe déjà. Il suffira de raccorder son téléphone fixe à ce petit boîtier pour téléphoner comme avant. La fameuse prise T ne disparaît pas et doit elle aussi être branchée à la box.
Les autres opérateurs proposeront probablement le même type de dispositif. Les tarifs des communications resteront les mêmes. Rappelons qu’Orange propose un forfait ligne fixe seule à partir de 17,96 euros par mois à quoi il faut ajouter le prix des communications. Il reste encore à savoir si le coût de la box sera imputé aux abonnés.
Signalons enfin qu’Orange reste l’opérateur chargé du service universel. L’accès à un service téléphonique abordable pour tous et aux mêmes conditions n’est donc pas menacé. L’AFUTT (Association française des utilisateurs de télécommunications) a cependant déjà exprimé des craintes sur le sujet. « La plus grosse inquiétude concerne les ventes forcées et abus de faiblesse auprès de personnes isolées fragiles ou âgées qui constituent un contingent important des abonnés au téléphone fixe actuellement », a mis en garde l’association dans un communiqué de presse.