Il ne s’agit pas d’un choix entre la sécurité et la dignité – déclare le président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à propos de la souffrance des migrants au Niger.
Les politiques qui privilégient le contrôle au détriment de la sécurité et de la dignité des migrants peuvent se révéler cruelles et contre-productives, et contribuent à accroître les souffrances des personnes qui se dirigent vers la côte nord-africaine.
C’est ce qu’estime M. Francesco Rocca, Président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), suite à la première partie de sa visite de quatre jours au Niger.
« Il ne s’agit pas d’un choix entre la sécurité et la dignité », a déclaré M. Rocca, à la fin de sa visite à Agadez. « Nous devons absolument rejeter l’idée selon laquelle la décision des gouvernements de réduire ou de limiter la migration peut justifier la souffrance des migrants ».
M. Rocca s’est rendu à Agadez dans le nord du Niger avec M. Ali Bandiare, le Président de la Croix-Rouge du Niger. Agadez est une ville au bord du désert du Sahara. Cette région est située sur une route principale utilisée par les personnes voyageant de l’Afrique de l’Ouest à la Libye et au-delà. M. Rocca a rencontré des migrants qui ont parlé du fait qu’ils étaient bloqués au Niger, incapables ni de se diriger vers le nord—en raison du renforcement des mesures de sécurité—ni de rentrer chez eux.
« Il y a des politiques migratoires qui ont échoué depuis des décennies », a déclaré M. Rocca. « Les gens veulent toujours se déplacer. Ce qui change, c’est qu’ils sont obligés de prendre des risques encore plus grands, de prendre des routes encore plus dangereuses ».
« Les gens d’Agadez m’ont dit que le Sahara est tout aussi mortel que la Méditerranée. La différence est que nous ne savons pas combien de personnes sont mortes là-bas, ou quelle inhumanité ils ont affrontés », a-t-il dit.
M. Rocca a choisi le Niger comme destination pour sa première visite en Afrique en tant que président de la FICR, en raison du rôle prépondérant du pays en tant que point de transit pour de nombreux migrants. En 2017, environ 350 000 personnes ont traversé le Niger. Cependant, à la fin de 2015, une nouvelle loi visant à contrôler la circulation des personnes a vu le nombre de migrants détectés chuter de 80%. Les personnes effectuant le voyage ont été forcées de trouver des itinéraires alternatifs.
Il a appelé à une réponse humanitaire plus efficace au Niger, fondée sur une augmentation d’investissement dans les capacités locales.
« Nous devons repenser l’intervention humanitaire, en partant de l’autonomisation des acteurs locaux, qui sont les mieux placés pour répondre convenablement aux défis humanitaires. La “localisation’’ de l’aide est absolument essentiel : c’est pourquoi la FICR souhaite renforcer son soutien à la Croix-Rouge du Niger », a déclaré M. Rocca.
« Nous appelons tous nos partenaires et parties prenantes à soutenir nos efforts. Soutenir nos Sociétés nationales signifie soutenir une aide neutre, indépendante et impartiale à tous ceux qui en ont besoin, y compris les personnes en déplacement et les communautés locales. Les personnes vulnérables au Niger ne doivent pas être abandonnées et ont besoin de notre engagement pour garantir la dignité humaine et assurer la protection et les services essentiels. »
Rocca a également souligné l’importance de fournir des informations précises et fiables aux personnes en déplacement, y compris des informations sur les risques, les services, les ressources, les droits et les responsabilités.
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